Les premières recherches porteront sur l'effet des impuretés dans un métal, sur les propriétés encore inexpliquées des semi-conducteurs amorphes. Certaines études concerneront la biologie : en particulier, la structure des protéines des membranes, problème à l'ordre du jour pour la compréhension du fonctionnement de la matière vivante.

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L'avortement thérapeutique : une âpre controverse

Une proposition de loi sur l'avortement, rédigée par le Dr Peyret, membre du Conseil de l'Ordre, a été déposée au nom du groupe UDR sur le bureau de l'Assemblée en octobre 1970. Comme la loi Neuwirth (Journal de l'année 1967-68 ; 1968-69), ce projet soulève des réactions passionnelles. Voici les faits et quelques-unes des opinions les plus extrêmes.

Alors que tous les pays dits développés ont plus ou moins autorisé l'avortement, la France conserve, avec l'Espagne, le Portugal, l'Italie, la Grèce et la Belgique, une législation très restrictive. Selon l'article 317 du code pénal, datant de 1939, l'avortement n'est légal que « lorsque la sauvegarde de la vie de la mère, gravement menacée, l'exige ». Du fait des progrès de la médecine, le nombre des avortements thérapeutiques est faible. De lourdes peines demeurent prévues contre les femmes qui se font avorter (6 mois à 2 ans de prison et une amende de 3 600 à 7 200 F) et surtout contre leur complice (de 1 à 5 ans de prison, si c'est une personne non qualifiée ; interdiction, de surcroît, d'exercer sa profession pendant 5 ans au minimum, si c'est un médecin). Néanmoins, l'avortement clandestin est largement pratiqué.

Bataille autour de l'avortement

Jugée trop libérale par certains, trop timide par d'autres, la proposition de loi du docteur Peyret suscite un large mouvement d'opinion. Adversaires acharnés de « l'assassinat institutionnalisé » et militants de « l'avortement libre et gratuit » s'affrontent. Première levée de boucliers en décembre 1970 : l'association Laissez-les vivre est constituée. Quelques jours plus tard, le centre Humanae vitae crée un comité de liaison regroupant les associations contre l'avortement. La guerre des communiqués commence ; elle dégénère le 5 mars en bagarre, au cours du meeting du mouvement Laissez-les vivre, organisé à la Mutualité. Aux discours des orateurs, coupés des slogans du mouvement de Libération de la femme (une centaine de manifestantes étaient venues porter la contradiction), succèdent quelques sérieux accrochages. Fin mars, un manifeste contre le « projet d'assassinat » du docteur Peyret recueille 100 signatures. La controverse connaît un spectaculaire rebondissement le 6 avril. « Je déclare avoir avorté, je réclame l'avortement libre et gratuit » : 343 femmes signent un manifeste que publie le Nouvel Observateur.

Pour la première fois, quelques-unes de celles qui ont enfreint l'article 317 du code pénal le proclament publiquement.

Le parti communiste prend position le 21 mai. Envisageant l'avortement comme un « recours ultime », il repousse les conceptions qui « culpabilisent la femme et les couples en assimilant à un acte criminel l'interruption de la grossesse ».

Statistiques de l'illégalité

Les calculs de l'Institut national d'études démographiques aboutissent à un total de 250 000 à 300 000 fausses couches provoquées par an. Les milieux médicaux et paramédicaux établissent une fourchette plus élevée : de 800 000 à 1 million. Le chiffre exact se situe certainement entre ces estimations, encore qu'elles ne tiennent pas compte des avortements pratiqués sur des Françaises dans des pays voisins.

Un tel décalage entre les faits et la loi ne surprend pas : l'avortement illégal est rarement sanctionné. Environ 500 condamnations sont prononcées chaque année en correctionnelle, à la suite de dénonciations ou d'accidents. Le risque de mortalité consécutif aux manœuvres abortives et à leurs complications : péritonite, septicémie, perforation du vagin, de l'utérus, hémorragie, embolie, insuffisance rénale aiguë et même tétanos, est estimé à 1/1 000 par le haut comité de la population. Mais, selon les statistiques des caisses d'assurance maladie, plus de 60 % des avortements ont des conséquences ultérieures graves : la stérilité notamment.

L'avortement artisanal

Toutes les classes sociales y recourent : une femme aisée séjourne à l'étranger, dans une clinique, le temps nécessaire ; une autre, de condition modeste, s'adresse à une infirmière ou à une sage-femme, voire (84 % des cas) à un tiers dépourvu de toute connaissance médicale ; ces artisans opèrent avec des instruments souvent déconcertants. Enfin, 6 % des intéressées posent une sonde elles-mêmes. Toujours selon les caisses d'assurance maladie, 43 % sont hospitalisées ensuite pour curetage ou soins divers, en vertu du devoir d'assistance à personne en danger.