Selon les chiffres officiels, publiés il y a quelques années, 2 % seulement des Soviétiques pratiquent une religion. Un pourcentage contesté par les minorités religieuses et les milieux dissidents, qui chiffrent à 30 millions le nombre de Russes orthodoxes, 5 millions celui des catholiques pratiquants, 1 million celui des baptistes et 25 millions celui des musulmans.
Chine et Viêt-nam
Discrétion et prudence sont peut-être les mots qui qualifient le mieux la diplomatie soviétique de ces douze mois. Face à des États-Unis que préside un homme aux idées, aux décisions souvent imprévisibles et avec qui les relations marquent des hauts et des bas constants ; face à une Chine populaire qui sort bruyamment de son isolement en traitant avec Tokyo et Washington et ose entrer en conflit avec l'allié privilégié vietnamien ; face à un Proche-Orient à l'avenir plus incertain que jamais ; face à une Afrique dont les dirigeants montrent toujours plus leur volonté d'indépendance et leur refus de subir l'influence de quiconque ; face à certains pays de l'Est (Yougoslavie, Roumanie) pour qui la discipline vis-à-vis de Moscou est un carcan dont on s'est totalement débarrassé ; face à une Europe occidentale qui se crée, le Kremlin, en dépit de quelques déclarations de principe, joue la modération et adopte prudemment une politique de petits pas.
On le voit notamment à l'égard de Pékin. Quand, fin février, la Chine populaire lance ses divisions à l'assaut du Viêt-nam pour punir Hanoi (soutenue par Moscou) de son invasion au Cambodge et que les risques d'un conflit généralisé à toute l'Asie, sinon au monde, semblent s'accumuler, les dirigeants soviétiques conservent leur calme.
Ils limitent leur offensive à des mots, mais, au nom du traité d'amitié et de coopération soviéto-vietnamien signé le 3 novembre, ils profitent du conflit pour renforcer considérablement non seulement leur présence navale en mer de Chine, mais surtout leur dispositif d'observation électronique et les stockages d'armement lourd dans les bases portuaires et aériennes de Da-Nang et de Cam-Ranh.
Dans le même temps — et au risque d'envenimer très sérieusement ses relations avec le Japon —, l'URSS accroît son potentiel militaire sur les îles Kouriles, que Tokyo revendique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. En juin, le Japon fait très officiellement état de ses inquiétudes.
Le défi chinois constitué par l'invasion du Viêt-nam n'est pas unique. Pour Moscou, ce n'est qu'une provocation de plus qui suit la signature, le 12 août 1978, du traité de paix et d'amitié avec le Japon, la visite, le même mois, du président Hua Guofeng à Bucarest et Belgrade, l'établissement, fin décembre, de relations diplomatiques avec Washington et la proposition faite en janvier 1979 aux Américains par le vice-Premier ministre Deng Xiaoping d'une « coalition anti-soviétique ». Ces défis n'empêchent pas l'URSS de proposer à la Chine, au début du mois de juin 1979, d'ouvrir des négociations afin de « normaliser et améliorer » leurs rapports.
Après la visite faite à New Delhi par Alexis Kossyguine en mars, le Premier ministre indien Morarji Desai se rend à Moscou du 10 au 13 juin. Question à l'ordre du jour : la reconnaissance du gouvernement prosoviétique du Cambodge à laquelle l'Inde s'est jusqu'alors refusée. Mais M. Desai fait un grand pas vers Moscou en affirmant : « Dès que nous constaterons que le gouvernement de Heng Samrin contrôle pleinement le pays, nous le reconnaîtrons comme nous l'avons fait pour l'Ouganda. »
Salt-2
La signature, le 18 juin, à Vienne, par Leonid Brejnev et Jimmy Carter, à l'issue d'un sommet de trois jours, des accords Salt-2 sur la limitation des armements stratégiques est le seul point d'orgue harmonieux dans les rapports soviéto-américains.
Normalement, la rencontre aurait dû se faire à Washington (en réponse aux visites de R. Nixon et G. Ford), mais l'état de santé du no 1 soviétique lui interdit un tel déplacement, ce qui explique le choix de la capitale autrichienne.