Le 26 mars, le traité israélo-égyptien est signé à Washington. Carter assure en attendre « une paix permanente », mais l'ampleur des engagements économiques, politiques et militaires qu'il a pris à l'égard des deux anciens belligérants ne manque pas de préoccuper les milieux parlementaires américains.
Déboires en Iran
Les succès de Carter ne parviennent pas à masquer les faiblesses de sa politique étrangère. Celle-ci déconcerte souvent l'opinion américaine par ses incohérences, ses ambiguïtés et ses improvisations. Elle semble souffrir de l'absence d'une ligne directrice. L'attitude des États-Unis tout au long de la crise iranienne en témoigne. Après avoir exprimé avec force son soutien au chah, notamment les 16 septembre et 6 novembre, Carter indique, le 7 décembre, qu'il ne sait pas si le souverain pourra se maintenir au pouvoir. Cette dernière déclaration est aussitôt suivie d'une mise au point destinée à couper court aux « interprétations erronées ». Le 27 décembre, Washington réaffirme son appui au monarque, mais commence à préparer activement l'éventuelle évacuation de ses ressortissants. Le 17 janvier, la Maison-Blanche invite l'ayatollah Komeiny à « donner sa chance » au gouvernement Bakhtiar. Celui-ci renversé, Carter s'empresse, le 12 février, de reconnaître le nouveau régime. Le chah, invité le 3 janvier par le département d'État à se rendre aux États-Unis au cas où il devrait quitter son pays, est abandonné à son sort. Dès le 4 février, la CIA a admis qu'elle avait sous-estimé la gravité de la situation. Le 7 avril, elle affirmera qu'il lui faudra cinq années pour remplacer les stations de surveillance perdues en Iran.
Les revers de la politique américaine dans cette région du monde seront manifestement à l'origine de la décision, annoncée le 22 juin par le général Bernard Rogers, chef d'état-major des armées, de mettre sur pied une force mobile de 110 000 hommes, capable d'intervenir rapidement partout où les intérêts des États-Unis seront menacés.
Le voyage de Carter au Mexique, les 15 et 16 février, constitue également un échec. Fraîchement accueilli par le président Lopez Portillo, le chef de la Maison-Blanche ne parviendra pas à dissiper la méfiance de ses hôtes, jaloux de leur indépendance politique et économique, et aucune solution capable de régler les différends qui opposent les deux pays ne pourra être trouvée.
Politique énergétique
Considéré depuis dix-huit mois par Carter comme l'« équivalent moral d'une guerre », le plan énergétique de la Maison-Blanche est enfin adopté le 15 octobre 1978 par le Sénat (60 voix contre 17) et la Chambre des représentants (231 contre 168). Mais il a été fortement édulcoré et vidé d'une bonne partie de son contenu.
Ce plan prévoit la libération progressive du prix du gaz naturel américain jusqu'en 1985, une réorganisation de la distribution d'énergie à l'intérieur des États-Unis, la taxation des automobiles grosses consommatrices d'énergie, l'incitation à la reconversion des industries, qui s'alimentent au pétrole ou au gaz, ainsi que des mesures générales de conservation de l'énergie.
Tout cela s'avérant insuffisant, Carter repart en croisade. Le 6 avril 1979, il déclare à ses compatriotes : « La crise de l'énergie est réelle. Chacun d'entre vous devra consommer moins de pétrole tout en le payant plus cher. » Il se propose donc de relever les prix de l'or noir américain et de taxer les énormes profits que les pétroliers tireraient de l'opération. Il en revient ainsi aux dispositions imaginées dès son arrivée à la présidence et obstinément repoussées ensuite par le Congrès.
Le 30 avril, Carter estime que le pays doit être « prêt au pire » et évoque la possibilité d'un rationnement de l'essence. Cependant, un plan préparé à cet effet par la Maison-Blanche, et déjà amendé deux fois, est repoussé, le 10 mai, à la Chambre des représentants, par 246 voix contre 159. Dans les faits, le carburant commence néanmoins à être rationné en Californie et la pénurie gagne à plusieurs reprises les villes de la côte est. Le 24 mai, Carter essuie une nouvelle défaite à la Chambre, où le groupe démocrate s'oppose à son projet de libéralisation des prix du pétrole. Une semaine plus tard, le gouvernement décide alors d'offrir une prime de cinq dollars par baril aux compagnies pétrolières pour les importations de fuel domestique et de gasoil, mesure qui provoque de vigoureuses protestations en Europe et au Japon.