Troupes nigérianes et françaises se retrouvent pratiquement côte à côte dès février pour empêcher les différents protagonistes de la crise tchadienne de s'affronter de nouveau les armes à la main.

Ouganda

Kampala.

12 350 000. 52. *2,9 %.
Économie. PIB (74) : 178. Production (71) : A 53 + I 12 + S 35. Énerg. (76) : 48. CE (74) : 16 %.
Transports. (74) : 27 000 + 8 900.
Information. (74) : 4 quotidiens ; tirage global : 58 000. (75) : *250 000. (75) : *70 000. (76) : 9 100 fauteuils ; fréquentation : 1,3 M. (76) : 46 000.
Santé. (75) : 426.
Éducation. (75). Prim. : 973 604. Sec. et techn. : 55 296. Sup. : 5 474.
Armée.  : 21 000.
Institutions. Indépendant le 9 octobre 1962. État fédéral. République du 8 septembre 1967. Constitution de 1967. Gouvernement provisoire, dirigé par Godfrey Binaisa, successeur de Yusuf Lule évincé le 20 juin 1979 ; gouvernement mis en place après la victoire du Front national de libération de l'Ouganda, qui renverse, le 11 avril 1979, le maréchal Idi Amin Dada au pouvoir depuis le coup d'État du 15 janvier 1971.

Fin de la dictature sanglante d'Idi Amin Dada

Avec la prestation de serment de Yusuf Lule, ancien chancelier de l'université de Makerere, comme chef du gouvernement ougandais, le 13 avril 1979, prend fin le cauchemar de tout un peuple. Au terme de plus de huit années d'exercice du pouvoir par le maréchal Idi Amin Dada, personnage à la fois sanguinaire et fantasque, tombeur de l'ancien président Milton Obote, fidèle adepte du socialisme africain, la joie explose à Kampala.

Pourtant, lorsqu'en février le dictateur ougandais annonce qu'une force d'invasion tanzanienne encadrant des opposants au régime de Kampala a franchi la frontière de son pays, tout le monde croit à un nouveau coup de bluff. Il a si souvent hurlé au loup que nul ne l'écoute au moment où il se trouve réellement attaqué. En mars encore, lorsque l'état-major ougandais fait savoir que l'artillerie tanzanienne pilonne Kampala, c'est un scepticisme à peu près général qui prévaut.

Paradoxe

Pour expliquer ce climat, il ne faut pas perdre de vue que, depuis qu'il s'est installé par la force à la tête de l'État ougandais, le 25 janvier 1971 (Journal de l'année 1970-71), l'ancien sous-officier des troupes coloniales britanniques n'a cessé de manier le paradoxe. C'est le même homme qui se posait en champion de la « libération » de l'Écosse et du pays de Galles, de l'Irlande, des musulmans des Philippines, décidait de s'inviter lui-même à Buckingham Palace, faisait l'éloge d'Adolf Hitler pour la façon dont il a mené à son terme la solution finale du problème juif, ordonnait froidement l'assassinat de Mme Bloch, otage de l'appareil d'Air France détourné sur Kampala en juillet 1976 (Journal de l'année 1976-77) ou celui de quatre journalistes étrangers en avril 1979.

Bien qu'il soit resté insaisissable pendant des semaines après l'installation du gouvernement Lule, le maréchal Amin peut être considéré comme politiquement éliminé depuis le 22 avril 1979, date de la chute du Jinja, ville à l'intérieur de laquelle il avait affirmé vouloir préparer la reconquête de la capitale. La prise de Lira, capitale régionale du Nord, le 16 mai, par les forces ougando-tanzaniennes a isolé l'ancien président du centre vital de son fief politique, réduisant à peu près à néant ses chances de revenir au pouvoir dans l'immédiat.

Le dénouement de l'affaire ougandaise a eu le mérite de bien indiquer qu'aucune dictature africaine, si répressive et si policière fût-elle, n'est immortelle. Ainsi, l'homme que les organismes humanitaires accusent d'avoir exterminé plus de 300 000 de ses compatriotes a touché terre, après avoir échappé à une longue série de tentatives d'assassinats, dont la onzième remonte à octobre 1978. Cette mise à l'écart devrait en principe être de nature à inquiéter d'autres personnages, parmi lesquels l'empereur Bokassa Ier de Centrafrique et le président Francisco Macias Nguema de Guinée équatoriale.

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Le mythe de la non-ingérence dans les affaires internes des pays de l'OUA a vécu, dans la mesure où c'est le concours armé apporté par les Tanzaniens aux opposants ougandais qui a assuré la victoire de ces derniers. Il est vrai que, le 31 octobre, le maréchal Amin avait envahi la Tanzanie et avait annexé — pour quelques semaines — la portion de territoire tanzanien située entre le fleuve Kagera et le lac Victoria, ouvrant ainsi lui-même la voie à des représailles. Cependant, même si tous les chefs d'État africains ont conscience de ce que les extravagances de l'Ubu noir ont porté gravement tort à l'ensemble de leurs pays, beaucoup d'entre eux déplorent le précédent créé par l'intervention armée tanzanienne, et certains condamnent sans appel le comportement du président Nyerere.