Mais Sadate fait face. Il a affirmé que l'Organisation arabe pour l'industrialisation (OAI) qui devait implanter une importante industrie militaire en Égypte, et dont les États du Golfe bailleurs de fonds ont annoncé la suppression, continuerait d'exister.

Un accord-cadre avait été conclu, en mars 1978, entre la France et l'OAl pour la construction d'avions, de missiles, de moteurs et divers autres équipements fournis par la SNECMA, le groupe Dassault-Breguet, Thomson CSF et Matra. Sadate annonce, le 6 juin 1979, que l'Égypte prendra en charge ces contrats, et il a ajouté qu'il allait recevoir de la Chine des armes de conception soviétique.

Élections

Le lendemain se sont déroulées des élections législatives présentées comme l'aube d'une ère démocratique nouvelle, fruit de la paix. Le 19 avril, les électeurs égyptiens avaient dit « oui » à 99,9 % à un référendum portant sur « la levée des restrictions à la création de nouveaux partis, la proclamation des droits de l'homme égyptien, la création d'un conseil consultatif considéré comme le conseil de famille de tous les Égyptiens, la consécration légale de la presse en tant que quatrième pouvoir ». Et, dans la nouvelle Assemblée du peuple, le parti national démocrate, fondé par Sadate, a obtenu plus de 86 % des sièges, avec 330 députés sur les 371 élus.

La régularité du scrutin a cependant été contestée, en particulier par Ibrahim Choukri, chef du parti du travail socialiste créé en décembre 1978 pour représenter l'opposition « honnête et légale » et qui a obtenu 34 sièges.

L'opposition dure, qui réunit d'anciens communistes, socialistes et nassériens sous l'étiquette du Rassemblement unioniste progressiste, n'a réussi à faire élire aucun de ses 31 candidats. Son chef, Khaled Mohieddine, a perdu le siège d'où, avant le scrutin, il pouvait continuer à interpeller le pouvoir. Cet ancien officier libre a dénoncé l'existence de « sujets tabous » bannis de la campagne électorale, comme le traité israélo-égyptien. Il a ajouté que la presse n'avait permis l'expression que des opinions officielles et il a dénoncé également la présence de « commandos armés de bâtons » dans certains bureaux de vote.

Remaniement

À l'issue de ces élections, un nouveau cabinet a été formé, sous la présidence du technocrate Mustapha Khalil, Premier ministre sortant, qui détient en outre le portefeuille des Affaires étrangères. Ce ministère était dirigé auparavant par Ibrahim Kamel, qui avait démissionné pour manifester sa réprobation au sujet des accords de Camp David de septembre 1978.

Quelques jours après le départ du ministre des Affaires étrangères, Sadate avait procédé à un remaniement militaire : le général Abdel Ghani Gamassi, ministre de la Défense, avait été nommé au poste de « conseiller à la présidence » et remplacé par le général Kamel Hassan Ali. Et le général Ali Fahmi, chef de l'état-major, avait été remplacé par le général Bedaoui, commandant de la IIIe armée (Suez et Sud-Sinaï).

Mais Sadate a conservé auprès de lui le petit groupe d'hommes qui assurent la continuité de son initiative, comme le ministre d'État aux Affaires étrangères, le copte Pierre Boutros Ghali.

Proche-Orient

Un laborieux compromis entre Begin et Sadate aboutit à la paix

L'engagement dans la paix d'Israël et de l'Égypte marque, pour l'État hébreu, sa première ouverture vers l'un de ses voisins depuis sa création en 1948. Trente ans, qui ont vu quatre guerres. Pour l'Égypte, c'est aussi l'occasion de souffler en transférant ses ressources au budget du développement. C'est également un risque d'isolement de son hinterland arabe. Il reste aux trois partenaires des accords de Camp David — Begin, Sadate et Carter — à prouver qu'il ne s'agit pas d'une petite paix, mais, comme ils l'ont affirmé, d'un espoir pour tout le Proche-Orient. Le gouvernement américain, qui n'avait jamais été autant impliqué au Proche-Orient, s'efforce maintenant de prouver à ceux qui boudent, la Syrie, l'Arabie Saoudite et les Palestiniens, qu'eux aussi peuvent en tirer des bénéfices. Mais il faut également convaincre l'URSS.