Sciences

Prix Nobel 1970

Économie

Paul A. Samuelson

Né en 1915 à Gary (Indiana), Paul Anthony Samuelson est professeur au célèbre Massachusetts Institute of Technology (MIT). Il a commencé par étudier la physique. Cette formation scientifique a influencé son œuvre d'économiste : dès son premier livre, les Fondements de l'analyse économique, il exposait la théorie économique sous forme de modèles mathématiques rigoureux et en faisant appel à des concepts de mécanique et de thermodynamique. Il a poursuivi cet effort d'abstraction en appliquant aux diverses branches de la science économique les techniques mathématiques modernes. Ce théoricien a su s'adresser au grand public : son manuel l'Économique a été édité en quatre-vingts langues et a touché des millions de lecteurs. Samuelson a été le conseiller de plusieurs présidents démocrates, dont Kennedy. Tout en soutenant les principes de l'économie de marché, il a préconisé le recours aux dépenses budgétaires dans la lutte contre le sous-emploi, ainsi que (en 1968) la dévaluation du dollar. Ses plus récents articles reflètent cependant les hésitations de la science économique américaine, tiraillée entre les keynésiens et les libéraux.

Physique

Hannes Alfven

Né en 1908 à Norrköping, dans le sud de la Suède. Etudes à l'université d'Uppsala. Travaille tantôt aux États-Unis (université de Californie), tantôt à Stockholm, où il enseigne à l'Institut royal de technologie. A développé cette branche nouvelle et très importante de la physique qu'est l'étude des plasmas, milieux gazeux ionisés, et de leur comportement dans les champs magnétiques, électriques et gravitationnels. Les propriétés qu'il a découvertes trouvent de nombreuses applications en magnétohydrodynamique, dans les recherches en cours pour la maîtrise de l'énergie thermonucléaire, en géophysique (courants de particules piégées dans la magnétosphère terrestre), en astrophysique (rôle du champ magnétique dans la formation du système solaire). Le professeur Alfven est l'auteur d'une théorie selon laquelle il existerait, dans l'univers actuel, des nuages de matière et des nuages d'antimatière, sans annihilation catastrophique.

Luis Federico Leloir

Né à Paris en 1906, devenu Argentin, a fait ses études à Buenos Aires. Après avoir travaillé dans des laboratoires britanniques, argentins et américains, il est nommé directeur de l'Institut de biochimie de Campomar, puis directeur du département de biochimie de l'université de Buenos Aires. C'est là qu'en 1964 le professeur Leloir isole des nucléotides (constituants des acides nucléiques) dans les grains de blé. Il montre l'importance, dans le métabolisme des sucres, des composés comprenant un nucléotide associé à un glucide, comme l'uridine diphospho-glucose, qui intervient dans la transformation des sucres élémentaires les uns dans les autres, et joue le rôle de précurseur dans la formation de molécules à longue chaîne comme l'amidon ou le glycogène. Ces travaux n'éclairent pas seulement le métabolisme des animaux supérieurs, mais aussi la formation de structures telles que les parois des cellules végétales.

Louis Néel

Né en 1904 à Lyon. École normale supérieure, doctorat (1932). Commence sa carrière à Strasbourg, avec P. Weiss, qui démontra que, dans les corps ferromagnétiques, les atomes voisins sont disposés parallèlement, formant des « domaines ». Professeur de physique expérimentale à Grenoble, directeur de l'Institut polytechnique, enfin directeur du Centre d'études nucléaires, Louis Néel montre que dans certains corps non capables d'aimantation permanente, les atomes peuvent, à très basse température, se coupler en directions opposées (antiparallèles), donnant des substances aux propriétés particulières, les antiferromagnétiques. Il découvre les cristaux ferrimagnétiques, où des atomes antiparallèles ont des moments magnétiques différents, donnant une aimantation d'ensemble au cristal. Telles sont les ferrites, aimants non conducteurs, utilisées pour les antennes, les mémoires d'ordinateurs, les fermetures magnétiques.

Médecine et physiologie

Julius Axelrod

Né en, 1912 à New York. Laborantin dans divers hôpitaux, biochimiste au National Health Institute, docteur en pharmacie en 1955, il entre au National Institute of Mental Health de Bethesda. Utilisant une noradrénaline radioactive, il montre que cette substance, injectée dans la circulation périphérique, est captée par certains neurones et se comporte comme la noradrénaline naturelle. Ce procédé a permis d'étudier le métabolisme de la noradrénaline dans le système nerveux central.

Ulf von Euler

Fils de Hans von Euler, lui-même prix Nobel de chimie (1925), Ulf von Euler est né à Stockholm en 1905. Titulaire de la chaire de physiologie de la faculté de médecine de Stockholm, il bénéficie ensuite d'une bourse Rockefeller qui lui permet d'effectuer des recherches à Londres, Birmingham, Gand et Buenos Aires. Elles portent notamment sur le rôle de la noradrénaline dans le fonctionnement du système nerveux sympathique, et sur son mode de stockage dans les terminaisons nerveuses.

Sir Bernard Katz

Né en 1911 à Leipzig. Émigré à l'avènement de Hitler et devient sujet britannique. Directeur du département de biophysique de l'University Collège de Londres. Avec son équipe de chercheurs, il met au point des techniques nouvelles d'investigation des phénomènes électriques au niveau des cellules et montre que les messages du système nerveux sont transmis aux fibres musculaires par un médiateur chimique, l'acétylcholine, qui déclenche les contractions du muscle.