Il ressort des conversations du Premier ministre Barre avec les dirigeants canadiens, les 8 et 9 février 1979, que les relations entre la France et le Canada sont correctes, mais qu'elles demeurent toutefois tendues lorsqu'il s'agit du Québec. Au cours de leur conférence de presse, le 9, P.-E. Trudeau et Raymond Barre doivent puiser en eux-mêmes les meilleures ressources diplomatiques pour concilier leur opinion politique sur la non-ingérence et la non-indifférence de la France à l'égard du Québec. S'il n'y a aucun incident diplomatique, il n'y a pas non plus de recul de la France. Au terme des conversations, les deux pays signent un contrat de 8 millions de dollars pour l'achat d'équipement destiné à la liquéfaction du gaz naturel de l'île Melville.
Le Premier ministre français termine son séjour à Québec, où le 12, devant les membres de l'Assemblée nationale, il rappelle la position de son pays quant à l'avenir du Québec, mettant surtout l'accent sur les rapports économiques entre les deux pays. Avant la fin de la visite, les gouvernements québécois et français signent un accord de réciprocité touchant la sécurité sociale, l'assurance maladie et les programmes d'échanges dans le domaine des petites et moyennes entreprises.
Retour d'exil
Huit ans après la crise d'octobre au Québec (Journal de l'année 1970-71), les acteurs de l'enlèvement du diplomate britannique James-Richard Cross refont surface. Ils mettent fin à leur exil en France pour rentrer au Canada. Tous les membres de la cellule Libération du FLQ, à l'exception d'un seul qui demeure à Paris, sont de retour au Québec à la fin de l'hiver. Le couple Cossette-Trudel revient à Montréal le 13 décembre 1978. Il est suivi le 6 janvier 1979 de Jacques Lanctôt et de sa famille, puis le 22 mars d'un membre du FLQ de la vague 1968, en exil à Cuba, Jean-Pierre Charette. Si les premiers sont libérés sous caution à leur arrivée, le dernier, en revanche, passe rapidement en justice et est condamné à une peine minimale de prison. Pour le gouvernement québécois, le retour des membres du FLQ pourra sans doute éclaircir les circonstances entourant la crise d'octobre 1970.
Baisse du dollar
Jusqu'à la perte du pouvoir, le gouvernement Trudeau n'aura pas réussi à redresser l'économie canadienne. La chute du dollar, le taux de chômage élevé et le déficit accru de la balance commerciale sont les maux les plus apparents.
Entre le 17 mai et le 4 octobre 1978, le dollar canadien perd 6 cents, passant de 90,35 cents américains à 84,05 cents, et ce malgré 1 milliard de dollars injectés sur les marchés internationaux pour l'affermir. Ottawa attribue d'ailleurs à la baisse du dollar une forte proportion de l'inflation, qui se situe tout au long de l'année autour de 9 %. Quant au chômage, il se maintient entre 8 et 9 % dans l'ensemble du pays, mais plus près de 20 % dans les Provinces maritimes et de 12 % au Québec.
Face à cette situation déprimante, les hommes d'affaires, les syndicats et les associations de consommateurs pressent le gouvernement Trudeau d'agir et d'appliquer au plus tôt la relance économique :
– le 16 août 1978, Ottawa annonce une réduction de 5 000 emplois dans la fonction publique, afin de réduire les dépenses de 1,5 milliard de dollars, et sabre dans d'autres secteurs pour trouver 500 autres millions. Toutefois, ces restrictions, qui totalisent 2 milliards de dollars, révoltent l'opposition et les centrales syndicales ;
– le 24 août, le ministre canadien des Finances, Jean Chrétien, stoppe le prix du pétrole, augmente le revenu des personnes âgées et baisse le montant des allocations familiales, coupure corrigée par des crédits d'impôts ;
– le 10 septembre, le ministre de l'Emploi, Bud Cullan, annonce une coupure de 500 millions de dollars dans les prestations d'assurance chômage. Or, toutes ces politiques du gouvernement ne font rien pour permettre une reprise économique, et, le 25 octobre, le Conseil économique du Canada affirme que les restrictions d'Ottawa ont des effets néfastes sur l'économie. Il exige plutôt une baisse des taxes et des impôts ;
– le 6 décembre, le tableau s'assombrit lorsque Statistiques Canada révèle un déficit sans précédent de la balance des paiements au cours du troisième trimestre de 1978. L'écart entre l'entrée et la sortie des capitaux atteint 1,3 milliard de dollars, soit 3,1 milliards de dollars pour les neuf derniers mois de l'année ;
– le 12 avril 1979, au terme d'un nouvel accord général sur les tarifs et le commerce (GATT) paraphé à Genève par le Canada et ses principaux partenaires commerciaux, 80 % des exportations canadiennes entreront aux USA en complète franchise. Les États-Unis, en effet, achètent 75 % des produits canadiens vendus à l'étranger. De plus, l'accord négocié entre le Canada, les USA, la CEE et le Japon permettra à 90 % du commerce international canadien de bénéficier de 40 % de réduction tarifaire en moyenne.
