L'ambiguïté de la politique de Riyad à l'égard de Camp David II traduit, en fait, l'existence de vives divergences à l'intérieur de la famille royale au sujet de l'initiative américaine de paix, entre les partisans d'une collaboration étroite avec les États-Unis et ceux qui estiment qu'une révision des rapports de l'Arabie Saoudite avec Washington est désormais nécessaire pour donner une plus grande marge de manœuvre à la diplomatie saoudienne dans le monde arabe.
Le prince héritier Fahd, considéré comme le plus pro-américain des dirigeants saoudiens, appuyé par son frère le prince Sultan, ministre de la Défense, a toujours répugné à adopter des mesures susceptibles d'aggraver l'isolement du président Sadate, de crainte de favoriser l'avènement au Caire d'un pouvoir plus radical et moins bien disposé à l'égard des États-Unis. Le prince Abdallah, commandant de la Garde nationale, est en revanche le chef de file de ceux qui préconisent une politique plus indépendante de Washington et un rapprochement tactique avec les pays arabes du camp de la fermeté.
Au début de novembre 1978, les thèses du prince Fahd l'emportent à la conférence au sommet arabe de Bagdad, où l'Arabie Saoudite exerce toute son influence pour faire adopter des résolutions modérées écartant toute sanction contre l'Égypte. Riyad estime en conséquence qu'elle a suffisamment donné de gages de bonne volonté pour qu'elle soit récompensée par des mesures concrètes susceptibles d'assurer un « juste règlement de la crise du Proche-Orient ». L'Arabie Saoudite, qui a volontairement plafonné sa production pétrolière à 8,5 millions de barils par jour, a dû la relever de 25 % en novembre pour faire face au manque à produire de quelque 4 millions de barils par jour engendré par les troubles en Iran. En décembre, lors de la réunion de l'OPEP à Abou Dhabi, elle obtient l'échelonnement de trimestre en trimestre (de 5 % au 1er janvier à 14,5 % en octobre) de l'augmentation du brut gelé depuis 1977, « pour ne pas porter préjudice au développement économique des pays industrialisés ».
Appels du pied
Le peu d'empressement de Washington à répondre positivement aux divers appels du pied de Riyad crée une grave crise de confiance dans les relations entre les deux capitales alliées. Le secrétaire d'État américain, Harold Brown, en mission officielle au Proche-Orient pour essayer de ramener l'Arabie Saoudite et les pays arabes modérés dans le camp de la paix, est reçu à Riyad avec une froideur ostensible. Les Saoudiens rejettent sa suggestion de conclure un accord de défense régional qui engloberait l'Arabie Saoudite, l'Égypte et les États-Unis, avec l'approbation tacite d'Israël. Le 26 février 1979, le prince Fahd annule le voyage qu'il devait effectuer en mars à Washington, dans le souci évident de se démarquer des discussions qui y ont lieu en vue de préparer Camp David II. Au début de mars, le ministre des Affaires étrangères, pourtant connu pour ses sympathies à l'égard des États-Unis, laisse entendre que son pays souhaite établir des relations diplomatiques et commerciales avec l'Union soviétique.
Le prince Fahd ne désespère pas d'arriver à un accommodement avec Washington. Il suggère, peu avant la signature de l'accord de paix israélo-égyptien, la création d'un comité des nations islamiques chargé de sonder les intentions de Washington et de Jérusalem à propos du problème palestinien. La fin de non-recevoir opposée par les États-Unis à cette tentative de la dernière chance, dont le but est de neutraliser les durs du monde arabe et rétablir un climat de confiance entre l'Arabie Saoudite d'une part et les États-Unis et l'Égypte de l'autre, est ressentie à Riyad comme un camouflet. La signature du traité israélo-égyptien est désormais inéluctable. Le prince Fahd reconnaît la défaite de la politique de « collaboration à tout prix » avec Washington. Il s'efface momentanément de la vie politique en se retirant en Espagne pour y suivre une cure d'amaigrissement.
