Devant la multiplication des plaintes, devant l'accumulation des témoignages, Leo Ryan, le représentant démocrate de la Californie, décide d'aller personnellement voir et enquêter sur place.

Accompagné de 18 personnes, dont de nombreux journalistes et les avocats de la secte, il débarque à Jonestown le samedi 18 novembre 1978.

L'accueil de Jim Jones est chaleureux. Le député et sa commission d'enquête peuvent visiter à loisir la cité de bois et de tôles. Il peut même emmener avec lui lors de son départ certains des membres de la secte qui souhaitent regagner les États-Unis.

Sur l'aéroport de Port Kaituma, à quelques kilomètres de Jonestown, Leo Ryan et ses compagnons saluent une dernière fois les représentants de la secte qui les ont raccompagnés.

Soudain, l'un d'eux tire un coup de feu en l'air. C'est le signal qu'attendaient les gardes du corps de Jones cachés dans une remorque tirée par un tracteur. Le petit groupe est pris sous un feu croisé. Une quinzaine de personnes s'effondrent. Cinq, Leo Ryan et quatre journalistes, sont tuées sur le coup.

Un pilote réussit à faire monter les survivants dans un des avions qui avaient amené la délégation et décolle en catastrophe.

Sacrifice suprême

Jim Jones a réuni ses fidèles. Encore une fois, le Révérend va leur parler de ses projets d'immigration en Union soviétique. Encore une fois il va les exhorter au sacrifice si jamais un jour la secte était menacée. Peut-être même ordonnera-t-il à la foule de se presser autour d'une bassine où a été préparé un breuvage mystérieux. Ils boiront et iront s'asseoir tranquillement pendant trois quarts d'heure sous les arbres, à méditer. Puis Jim Jones, de sa voix sans timbre, les rappellera à la vie, en les remerciant d'avoir accepté le sacrifice suprême pour lui, en leur demandant de se suicider vraiment si un jour les complots de la CIA, du FBI, des capitalistes qui visent le Temple du peuple deviennent trop menaçants.

Mais, cette fois-là, très vite, les fidèles comprennent que ce n'est pas une répétition générale. Les premiers qui ont bu le mélange de cyanure et de jus d'orange synthétique sont pris de convulsions, leurs traits sont déformés par d'horribles douleurs.

Des parents protestent. Pourquoi faire mourir les enfants ? On entend sangloter les plus âgés, qui se cramponnent aux jupes de leurs mères. Alors Jim Jones fait un geste. Ses gardes poussent le canon de leurs armes dans les reins des plus récalcitrants. Ils les forcent à faire la queue devant la bassine de poison, à faire boire leurs chiens, leurs chats, à ouvrir la bouche des enfants qui serrent les dents pour y vider un verre de la mixture.

Ceux qui tentent de fuir sont abattus d'une rafale de mitraillette. Jim Jones, la réincarnation du Christ, ordonne qu'on fasse sauter la cervelle de son gorille mascotte. Puis il se suicide. Les derniers survivants s'enfuient dans la forêt équatoriale.

Cadavres

Lorsque le monde apprend l'embuscade contre Leo Ryan, il ignore tout du suicide collectif qui l'a suivie. La presse guyanaise signale seulement le suicide de Sharon Amos, porte-parole du Temple du peuple en Guyana, qui a tué ses trois enfants avant de se donner la mort (on apprendra par la suite que c'est le fils de Jim Jones qui a égorgé la famille Amos). Puis les informations filtrent. On parle de 200, puis de 408, de 775 morts.

En fait, les soldats américains dépêchés sur place pour rapatrier les corps découvriront 923 cadavres, dont 180 enfants de moins de 15 ans.

Épilogue de ce massacre sans précédent : le 14 mars 1979, après une dernière conférence de presse où il accuse la CIA d'être responsable de l'holocauste, Mike Prokes, le chargé de relations publiques du Temple du peuple, se suicide dans sa villa de la côte californienne. Le dernier fanatique sera resté fidèle à son maître jusqu'au bout.

Haïti

Port-au-Prince. 4 750 000. 171. *2 %.
Économie. PIB (74) : 162. Production (74) : A 44 + I 19 + S 37. Énerg. (76) : 28. CE (74) : 10 %.
Transports. (74) : 15 700 + 1 500.
Information. (75) : 7 quotidiens ; tirage global : 93 000. (75) : *93 000. (75) : *13 000. (73) : 9 000.
Santé. (75) : 394.
Éducation. (71). Prim. : 337 027. Sec. et techn. : *27 000.
Armée.  : 6 550.
Institutions. République. Constitution de 1946. Président à vie : Jean-Claude Duvalier ; succède, le 22 avril 1971, à son père, François Duvalier, décédé.