Provinces
Cette année, plus de la moitié des provinces canadiennes sont appelées à juger leur administration respective lors d'élections législatives. Toutefois, une seule d'entre elles connaît un renversement de tendance :
– le 19 septembre 1978, en Nouvelle-Écosse, le Parti conservateur défait le Parti libéral et le gouvernement de Gerald Regan en place depuis 8 ans. Le PC s'empare de 31 des 46 sièges de l'Assemblée législative ;
– le 18 octobre, au lendemain d'élections circonstancielles fédérales, le gouvernement néo-démocrate de Allan Blekeney est reporté au pouvoir en Saskatchewan avec une majorité accrue. Il fait élire 45 députés contre 16 pour le Parti conservateur, le Parti libéral étant rayé de la carte électorale. La victoire du NPD est due à un programme de réservation des richesses naturelles de la province ;
– le 22 octobre, le Premier ministre conservateur du Nouveau-Brunswick, Richard Hatfield, est réélu de justesse pour un troisième mandat avec seulement 2 sièges de majorité, c'est-à-dire 30 députés contre 28 pour le Parti libéral. Le Parti acadien formé en 1974, qui prône la création d'une province indépendante acadienne, recueille, sans faire élire un de ses représentants, 4,3 % des votes, soit 3 % de plus qu'en 1974. Cette progression lente n'est pas sans rappeler celle du Parti québécois au Québec ;
– le 14 mars 1979, le Parti conservateur de l'Alberta dirigé par Peter Laugheed remporte 74 des 79 sièges à pourvoir à l'Assemblée législative, ne laissant que 4 sièges aux créditistes et un seul au NPD ;
– le 10 juin, à douze jours du scrutin fédéral, la Colombie britannique renouvelle le mandat du Premier ministre créditiste Bill Bennett, tout en assurant au NPD une remontée surprenante. Le CS fait élire 31 députés, le NPD 26 ;
– le 18 juin, enfin, le Parti conservateur conserve le pouvoir à Terre-Neuve. Le Premier ministre Brian Peckford obtient un autre mandat avec une majorité accrue, défaisant les libéraux dirigés par l'ancien ministre fédéral Don Jamieson. Sur un total de 52 sièges, 33 vont aux conservateurs et 19 aux libéraux.
USA
Washington. 219 874 966. 23. 0,65 %.
Économie. Le déficit de la balance commerciale s'est encore accru, ainsi que celui de la balance des paiements. Le rythme de la croissance industrielle s'est ralenti ; les augmentations de la production enregistrées dans la construction automobile et l'aluminium se confirment ; on note un léger recul dans la sidérurgie, une stagnation dans la construction navale. Avec l'apport de l'Alaska, l'extraction du pétrole s'est développée. La production de la houille est stagnante, ce qui contraint au maintien des importations de pétrole (leur coût excède le déficit de la balance commerciale et, en même temps, l'explique).
PIB (76) : 7 912. Production (76) : A 3 + I 33 + S 64. Énerg. (76) : 11 554. CE (76) : 7 %. Population active (77) : 90 546 000, dont A : 3,6 % ; I : 28,9 % ; D 67,5 %. Prix à la consommation (évolution 77) : + 6,5 %. Balance commerciale (77) exp. : 120,2 MM$ ; imp. : 147,9 MM$. Balance des paiements : – 26,5 MM$. Productions (77) : blé 55,1 Mt. maïs 161,5 Mt, coton 3,2 Mt, houille 608 Mt, pétrole produit 463 Mt (269 Mt de brut et 89,3 Mt de produits raffinés importés en 1976), gaz naturel 564 Gm3, électricité 2 185 TWh, fer 34,3 Mt, acier 113,3 Mt, aluminium 4,1 Mt, automobiles 12,6 M d'unités.
Transports. (*76) : 15 688 M pass./km, 1 146 492 Mt/km. (*76) : 109 003 000 + 26 152 000. : 15 300 000 tjb. (76) : 48 061 M pass./km.
Information. (75) : 1 812 quotidiens ; tirage global : 61 222 000. (75) : *402 000 000. (74) : *121 100 000. (76) : 155 173 000.
Santé. (73) 338 111. Mté inf. (76) : 15,1.
Éducation. (75). Prim. : *26 846 000. Sec. et techn. : 20 546 000. Sup. : 11 184 859.
Armée. : 2 068 800.
Institutions. État fédéral. République présidentielle. Constitution de 1787. Président et chef de l'exécutif : Jimmy Carter, élu le 2 novembre 1976 ; succède à Gérald Ford.
À l'actif, la Chine et le Proche-Orient au passif, l'inflation et l'Iran notamment
Deux réussites sont à porter à l'actif de Jimmy Carter au cours de cette année : la normalisation des relations entre les États-Unis et la Chine, et la conclusion du traité de paix israélo-égyptien. Ces succès ne parviennent cependant pas à faire oublier aux Américains les déconvenues éprouvées par leurs dirigeants en politique étrangère ni certaines infortunes en matière économique.
Chine populaire
Dès le mois de juin 1978, les responsables de la diplomatie américaine ont fait connaître leur intention d'« accélérer » la normalisation des relations avec Pékin. Au cours des mois qui suivent, les progrès sont peu sensibles sur le plan politique, mais les échanges économiques et techniques ne cessent de se développer. Ainsi, le 12 octobre, Washington annonce qu'un satellite de télécommunications pourra être livré à la Chine. La visite à Pékin, début décembre, du secrétaire à l'Énergie, James Schlesinger, s'achève sur la mise au point d'un catalogue de projets de coopération entre les deux pays.