Mais la mesure la plus spectaculaire (annoncée en sourdine à Alger) est l'annonce de la libération de l'ancien président Ben Bella. Celui-ci, emprisonné par Houari Boumediene lors du coup d'État de juin 1965, est le plus vieux prisonnier politique du monde en prison sans jugement : il a passé 8 ans dans les prisons françaises, 14 ans dans les prisons de son propre pays. Certes, sa liberté est limitée : il ne peut se déplacer que dans un département.
La révision de la Constitution, adoptée le 30 juin par l'Assemblée populaire nationale, organise la succession du chef de l'État en cas de maladie, mais elle ne remet pas en cause les pouvoirs étendus du président.
Après un froid assez long, la reprise des relations avec Paris est amorcée en juillet 1978, lors d'une visite de Bouteflika à Paris. Le ministre du Commerce extérieur, Jean-François Deniau, se rend à Alger en octobre 1978 et on laisse espérer la fin du boycott des entreprises françaises ainsi qu'une normalisation des relations économiques, détériorées gravement après l'affaire des otages français détenus en 1977 en Algérie par le Polisario (Journal de l'année 1976-77). Le 14 novembre 1978, en survolant la France à son retour de Moscou, le président Boumediene envoie au président français un message dont le ton chaleureux surprend agréablement Paris. Relance qui sera stoppée par la longue maladie, puis la mort de Boumediene, mais que le président Chadli reprend le 5 février 1979, lorsqu'il envoie à Valéry Giscard d'Estaing un message affirmant qu'il souhaite entretenir avec la France des « relations amicales ». Jean François-Poncet, ministre des Affaires étrangères, arrive à Alger pour une visite officielle de 48 h, les 23 et 24 juin, au cours de laquelle il rencontre les principaux dirigeants du pays ; le rétablissement franco-algérien semble en bonne voie.
Pourtant, il dépend encore, largement, de la position que la France prendra dans le conflit saharien. En effet, au Sahara occidental, la position algérienne reste inchangée. Le coup d'État qui, en Mauritanie, renverse Ould Daddah laisse espérer, à Alger, un changement de cap des Mauritaniens. De fait, des discussions s'engagent entre Sahraouis et le nouveau régime de Nouakchott. Mais le Maroc, lui, ne désarme pas. Au contraire. Le roi du Maroc durcit son attitude, et le conflit algéro-marocain prend parfois, dans le Sud, de véritables aspects militaires par Sahraouis interposés, notamment à Tan Tan. Il devient évident que toutes les ouvertures et actions diplomatiques algériennes — avec la France, avec la Libye, avec la Yougoslavie — sont suspendues à l'issue du conflit sahraoui.
Angola
Luanda. 5 800 000. 5. *2,3 %.
Économie. PIB (70) : 294. Énerg. (76) : 166. CE (70) 24 %.
Transports. (74) : 418 M pass./km, 5 461 Mt/km. (73) : 127 300 + 35 700.
Information. (75) : 1 quotidien ; tirage global : 14 000. (75) : 116 000. (72) : 35 700 fauteuils ; fréquentation : 3,7 M. (76) : 31 000.
Santé. (73) : 383.
Éducation. (72). Prim. : 516 131. Sec. et techn. : 79 055. Sup. (71) : 2 660.
Armée. : 33 000.
Institutions. État indépendant le 11 novembre 1975 (ancienne colonie portugaise). République populaire. Constitution de 1975 modifiée en août 1977 (pouvoirs présidentiels accrus). Président de la République : Agostinho Neto. Le poste de Premier ministre est supprimé par décision du MPLA ; les pouvoirs exécutifs reviennent au président Neto.
Réconciliation avec le Zaïre
Difficultés internes sérieuses, réconciliation spectaculaire avec le Zaïre ; les premières expliquant sans doute partiellement la seconde, telles sont les deux dominantes de la vie politique.
Quarante personnes trouvent la mort à Huambo, deuxième ville d'Angola, à la suite de deux attentats à l'explosif perpétrés par des opposants. Le 6 décembre 1978, le gouvernement annonce que cinq « agents de l'UNITA », principal parti d'opposition, ont été passés par les armes à Lobito le 3 décembre. Au sein même du parti unique souffle un vent de contestation. Le 9 décembre, d'importants changements interviennent à la tête de l'État : Lopo do Nascimento est démis de ses fonctions de Premier ministre et de ministre du Commerce extérieur, tandis que Carlos Rocha Dilolwa, vice-Premier ministre, démissionne. Augustinho Neto, chef de l'État, concentre entre ses mains à peu près tous les pouvoirs, dénonce « les petits-bourgeois diviseurs et fractionnistes », remanie la direction du parti en y plaçant des hommes liges. Au cours du même mois, seize condamnations à mort sont prononcées par des tribunaux populaires contre des gens accusés d'avoir commis des attentats.