Surprise électorale

Un fait marquant aux élections du 11 février 1979 pour le renouvellement des 58 députés de l'Assemblée législative : alors que les partis politiques n'existent pas, que les quelque 300 candidats se déclarent jeanclaudistes (c'est-à-dire partisans du président Jean-Claude Duvalier), un candidat indépendant l'emporte à Cap-Haïtien, la deuxième ville du pays, contre un membre du gouvernement, avec 90 % des voix. Que ce candidat, Alexandre Lerouge, ait pu mener toute sa campagne sur la défense des droits de l'homme et canaliser le mécontentement populaire indique un progrès dans la liberté d'expression. Ce succès, remporté contre la vieille garde duvaliériste, révèle une certaine efficacité des pressions exercées par Washington.

Honduras

Tegucigalpa. 2 830 000. 25. *3,5 %.
Économie. PIB (76) : 424. Production (76) : A 26 + I 24 + S 50. Énerg. (76) : 264. CE (74) : 27 %.
Transports. (*76) : 20 500 + 30 200.  : 105 000 tjb. (76) : 247 M pass./km.
Information. (75) : 8 quotidiens ; tirage global : *99 000. (75) : *160 000. (75) : *47 000. (76) : 19 000.
Santé. (75) : 919. Mté inf. (75) : 33,7.
Éducation. Prim. (76) : 483 210. Sec. et techn. (75) : 51 896. Sup. (75) : 11 907.
Armée.  : 14 200.
Institutions. Indépendance proclamée le 5 novembre 1838. République. Constitution du 5 juin 1965. Un coup d'État militaire (7 août 1978) renverse le président Juan Alberto Melgar Castro. Une junte militaire exerce tous les pouvoirs ; elle est dirigée par le colonel Policarpo Juan Paz Garcia, le colonel Domingo Alvarez Cruz et le lieutenant-colonel Amilcar Zelaya Rodriguez.

Nouveau coup d'État

Une junte militaire, présidée par le colonel Policarpo Juan Paz Garcia, renverse, le 7 août 1978, le général Juan Alberto Melgar Castro, qui avait lui-même renversé, le 22 avril 1975, le général Lopez Arellano. La composition du nouveau gouvernement (les anciens ministres sont en majorité maintenus dans leurs fonctions) et sa volonté d'accomplir le programme de réformes défini en 1975 ne laissent présager aucun changement d'orientation politique.

Jamaïque

Kingston. 2 090 000. 191. 2,3 %.
Économie. PIB (76) : 1 478. Production (76) : A 8 + I 39 + S 53. Énerg. (76) : 1 937. CE (76) : 21 %.
Transports. (*76) : 69 M pass./km, 159 Mt/km. (73) : 109 600 + 28 600. (76) : 1 376 M pass./km.
Information. (75) : 3 quotidiens ; tirage global : *131 000. (73) : *633 000. (75) : *110 000. (74) : *45 000 fauteuils. (76) : 109 000.
Santé. (74) : 570. Mté inf. (76) : 20,4.
Éducation. (75). Prim. : 370 200. Sec. et techn. : 213 555. Sup. (76) : 8 413.
Armée.  : 1 800.
Institutions. État indépendant le 6 août 1962. Constitution de 1962. Gouverneur général représentant la Couronne britannique : Florizel Augustus Glasspole. Premier ministre : Michael Manley.

Mexique

Mexico. 64 590 000. 33. 2,8 %.
Économie. PIB (76) : 1 270. Production (76) : A 9 + I 36 + S 55. Énerg. (76) : 1 227. CE (76) : 4 %.
Transports. (*76) : 4 058 M pass./km, 34 821 Mt/km. (76) : 2 580 400 + 988 000.  : 674 000 tjb. (76) : 3 415 M pass./km.
Information. (75) : 256 quotidiens. (74) : *17 514 000. (74) : *4 885 000. (75) : 1 579 000 fauteuils ; fréquentation : 251,2 M. (76) : 3 309 000.
Santé. (74) : 31 571. Mté inf. (76) : 54,7.
Éducation. (75). Prim. : 11 461 415. Sec. et techn. : 2 938 972. Sup. : 520 194.
Armée.  : 97 000.
Institutions. Indépendance proclamée en 1821. État fédéral. République présidentielle. Constitution de 1857, amendée en 1917, 1929 et 1953. Président et chef de l'exécutif : José Lopez Portillo, élu le 4 juillet 1976 ; succède à Luis Echeverria Alvarez.

Ouverture politique

La fin du monopole quasi absolu du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) depuis cinquante ans, grâce à une réforme constitutionnelle, permet à trois partis politiques de demander leur légalisation : le Parti démocrate mexicain, de tendance conservatrice ; le Parti socialiste des travailleurs ; le Parti communiste. Il leur a fallu auparavant recueillir un minimum de 60 000 signatures. Mais leur légalisation ne sera définitive que s'ils obtiennent 1,5 % des suffrages aux élections législatives de juillet 1979. Deuxième volet de cette réforme : le nombre des sièges à la Chambre des députés passe de 237 à 400, afin d'assurer un total de 100 sièges aux partis minoritaires par le jeu de la représentation proportionnelle.