Si le polyéthylène brûle assez facilement avec les ordures, sans dégager de fumées toxiques, il n'en va pas de même avec le polychlorure de vinyle, dont l'incinération libère de l'acide chlorhydrique, nuisible aux cheminées des chaudières comme aux poumons des citadins. Mais le problème le plus aigu pour la protection de l'environnement est constitué par les emballages de plastique abandonnés dans la nature. Insolubles dans l'eau, inoxydables, inattaquables aux bactéries, ils s'accumulent inexorablement, souillant les cours d'eau, les lacs, les sites.
De nombreux laboratoires s'efforcent de trouver une solution à ce problème qui pourrait reprendre le titre d'une pièce bien connue : Comment s'en débarrasser ?
Une première voie consiste à trouver des formules de polymères qui seraient digérés par les bactéries du milieu naturel. C'est ce qu'on est arrivé à faire pour les lessives, avec les détergents biodégradables. Mais jusqu'ici on n'a pas trouvé de plastiques possédant les qualités requises pour l'utilisation industrielle tout en excitant l'appétit des microbes.
L'idée a été également avancée de sélectionner des souches microbiennes mutantes capables de s'attaquer à certains des polymères actuellement en usage. En admettant qu'on obtienne de telles souches, encore faudrait-il les répandre dans le milieu naturel à protéger...
Décomposé par la lumière
Le chimiste britannique Gerald Scott a annoncé, au début de 1971, qu'il avait obtenu un résultat dans une autre voie : en incorporant certains groupements d'atomes dans la chaîne de polymères, il obtenait une matière qui s'effritait d'elle-même après un certain temps d'exposition aux rayons solaires. La poussière qui en résulte est ensuite aisément digérée par les bactéries.
À peu près en même temps, un laboratoire japonais annonçait la mise au point d'une matière plastique qui se réduit en poudre lorsqu'on l'expose à la lumière des projecteurs.
En fait, les chimistes sont enfermés dans une contradiction. Une des qualités des matières plastiques est précisément leur indestructibilité : il est paradoxal de la diminuer en les rendant vulnérables à la lumière ou aux bactéries. Le problème consiste à trouver un processus de destruction qui n'agisse qu'à retardement et ne se déclenche pas à l'improviste : Gerald Scott a réussi à incorporer à son plastique autodestructeur un composé qui joue le rôle d'avertisseur en changeant de couleur au moment où va s'amorcer la décomposition. En outre, comme beaucoup d'emballages contiennent des aliments, il faut veiller à ce que les nouveaux plastiques ne soient pas toxiques. Du résultat de ces recherches dépend l'avenir d'un des plus importants secteurs de lutte contre la pollution industrielle.