Le 31 mars, au sommet arabe de Bagdad, l'Arabie Saoudite s'aligne sur les positions des durs. Le 24 avril, mettant à exécution les résolutions de Bagdad, Riyad rompt ses relations diplomatiques et politiques avec Le Caire et se joint au boycott arabe de l'Égypte. Riyad n'entend cependant pas se couper totalement des États-Unis. Le prince Fahd, qui s'est incliné devant le consensus de la famille royale, affirme, le 14 mai, à Paris, qu'il n'est pas question de renoncer à l'achat des avions américains F-15 pour acheter des Mirage-2000. Au cours d'une rencontre secrète avec l'ambassadeur des États-Unis quelque part en Europe, il accepte de mettre une sourdine à la campagne de presse contre l'Égypte afin de ne pas envenimer la situation.
Pétrole
Pour faire la preuve de son « sens des responsabilités » à l'égard de l'économie mondiale, l'Arabie Saoudite s'efforce de persuader ses partenaires de l'OPEP, réunis le 26 juin à Genève, de revenir à la grille unique des prix, perturbée par la montée des tarifs intervenue en mai dans des proportions inégales selon les pays et les qualités. En l'absence d'un accord, une solution de compromis est élaborée, aux termes de laquelle le prix du brut saoudien est porté de 14,546 à 18 dollars (+ 23,8 %), alors que les autres pays producteurs montent leurs tarifs jusqu'à 23,50 dollars. Après le sommet de Tokyo des pays consommateurs, Riyad fournit une nouvelle preuve de sa modération en annonçant, vers la fin juin, une augmentation de sa production de pétrole brut, sans toutefois indiquer le montant exact de cet accroissement.
Bahreïn
Manāma. 270 000. 405.
Économie. PIB (70) : 1 111. Énerg. (76) : 11 998.
Transports. (75) : 23 300 + 9 500.
Information. (74) : *100 000. (75) : *30 000. (75) : 10 500 fauteuils ; fréquentation : 2 M. (76) : 31 000.
Santé. (75) : 177.
Éducation. (74). Prim. : 43 965. Sec. et techn. : 18 074. Sup. (75) : 703.
Armée. 46 : 2 300.
Institutions. État indépendant le 15 août 1971. Constitution du 6 décembre 1973. Le Parlement est dissous le 27 août 1975. Chef de l'État et président du conseil d'État : cheikh Issa ben Salman el-Khalifa.
Bangladesh
Dacca. 82 710 000. 574. *2,1 %.
Économie. PIB (76) : 85. Production (76) : A 51 + I 14 + S 35. Énerg. (76) : 32. CE (76) : 6 %.
Transports. (73) : 3 331 M pass./km, 630 Mt/km. (72) : 31 700 + 24 800. : 244 000 tjb.
Information. (75) : 30 quotidiens ; tirage global : *356 000. (76) : 80 000.
Santé. (75) : 5 103.
Éducation. (75). Prim. : 8 192 022. Sec. et techn : 2 442 842. Sup. (74) : 183 833.
Armée. : 73 500.
Institutions. État indépendant le 16 décembre 1971. Constitution du 16 décembre 1972, amendée en janvier 1975 et en avril 1977, transformant la république islamique en État islamique. Chef de l'État ; général Ziaur Rahman, élu le 3 juin 1978 ; succède au président Abusadat Mohamed Sayem, démissionnaire. Premier ministre : Azizur Rahman.
Amorce d'une stabilité politique
Pour la première fois depuis sa naissance, le Bangladesh semble entrer dans une ère de stabilité politique. Net vainqueur de l'élection présidentielle de juin 1978, qui lui a conféré la légitimité du suffrage universel (Journal de l'année 1977-78), le général Ziaur Rahman s'efforce de consolider son pouvoir. Il juge le moment venu de démocratiser le régime militaire né du coup d'État de novembre 1975. Les élections législatives ont lieu le 18 février 1979.