Le coup d'État de Kampala a profondément divisé l'opinion africaine. J. Nyerere, président de la Tanzanie, accorde asile à M. Obote, et les États progressistes du continent refusent d'engager le dialogue avec le général Idi Aminé Dada. La République de Guinée et la République populaire du Congo mènent une vigoureuse offensive diplomatique contre l'équipe gouvernementale ougandaise. C'est sous la pression de ces derniers que la conférence des chefs d'État de l'OUA, initialement prévue à Kampala, doit se tenir à Addis-Abeba. L'obstination de M. Obote, qui refuse d'admettre sa défaite, les ambiguïtés du nouveau régime sur l'orientation profonde duquel on se perd en pronostics, mettent gravement en échec les putschistes sur le plan international.

On apprend le 13 mai que les autorités de Kampala offrent une prime de 765 000 F à qui ramènera vivant l'ancien président Obote. Cinq de ses anciens ministres sont libérés quelques jours plus tard.

RAU

33 329 000. 35. 2,5 %.
Économie. PNB (67) 186. Production (66) : A 28 % + I 27 % + S 45 %. Énerg. (*68) : 298. C.E. (67) : 11 %.
Transports. (*68) : 5 512 M pass./km, 3 001 M t/km. (*68) : 115 900 + 26 700.  : 239 000 tjb. (*68) : 620 519 000 pass./km.
Information. (65) : 14 quotidiens. (68) : 418 000. (67) : 146 400 fauteuils ; fréquentation : 65,8 M. (68) : 365 000.
Santé (66). 13 640.
Éducation (67). Prim. : 3 506 429. Sec. et techn. : 1 229 370. Sup. : 179 100.
Institutions. République proclamée le 18 juin 1953, après le coup d'État du 26 juillet 1952 qui renversa le roi Farouk. Constitution de 1964. Président de la République : Anouar El Sadate, élu le 16 octobre 1970 ; succède au colonel Gamal Abdel Nasser, décédé. Premier ministre : Mahmoud Fawzi.

Nasser

La mort du président Nasser, le 28 septembre 1970, a provoqué le désarroi et l'angoisse dans la population. L'héritage présente un lourd passif : occupation d'une partie du territoire par des troupes étrangères, une guerre larvée, de graves problèmes économiques et sociaux.

La succession parait encore plus difficile à assumer. L'immense prestige du chef de la révolution, son ascendant sur les masses arabes, le rôle qu'il a joué dans son pays et sur la scène internationale ont fait de lui une personnalité hors de pair.

D'autant plus que la classe dirigeante sur laquelle il s'appuyait n'est pas homogène et qu'aucun des clans qui la composent n'est suffisamment puissant ou même uni pour imposer sa loi ou sa volonté aux autres.

Compromis

La désignation de Anouar El Sadate, vice-président de la République, comme successeur du Rais a été le fruit d'un compromis. Il bénéficie d'une double qualité : il n'a suscité, au cours de sa longue carrière politique, que très peu d'inimitiés violentes, peut-être parce qu'il ne manifestait pas d'ambitions démesurées ; ancien membre du conseil de la révolution (qui avait renversé la monarchie en 1952), il est l'un des rarissimes compagnons de Nasser qui ne soit pas tombé en disgrâce au fil des années ; il peut être présenté au peuple comme le symbole de la continuité.

Anouar El Sadate obtint la caution des plus hautes autorités de l'État, tour à tour du Comité exécutif suprême et du Comité central de l'Union socialiste arabe (le parti unique), le 5 octobre 1970, et de l'Assemblée nationale, le 7 octobre. Le 15 octobre, le pays sanctionne ce choix par un référendum qui donne au candidat unique à la présidence 90,4 % des suffrages exprimés.

Panachage

Deux jours plus tard, un nouveau gouvernement est constitué. Sa composition reflète bien les tendances qui se partagent le pouvoir. Le Premier ministre, Mahmoud Fawzi, diplomate de carrière, pro-occidental et modéré, anime une équipe qui comprend des nassériens de gauche et prosoviétiques, tels Chaaraoui Gomaa, le ministre de l'Intérieur, Sami Charaf, le chef occulte des réseaux parallèles, Mohamed Fayek, ministre de l'Information, ainsi que des représentants de la droite du régime comme Aziz Sedki et Sayed Marei, respectivement ministres de l'Industrie et de la Réforme agraire.