En quatre mois — jusqu'à la fin de juillet 1978 — quelque 200 000 Rohingyas, franchissant la rivière Naaf, se réfugient au Bangladesh, le plus souvent épuisés et malades. Les autorités de Dacca tentent, un instant, d'empêcher cet exode massif vers un pays qui possède déjà la plus forte densité de population au monde. En vain. Elles choisissent alors de solliciter l'aide de la communauté internationale pour soulager les réfugiés entassés dans des camps de fortune. Plusieurs pays occidentaux et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) fournissent une aide d'urgence. Malgré cela, 10 000 réfugiés, dont plus de 6 000 enfants sous-alimentés, périssent en l'espace de neuf mois.
Le gouvernement birman s'efforce d'atténuer les conséquences désastreuses d'un exode qui porte gravement préjudice à sa réputation. En vertu d'un accord conclu dès juillet avec Dacca, Rangoun s'engage à faciliter le rapatriement progressif des musulmans. La priorité est toutefois accordée aux détenteurs d'une carte d'identité. En mai 1979, deux réfugiés sur trois ont, selon le HCR, regagné la Birmanie.
Cambodge
Phnom Penh. 8 610 000. 47. *2,8 %.
Économie. PIB (70) : 125. Énerg. (76) : 16. CE (70) : 4 %.
Transports. (72) : 27 200 + (73) 11 000. (76) : 13 M pass./km.
Information. (75) : 16 quotidiens. (75) : *110 000. (74) : *26 000. (75) : 71 000.
Santé. (71) : 438.
Éducation. (72). Prim. : 479 616. Sec. et techn. : *103 000. Sup. : 9 988.
Armée. : 70 000.
Institutions. État indépendant le 9 novembre 1953. République démocratique. Constitution du 3 janvier 1976. Chef de l'État : Khieu Samphan. Premier ministre : Pol. Pot, tous deux en fonctions jusqu'à l'invasion (le 1er janvier 1979) par le FUNSK, soutenu par l'armée vietnamienne. Depuis le 7 janvier 1979, le pouvoir est exercé par un Comité central présidé par Heng Samrin.
Hanoi met fin au régime de Pol Pot
La troisième guerre d'Indochine a peut-être commencé durant l'été 1978 au Cambodge. En juin, la bataille des frontières, qui, depuis près d'un an, oppose les Khmers rouges aux Vietnamiens, se durcit : 70 000 soldats vietnamiens prennent l'offensive et occupent, en quelques jours, une zone d'une quarantaine de kilomètres de profondeur au Cambodge oriental.
Offensive
Le gouvernement de Phnom Penh proteste. Le 23 juillet, à la Conférence des pays non alignés réunie à Belgrade, Ieng Sary, ministre khmer des Affaires étrangères, réclame — mais en vain — l'exclusion du Viêt-nam. Hanoi riposte en annonçant la création d'un mouvement de résistance anti-khmer rouge au Cambodge.
Depuis un an, les Vietnamiens, profitant de l'afflux des réfugiés khmers sur leur territoire, entreprennent de former une armée khmère de libération. Entraînée par les Vietnamiens, encadrée par des officiers Khmers Krom, une minorité d'origine cambodgienne du Sud-Viêt-nam, cette armée doit être le fer de lance de l'offensive préparée par Hanoi pour se débarrasser des Khmers rouges, en profitant de leur isolement sur le plan diplomatique et politique. L'opération permettra aussi aux Vietnamiens d'annoncer que la population cambodgienne s'est soulevée contre les Khmers rouges.
Dans la nuit de Noël, plus de 100 000 hommes, des blindés, l'aviation et de l'artillerie déferlent sur le Cambodge. Phnom Penh, abandonnée par les Khmers rouges, tombe le 7 janvier 1979, à l'issue d'une opération héliportée montée par les Vietnamiens, avec le matériel pris lors de la chute de Saigon.
Cinq jours plus tard, les troupes de Hanoi contrôlent les principales provinces du pays et stationnent à quelques kilomètres de la frontière thaïlandaise. Les Khmers rouges sont en pleine déroute : leur armée, partiellement détruite, leurs chefs, Pol Pot, Ieng Sary, Khieu Samphan, prennent le maquis. Avec l'aide de la Chine, qui les ravitaille, une résistance s'organise dans le massif des Cardamones, au sud-ouest du Cambodge.
À Phnom Penh, le nouveau régime provietnamien s'installe. La République populaire du Kampuchea succède au Kampuchea démocratique. Un conseil révolutionnaire de huit membres administre le pays. Mais c'est un Cambodge exsangue et divisé que ce gouvernement prend en charge : les villes sont désertées, les voies de communication sont détruites, l'agriculture est ruinée, le pays n'a plus de cadres ; c'est une nation de réfugiés.