Comme l'a reconnu Truong Chinh, président du Conseil d'État, élu en juillet 1981, comme l'a admis Pham Van Dong, Premier ministre reconduit dans ses fonctions à l'issue des élections du printemps 1981, comme l'a souligné To Huu, premier vice-président du Conseil — l'homme qui monte —, le pays connaît de très nombreuses difficultés. La réunification (1976) ne s'est pas traduite par l'union totale des deux zones.

Entre le Sud et le Nord, les échanges sont longs et difficiles. Des provinces septentrionales manquent parfois de riz ; mais le paddy pourrit dans certaines régions méridionales, faute de moyens de transport.

Hanoi, Hô Chi Minh-Ville ; deux cités repliées sur elles-mêmes et sur leur passé. La première subsiste dans la rigueur et l'austérité avec ses petits commerces, ses vélos, comme il y a dix ans. La seconde semble regretter le temps de la guerre américaine : sur les marchés, magnétophones, chewing-gum, chaînes hi-fi ; dans les rues, des motos japonaises ; dans les guinguettes, qui demeurent encore ouvertes, de vieux airs de rock pour les nostalgiques.

Regrets et contestation latente, lutte diffuse entre deux modes de vie, deux conceptions du monde. Si la prostitution et la drogue ont disparu dans l'ancienne Saigon, le chômage s'accroît avec le retour des populations déçues qui ont abandonné les zones rurales où on avait tenté de les fixer.

Si le collectivisme est de rigueur — dans le Nord tout au moins —, un secteur privé parallèle, en développement croissant, vient combler les lacunes du marché officiel, qui ne parvient à satisfaire que 30 % des besoins.

Chacun s'adapte, tente de survivre dans l'attente d'un changement qui tarde à venir, dans l'attente de réformes périodiquement remises en question. C'est la pause dans la marche vers le socialisme.

Giap écarté

Le 5e congrès du PC, qui se tient du 27 au 31 mars 1982, crée la surprise en éliminant notamment du bureau politique le célèbre général Giap, le vainqueur de Diên Biên Phu. En revanche, Le Duan, reconduit dans ses fonctions de secrétaire général du PC, apparaît toujours comme l'homme fort.

Le 5e congrès privilégie en outre le secteur agricole et la production des biens de consommation. L'industrie lourde est mise en sommeil. Les prix, longtemps stables, connaissent une escalade sans précédent. Cette réorientation s'accompagne d'un remaniement gouvernemental. Treize postes ministériels changent de titulaires. Vo Van Kiet, l'un des rares sudistes du gouvernement, est nommé vice-Premier ministre et président de la commission d'État au Plan, en remplacement de Nguyen Lam, ex-patron de l'économie.

Pour se procurer des devises, le gouvernement a recours à une série d'expédients. Il encourage l'aide des Vietnamiens installés à l'étranger aux familles demeurées au pays. Chaque mois, 250 t de colis arrivent de France, des États-Unis, d'Australie, du Canada. Et le Viêt-nam exporte désormais sa main-d'œuvre dans les pays de l'Est. Cinquante mille travailleurs s'y trouvent actuellement.

Sur la scène internationale, légère détente avec l'Occident. Mais Pékin fait dépendre la reprise des négociations sur les frontières de l'évacuation du Cambodge. Quant aux nations de l'ASEAN (Indonésie, Malaysia, Philippines, Singapour, Thaïlande), elles demeurent réservées face aux tentatives de séduction de Hanoi.

France-Indochine

L'installation à Paris d'un gouvernement de gauche a été saluée avec espoir par les pays indochinois. La reprise de la coopération culturelle, économique, scientifique et technique et la signature avec le Viêt-nam, en décembre 1981, d'un accord d'aide de 200 millions de F, le rétablissement des relations diplomatiques avec le Laos, ont créé entre la France et les États indochinois un climat nouveau. Les visites à Hanoi de Régis Debray, conseiller de l'Élysée, et Jean-Pierre Chevènement, ministre de la Recherche et de la Technologie, le séjour à Paris de Nguyen Co Thach, ministre vietnamien des Affaires étrangères, autorisent même le gouvernement de Hanoi à qualifier d'« exemplaire » ce resserrement des liens qui ne dissimule pas cependant les divergences. La France n'a pas hésité ainsi à réaffirmer son opposition à la présence militaire vietnamienne au Cambodge, rassurant quelque peu les pays de l'ASEAN.

Yémen du Nord

Sanaa. 5 930 000. 30. 2,3 %.
Économie. PIB (75) : 176. Productions (73) : A 61 + I 7 + S 32. Énerg. (80) : 76.
Information. (76) : *90 000.
Santé. (77) : 399.
Éducation. (75). Prim. : 255 301. Sec. et techn. : 24 240. Sup. : 2 408.
Armée.  : 32 100.
Institutions. République arabe du Yémen. République proclamée le 26 septembre 1962. Constitution du 28 décembre 1970. Chef de l'État : lieutenant-colonel Ali Abdallah Saleh, élu le 17 juillet 1978 ; succède au colonel Ahmed Hussein al-Ghachemi, assassiné, le 24 juin 1978. Premier ministre : Abdel Karim al-Iryani (15 octobre 1980).

La lutte contre les maquisards a redoublé d'intensité

Engagé dans un interminable processus d'unification avec le Yémen du Sud depuis les accords de Koweït qui, en mars 1979, mirent fin à la petite guerre de frontières, le régime de Sanaa semble glisser inexorablement vers une nouvelle confrontation armée avec son voisin méridional. Les accords de Koweït ont contribué à normaliser officiellement les relations entre les deux républiques sœurs, mais le fossé n'a cessé de se creuser entre le gouvernement de Sanaa et l'opposition nord-yéménite de gauche, regroupée au sein du Front national démocratique (Journal de l'année 1980-81).