Les réactions de Jimmy Carter aux procès des dissidents en juillet, la signature des accords de Camp David, le 17 septembre 1978, qualifiés de « véritable complot contre la paix » par Moscou, les mises en garde de L. Brejnev contre toute intervention américaine en Iran en faveur du chah, la politique chinoise de Washington, les avertissements de la Maison-Blanche à l'égard de l'engagement militaire de plus en plus manifeste de l'URSS en Afghanistan pour soutenir le régime prosoviétique de Kaboul menacé par la rébellion sont autant d'incidents qui retardent le sommet de Vienne, plusieurs fois annoncé.
Mais la volonté marquée de part et d'autre de conclure Salt-2, ajoutée à une politique apparemment plus libérale de Moscou à l'égard des Juifs soviétiques désirant émigrer, explique qu'on soit enfin tombé d'accord sur une date et sur un lieu de rencontre. L'annonce en est faite le 9 mai.
Les accords Salt-2
Le second traité américano-soviétique sur la limitation des armements stratégiques (Salt-2) signé le 18 juin 1979, à Vienne, par L. Brejnev et J. Carter faisait l'objet de négociations depuis le 21 novembre 1972, six mois après la signature à Moscou (26 mai) du traité Salt-1 par L. Brejnev et R. Nixon. L'accord limite le nombre de lanceurs d'armes nucléaires (engins terrestres ICBM, sous-marins SLBM ou aériens ASBM, équipés ou non d'ogives à têtes multiples MIRV) à 2 250. Les USA en possèdent actuellement 2 058 et l'URSS 2 500. Il interdit aux deux pays l'augmentation en nombre et en puissance des missiles balistiques existants et autorise la mise en place d'un seul nouveau type d'engin intercontinental. Il limite le nombre de charges autorisées sur chaque missile à têtes multiples ainsi que le nombre de missiles de croisière emportés par un avion. Ce traité qui entrera en vigueur après ratification du Sénat, est valable jusqu'à fin 1985.
Proche-Orient
Quatre tendances caractérisent la diplomatie soviétique au Proche-Orient : hostilité à la paix séparée israélo-égyptienne, soutien réaffirmé aux pays du Front de la fermeté et aux Palestiniens de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), attitude prudente vis-à-vis de l'Iran tant avant qu'après l'arrivée au pouvoir de l'ayatollah Khomeiny. À noter, enfin — et c'est peut-être l'élément le plus intéressant —, la tentative de rapprochement avec l'Arabie Saoudite, pays présenté jusqu'alors pourtant comme le « royaume de l'obscurantisme, réactionnaire et féodal ».
Début mars, le ministre saoudien des Affaires étrangères déclare que Riyad reconnaît « le rôle important de l'Union soviétique dans la politique mondiale » et salue « la politique positive adoptée par l'URSS à l'égard des questions arabes ». Deux mois plus tard, un hebdomadaire koweïtien, Al Hadaf, affirme que le prince héritier Fahd d'Arabie a eu une entrevue secrète avec des personnalités soviétiques lors de sa visite au Maroc du 3 au 6 mai.
En Afrique, où l'URSS continue de renforcer sa présence dans les pays amis (en Libye, le colonel Khadafi a mis à la disposition de la flotte soviétique les ports de Tripoli, Benghazi et Tobrouk), le seul événement notable est la signature, le 20 novembre, d'un traité d'amitié et de coopération avec l'Éthiopie, qui consacre l'appartenance d'Addis-Abeda au camp soviétique, fort bien implanté déjà sur le continent.
Europe et pays de l'Est
Obsédée par une Chine qui sait s'ouvrir aux marchés occidentaux (ceux de l'armement compris), l'Union soviétique s'efforce de favoriser au maximum ses rapports avec l'Europe de l'Ouest. Notamment avec Bonn, partenaire commercial privilégié, et Paris. Valéry Giscard d'Estaing se rend à Moscou les 25, 26 et 27 avril, ce qui permet une relance significative des relations commerciales entre les deux pays et donne une nouvelle impulsion à la coopération politique, économique et culturelle.
Si la Bulgarie, où Leonid Brejnev se rend en janvier pour réaffirmer « l'importance de l'unité de la communauté des pays socialistes », apparaît de plus en plus comme la 16e République fédérée de l'URSS, si aucun problème n'existe avec la Tchécoslovaquie ou la Hongrie (visite d'amitié du no 1 soviétique fin mai) non plus qu'avec la Pologne (encore que la manière ouverte avec laquelle Varsovie a traité l'élection, puis le voyage de son pape ait irrité le Kremlin), plusieurs différends, par contre, continuent d'assombrir les relations avec la Roumanie.