L'établissement de relations diplomatiques entre Pékin et Washington, puis le voyage de Deng Xiaoping aux États-Unis donnent lieu à plusieurs manifestations de mauvaise humeur des dirigeants du Kremlin. En outre, à partir de janvier, une série d'événements dressent Américains et Soviétiques les uns contre les autres : le conflit vietnamo-cambodgien, la révolution iranienne, l'intervention chinoise au Viêt-nam, l'assassinat de l'ambassadeur des États-Unis à Kaboul, qui entraîne une protestation officielle de Washington contre le « rôle injustifiable » des conseillers soviétiques en Afghanistan, et le traité israélo-égyptien.

Paradoxalement, les négociations sur l'accord SALT-2, ponctuées par une entrevue Vance-Gromyko, le 23 décembre, à Genève, et une rencontre Vance-Dobrynine (ambassadeur d'URSS aux États-Unis), le 7 avril, à Washington, ne paraissent guère affectées par ces épreuves successives. À diverses reprises en tout cas, les deux parties font état de progrès sensibles. Et l'échange de cinq dissidents soviétiques contre deux espions, fruit de longues tractations, est commenté le 28 avril avec satisfaction par les responsables de la Maison-Blanche.

Finalement, Vance annonce, le 9 mai, la conclusion des négociations avec l'URSS pour un second traité sur la limitation des armements stratégiques, valable jusqu'en 1985. Pour le secrétaire d'État, il s'agit d'« un pas essentiel vers une Amérique plus sûre et un monde plus sûr » qui devrait permettre « des relations plus constructives et plus pacifiques entre les États-Unis et l'Union soviétique ». Le traité SALT-2 est signé le 18 juin, à Vienne, par Carter et Brejnev, mais il lui reste à être ratifié par le Sénat, à la majorité des deux tiers.

Or, une proportion non négligeable de parlementaires estime que les Américains ont fait trop de concessions aux Soviétiques et déplore les ambiguïtés du texte en question. Pour désamorcer leur opposition, Carter a, dès le 8 juin, donné le feu vert à la construction d'un nouveau missile mobile MX, engin intercontinental de grande puissance, armé de dix têtes nucléaires. Et le jour même de la signature des accords, à Vienne, il souligne qu'un rejet de l'accord SALT-2 porterait « un coup dommageable à l'Alliance atlantique et compromettrait le rôle dirigeant des États-Unis en son sein ».

Le 19 juin, Carter obtient cependant un appui précieux : les chefs d'état-major lui font savoir qu'ils défendront le traité lors des auditions du Sénat.

Proche-Orient

La conclusion d'un traité de paix israélo-égyptien est à porter sans conteste au crédit du président Jimmy Carter. Engageant avec opiniâtreté la responsabilité des États-Unis dans le laborieux et incertain processus des négociations, le chef de la Maison-Blanche finit par voir ses efforts couronnés de succès.

Le bilan de la conférence du château de Leeds, en Angleterre, les 18 et 19 juillet, patronnée par les États-Unis, est mince. Mais les entretiens se terminent sur la promesse de nouvelles rencontres. Le 6 septembre s'ouvrent les conversations de Camp David entre Sadate, Begin et Carter. Après avoir longtemps piétiné, les discussions s'achèvent le 17 septembre sur la publication de deux accords-cadres, aux termes desquels Israël et l'Égypte s'engagent à signer un traité de paix dans les trois mois.

Au cours des mois qui suivent, le chef de la Maison-Blanche tente sans relâche d'aplanir les difficultés et d'éviter la rupture entre Jérusalem et Le Caire, sachant, il est vrai, que sa propre crédibilité est en jeu et que, comme il l'a admis lui-même, il court « un grand risque politique en cas d'échec final ».

Sous son égide, les négociations reprennent le 12 octobre à Washington. Puis, le 2 novembre, Carter rencontre Begin à New York. Les consultations Vance-Dayan-Khalil ayant échoué le 24 décembre à Bruxelles, Carter envoie son ambassadeur itinérant, Alfred Atherton, au Caire et à Jérusalem, du 16 au 18 janvier. Les résultats de cette navette diplomatique sont maigres.

La nouvelle rencontre Vance-Dayan-Khalil, fin février, à Camp David, se soldant par un échec, Carter décide de se rendre en personne au Proche-Orient, afin de sauver une négociation qui semble moribonde. Après 65 heures de discussions, du 8 au 13 mars, en Égypte et en Israël, le chef de l'exécutif américain gagne son pari in extremis. De retour dans sa capitale, il déclare à ses collaborateurs : « Vous avez devant vous un homme fatigué mais heureux. »