Libéralisation précaire : le leader du parti républicain du peuple, Bulent Ecevit, est condamné, le 3 novembre, à quatre mois de prison, pour avoir critiqué l'abolition des partis politiques par la junte, peine qui est néanmoins annulée par la cour d'appel militaire. Bulent Ecevit sera à nouveau incarcéré d'avril à juin 1982.

En février 1982, ce sont les intellectuels qui deviennent la cible : la cour martiale d'Istanbul ordonne l'arrestation de 44 d'entre eux, parmi lesquels le bâtonnier Me Ohran Apaydin.

Cette répression provoque une vague de protestations en Europe. D'autant plus que de très nombreux cas de torture sont dénoncés : 342 plaintes pour sévices sont déposées en un an ; 40 d'entre elles sont considérées comme sérieuses par les autorités militaires elles-mêmes.

Le rapport de la Fédération internationale des droits de l'homme, dont trois membres se rendent en mission en Turquie, affirme : « Tous les témoignages dignes de foi que nous avons pu recueillir confirment l'usage systématique de la torture par la police pendant la période de garde à vue. »

Un mouvement de réprobation se dessine. Le 22 janvier 1982, l'Assemblée européenne de Strasbourg suspend ses relations avec la Turquie. Le 26 janvier, le Conseil de l'Europe, par 68 voix contre 42, condamne à son tour les violations des droits de l'homme en Turquie et demande aux États membres de faire pression sur la junte pour obtenir le rétablissement des libertés.

Toutefois, le Conseil se refuse à voter l'exclusion de la Turquie des généraux, mesure qu'il avait prise à l'encontre de la Grèce des colonels.

Compréhension

La junte rencontre plus de compréhension auprès des États-Unis, qui lui reconnaissent le double mérite d'avoir éliminé le terrorisme et d'avoir poursuivi l'œuvre de redressement économique. La visite à Ankara de Caspar Weinberger, secrétaire à la Défense américaine, puis celle du secrétaire d'État Alexander Haig permettent de resserrer encore les liens entre Washington et son allié turc. L'aide américaine passe de 400 millions de dollars en 1981 à 700 millions en 1982.

La communauté financière internationale manifeste également sa confiance au régime militaire. Le FMI adresse un satisfecit à la junte pour sa gestion. À l'automne 1981, les créanciers internationaux de la Turquie, soit 260 grandes banques acceptent de rééchelonner de sept à dix ans la dette turque, dont le montant s'élève encore à plus de 3 milliards de dollars.

Reprise

Malgré l'ombre terrible de la répression, la junte turque peut effectivement se prévaloir de résultats positifs. Elle s'était fixé comme premier objectif la remise en ordre d'un pays déchiré par le terrorisme et menacé de déstabilisation. Elle y est parvenue : le nombre des attentats, qui était de 44 par jour en août 1979 à la veille de son intervention, est de 5 pour toute l'année 1981 ; celui des victimes de la violence passe de 2 865 en 1979 à 20 deux ans plus tard.

Le retour au calme s'accompagne d'une nette reprise économique (le taux de croissance est de 3,6 %), d'une réduction de l'inflation qui passe de 107 % à 40 %, d'un accroissement considérable des exportations, en particulier vers les pays arabes, exportations qui atteignent pour l'année 1981 4 milliards de dollars.

Mais, bien que la junte ait promulgué la réforme fiscale longtemps attendue qui assure une répartition plus juste de l'impôt, la politique d'austérité qui reste de rigueur exige de lourds sacrifices de la part des salariés. Petite compensation : l'amélioration de la balance commerciale permet de reprendre les importations de certains produits, dits « de seconde importance » : ainsi, le fameux café turc peut faire sa réapparition dans les foyers, après trois années d'absence.

Terrorisme arménien

On enregistre en Europe, depuis début 1982, une nette diminution des attentats arméniens (Journal de l'année 1980-81). L'ASALA (Armée secrète arménienne pour la libération de l'Arménie) annonce, fin janvier, une trêve en Suisse, puis en France, où un de ses militants, Max Kilndjian, inculpé dans un attentat contre l'ambassade de Turquie en Suisse, a été libéré. Un autre membre de l'ASALA, détenteur d'un faux passeport au nom de Dimitri Giorgiu, avait été relâché et expulsé de France en décembre 1981. En Amérique du Nord, en revanche, l'activisme arménien incarné par les Justiciers du génocide arménien, qui ne sont pas marxistes, à la différence de l'ASALA, redouble d'intensité. Un diplomate turc est grièvement blessé à Ottawa, le 8 avril 1982. Les consuls généraux de Turquie à Los Angeles et Boston sont assassinés, le 28 janvier et le 4 mai.

Viêt-nam

Hanoi. 52 300 000. 159. 2,4 %.
Économie. Énerg. (80) : 148.
Transports. (77) : 4 043 M pass./km, 980 Mt/km. (*74) : 70 000 + 100 000.
Information. (77) : 5 quotidiens ; tirage global : 250 000. (77) : 100 000 fauteuils ; fréquentation : 288,2 M.
Santé. (77) : 8 956.
Éducation. (76). Prim. : 7 722 524. Sec. et techn. : 3 200 912. Sup. : 100 027.
Armée.  : 1 029 000.
Institutions. « République socialiste du Viêt-nam », nom officiel du nouvel État né de la réunification du Viêt-nam du Sud et de la République démocratique du Viêt-nam du Nord (2 juillet 1976). Nouvelle Constitution, adoptée par l'Assemblée nationale le 18 décembre 1980. Président de la République par intérim : Nguyen Huu Tho ; succède à Ton Duc Than, décédé le 30 mars 1980. Premier ministre : Pham Van Dong.

Relatif isolement régional et persistance d'un particularisme dans le Sud

Sept ans après la prise de Saigon, la guerre n'est pas terminée pour le Viêt-nam. Insécurité aux frontières nord, où se poursuivent les escarmouches avec la Chine, combats de pacification au Cambodge contre les Khmers rouges, économie de subsistance, économie de guerre pour ce pays isolé, figé dans une situation de perpétuelle tension.