Ces manifestations sont mal vues par le président Eanes, qui, en 1975, a brisé les tentatives de putsch des militaires de gauche.
Le mécontentement général, les crises répétées révèlent l'insuffisance du système en ce qui concerne la répartition du pouvoir entre les organes de souveraineté, le degré de participation des militaires dans la vie politique et les objectifs mêmes de l'évolution économique et sociale du pays.
Roumanie
Bucarest. 21 660 000. 91. 1 %.
Économie. Production (76) : A 18 + I 63 + S 19. Énerg. (76) : 4 036.
Transports. (75) : 22 380 M pass./km, (76) : 67 650 Mt/km. : 1 218 000 tjb. (76) : 509 M pass./km.
Information. (74) : 20 quotidiens ; tirage global : 2 716 000 . (75) : 3 111 000. (75) : 2 553 000. (75) : 218 800 fauteuils ; fréquentation : 185,7 M. (74) : 1 076 000.
Santé. (73) : 25 870. Mté inf. (76) : 31,4.
Éducation. Prim. (75) : 3 019 776. Sec. et techn. (74) : 801 531. Sup. (75) : 164 567.
Armée. : 180 500.
Institutions. République socialiste, proclamée le 30 décembre 1947. Constitution de 1965. Président de la République, président du Conseil d'État et secrétaire général du Parti : Nicolae Ceaucescu, réélu pour cinq ans, le 17 mars 1975. Président du Conseil : Ilie Verdetz.
La dissidence s'amplifie et les divergences avec Moscou se creusent
Des remaniements nombreux au sein du gouvernement ; une vie quotidienne difficile due à une économie en perte de vitesse ; une dissidence qui se manifeste de plus en plus ; une diplomatie mouvementée, caractérisée surtout par un nouveau et grave différend avec l'URSS. Autant de faits qui ont marqué ces douze derniers mois en Roumanie.
Sur le plan intérieur le passage à l'Ouest, le 28 juillet 1978, du lieutenant général Ion Pacepa, secrétaire d'État au ministère de l'Intérieur (profitant d'un voyage en RFA, il se met sous la protection de la CIA), déclenche plusieurs limogeages : le ministre de l'Intérieur Teodor Coman est démis de ses fonctions ainsi que de nombreux vice-ministres. Des dizaines d'officiers, dont des généraux, sont écartés. Le 7 septembre, c'est au tour du ministre de la Santé, Nicolae Nicolaescu, d'être renvoyé sans qu'on puisse affirmer néanmoins que son exclusion a un rapport avec l'affaire Pacepa.
Ces remaniements, survenus après ceux qui sont déjà intervenus fin 1977 et début 1978, ne sont pas les seuls. Le 31 janvier 1979, six ministres changent de fonctions et, le 29 mars, c'est le Premier ministre lui-même, Manea Manescu, en poste depuis cinq ans, qui cède la place à son premier adjoint, Ilie Verdetz.
Les difficultés économiques que connaît la Roumanie et la lenteur mise à y porter remède semblent être les raisons principales de ces derniers changements.
Points noirs
Après avoir connu des taux d'expansion importants (10 à 15 % par an), l'économie donne des signes d'essoufflement. Une mauvaise récolte, la crise économique mondiale liée aux difficultés d'approvisionnement énergétique (malgré une production annuelle de pétrole de 15 millions de t, la Roumanie importait près de 6 millions de t d'or noir par an d'Iran) sont autant de difficultés qui amènent Nicolae Ceaucescu à prôner, lors du plénum du comité central en novembre 1978, de strictes économies d'énergie, une utilisation restreinte des matières premières et un renforcement de la discipline du travail. L'essence est distribuée avec parcimonie et, à Bucarest, des files d'attente se forment devant les magasins. Le 13 mai 1979, l'augmentation de près de 33 % de certaines denrées (légumes, fruits, poissons, etc.), annoncée fin 1978, est décidée, et, le 13 juin 1979, c'est le prix des carburants qui augmente de près de 40 %. Ces hausses portent un coup sérieux au niveau de vie (salaire mensuel moyen avec des semaines de travail de 48 heures : 2 800 lei, soit environ 1 008 F).
Ce bilan négatif, ajouté au système de pouvoir personnel de Nicolae Ceaucescu, provoque un mécontentement de la population et une expression plus ouverte de la contestation. L'incendie mystérieux du Théâtre national de Bucarest en août 1978, l'explosion tout aussi mystérieuse dans une usine de Pitesti fin octobre (9 morts), des grèves qui auraient eu lieu en décembre à Galats, sur la mer Noire, sont autant de signes. Mais le plus apparent d'entre eux reste la fondation, début mars 1979, d'un Syndicat libre des travailleurs qui compterait aujourd'hui une soixantaine de membres (intellectuels, religieux et ouvriers) et continuerait à faire tache d'huile en dépit des mesures répressives prises par les autorités, mesures que dénonce Amnesty international : arrestations, internements dans des hôpitaux psychiatriques, etc.
Non à Moscou
Sur le plan extérieur, le fait le plus marquant est le différend Bucarest-Moscou. Prévisible dès août 1978 à la suite de la visite du Chinois Hua Guofeng à Bucarest — nouveau défi de la Roumanie au Kremlin —, il éclate à l'issue de la réunion à Moscou, les 22 et 23 novembre, du comité politique consultatif du pacte de Varsovie. Deux jours plus tard, Nicolae Ceaucescu révèle qu'il a opposé un quadruple non à la politique prônée par Moscou. D'une part, seul pays du bloc soviétique à n'avoir pas rompu ses relations avec Israël et l'Égypte, la Roumanie ne veut pas s'associer à la dénonciation des accords de Camp David ; d'autre part et surtout, elle se refuse à donner son accord aux trois mesures envisagées par le Pacte : augmentation et coordination du budget militaire ; création d'un état-major suprême aux attributions beaucoup plus larges que l'actuel commandement unifié ; participation des pays membres à des actions armées sur des lieux d'opération non désignés, alors que, statutairement, le champ d'activité est limité à l'Europe.