Outre l'attitude peu orthodoxe de Bucarest vis-à-vis de l'Asie (visite de Hua Guofeng en août, condamnation de l'invasion du Cambodge par le Viêt-nam) et du Proche-Orient (non dénonciation des accords de Camp David), le refus de Nicolae Ceaucescu de s'associer à un élargissement des prérogatives du pacte de Varsovie provoque un mécontentement certain à Moscou ; il n'y aura pourtant pas de réaction officielle.
Avec la Yougoslavie, en dépit du non-alignement toujours affiché par Josip Broz Tito, de ses positions vis-à-vis de la Chine, les relations restent bonnes, et Leonid Brejnev, recevant le maréchal à Moscou du 16 au 21 mai, peut employer le terme « positif » pour qualifier les rapports entre les deux pays.
Avec l'Albanie, par contre, la situation reste inchangée. En novembre, pourtant, profitant de la rupture de Tirana avec Pékin (consacrée le 7 juillet 1978) et malgré la poursuite des attaques de l'Albanie contre les « révisionnistes soviétiques », Moscou, dans un article publié par les Izvestia, invite le gouvernement albanais à « normaliser leurs rapports ». Faisant référence aux « difficultés » qu'ont connues les relations entre les deux pays, l'article conclut : « Il n'existe aucun obstacle insurmontable sur la voie de leur solution. » À la fin juin 1979, cet appel reste sans écho.
Yougoslavie
Belgrade. 21 770 000. 85. 0,9 %.
Économie. Production (75) : A 16 + I 51 + S 33. Énerg. (76) : 2 016.
Transports. (*76) : 9 941 M pass./km, 21 017 Mt/km. (*76) : 1 732 100 + 190 700. : 2 285 000 tjb. (76) : 1 503 M pass./km.
Information. (75) : 26 quotidiens ; tirage global : 1 896 000. (74) : 4 081 000. (74) : 2 784 000. (75) : 451 000 fauteuils ; fréquentation : 81,6 M. (76) : 1 431 000.
Santé. (74) : 24 920. Mté inf. (76) : 36,4.
Éducation. (74). Prim. : 2 866 817. Sec. et techn. : 827 818. Sup. (75) : 394 992.
Armée. : 267 000.
Institutions. République socialiste proclamée le 29 novembre 1945. Devient République fédérale le 31 janvier 1946. Constitution de 1963, amendée pour la quatrième fois en février 1974. Président à vie de la République et président à vie du Parti : Josip Broz Tito, par décision du 16 mai 1974. Président du conseil exécutif fédéral : Veselin Djouranovitch.
Le non-alignement demeure la règle pour Belgrade
Malgré son désir sans cesse réaffirmé de rendre effectif le principe de la direction collégiale, malgré son âge aussi (87 ans, le 25 mai), le maréchal Josip Broz Tito, doyen mondial des chefs d'État, continue d'imprimer sa volonté, ses vues, tant sur le plan de la politique intérieure que sur celui de la politique étrangère.
Premier objectif : assurer sa succession, assurer l'après-titisme, d'autant que son dauphin, Edvard Kardelj, membre de la présidence de l'État et de la Ligue des communistes yougoslaves (LCY), meurt à Ljubjana d'un cancer le 10 février à l'âge de 69 ans.
La volonté politique d'assurer, à tour de rôle, la représentation de chaque république et province aux postes de responsabilité et de généraliser le pouvoir collégial s'affirme d'année en année. Trois faits l'illustrent au cours de ces douze derniers mois. D'abord la création, le 19 octobre 1978, d'un poste de président en exercice à la LCY, Josip Tito conservant ses prérogatives de président effectif à vie. Branko Mikulic, représentant de la Bosnie-Herzégovine, est chargé pour un an de cette suppléance, qui se traduit surtout par l'expédition des affaires courantes.
Le second exemple est l'annonce faite par Tito, lors du 8e congrès de l'Union des syndicats, le 21 novembre, de l'existence d'un projet de création de directions collégiales à tous les niveaux, « de la commune à la fédération ».
Le troisième fait est le retrait, le 15 mai 1979 et à sa demande, de Stane Dolanc du poste de secrétaire de la Ligue des communistes. L'effacement apparent de ce Slovène de 53 ans, protégé d'Edvard Kardelj et longtemps considéré comme le numéro deux du Parti, ne surprend personne. Il occupait ce poste depuis 1971. Selon le principe en vigueur de la rotation, son maintien devenait un anachronisme. Un Croate, Dusan Dragosavac, 60 ans, est désigné pour cette fonction, désormais renouvelable tous les deux ans.
Chômage et inflation
L'autre garant de l'unité de la Yougoslavie, et par voie de conséquence de son indépendance, demeure bien sûr l'armée, à l'entretien et à la modernisation de laquelle 53 % du budget fédéral est affecté. Proportion importante qui explique peut-être en partie les difficultés économiques.