En réalité, c'est surtout d'argent frais qu'a besoin le gouvernement de Bülent Ecevit. La situation financière et économique est catastrophique : le pays frôle l'état de cessation de paiement. Le déficit de la balance commerciale est de 2,3 milliards de dollars, les dettes à l'étranger s'accumulent : quelque 25 milliards de dollars — chiffre supérieur à la moitié du PNB de 1978, 48 milliards de dollars —, l'inflation galopante oscille de 3 à 5 % par mois, le chômage touche 20 % de la population active. Pour trouver des crédits, Bülent Ecevit se rend en Scandinavie et en Libye, pays avec lequel des accords intéressants sont signés. Mais le FMI est réticent au déblocage de crédits si des moyens drastiques ne sont pas pris, et la CEE, bien qu'ayant adopté le principe d'une aide de 4 milliards de F durant la période d'application du plan quinquennal (1979-1983), ne manifeste guère d'empressement. Toutefois, elle accepte un gel de cinq ans des obligations tarifaires de la Turquie à l'égard des pays membres de la Communauté.
La solidarité européenne manquant de fermeté, la coopération américaine étant insuffisante, le gouvernement décide, le 4 avril 1979, de recourir à des mesures d'austérité pour enrayer la hausse des prix, rentabiliser la production, limiter la consommation, équilibrer les revenus et réduire le chômage. Il procède à un relèvement des prix de nombreux produits — notamment pétroliers : de 60 à 100 % et à une mini-dévaluation de la livre. Le 11 juin 1979, la livre turque subit une nouvelle dévaluation notable : 43,6 % par rapport au dollar.
Vague d'attentats
Cette situation déplorable ne contribue pas à apaiser la vague d'attentats. Le gouvernement reconnaît un bilan de 345 morts pour les huit premiers mois de 1978, alors que l'opposition évalue le nombre des victimes à au moins 500 personnes pour la même période. Les affrontements sont quotidiens entre groupes extrémistes, entre eux et les forces de police. Les violences ethniques se multiplient, ainsi que les émeutes religieuses. En décembre 1978, Bülent Ecevit parle de génocide à propos des affrontements entre sunnites et alévites, à Kahramanmaras, qui font 102 morts et plus de 1 000 blessés. Au départ, un fait anodin : deux instituteurs d'un lycée technique excluent trois élèves par mesure disciplinaire. L'assassinat des enseignants déclenche une émeute sanglante — où même les femmes et les enfants ne sont pas épargnés — aux cris de « Turquie musulmane ». L'état de siège est proclamé dans treize provinces, le 26 décembre, et étendu à six départements de l'Est troublés par les activistes kurdes, le 28 avril 1979. Le plus grand procès que le pays ait connu s'ouvre à Adana, le 4 juin : il concerne 803 personnes impliquées dans les émeutes de Kahramanmaras.
Malgré les espoirs nés de la rencontre de Montreux entre Bülent Ecevit et Constantin Caramanlis, Premier ministre grec, en 1978 (Journal de l'année 1977-78), aucun progrès n'est réalisé sur les questions litigieuses : Chypre, les concessions sur la mer Égée et surtout la délimitation de l'espace aérien. Tandis qu'Athènes s'inquiète du renforcement du potentiel militaire turc au sein de l'Alliance atlantique, Ankara éprouve des craintes devant l'entrée de la Grèce dans le Marché commun.
Mais, en fait, après les bouleversements survenus en Iran, l'importance stratégique de la Turquie pour le flan sud-est de l'Otan est capitale. Cette situation exceptionnelle peut lui permettre de résoudre, au moins en partie, ses problèmes.
Viêt-nam
Hanoi. 47 870 000. 144. *2,1 %.
Économie. Énerg. (76) : 124.
Éducation. (75). Prim. : 7 403 715. Sec. et techn : *2 915 000. Sup. : 80 323.
Armée. : 615 000.
Institutions. « République socialiste du Viêt-nam », nom officiel du nouvel État né de la réunification du Viêt-nam du Sud et de la République démocratique du Viêt-nam du Nord (2 juillet 1976). La partition résultait des accords de Genève du 20 juillet 1954. Constitution en vigueur : celle de l'ancienne république du Nord (1960). Président de la République : Ton Duc Than. Premier ministre : Pham Van Dong.
Incursion militaire chinoise après l'invasion du Cambodge. Tensions persistantes
Après trois ans et demi d'une paix précaire, voici de nouveau l'Indochine en crise. Cette fois, ce sont deux puissances régionales qui s affrontent : la Chine et le Viêt-nam.