Un groupe d'émigrés guinéens, hostiles au régime de Sékou Touré, et bénéficiant de l'aide de militaires portugais, ont bien débarqué dans la capitale guinéenne. Parvenus à occuper des bâtiments publics et à libérer des détenus politiques, ils ont pu se maintenir quelques heures sur place ; le président guinéen rapidement reprend en main le contrôle de la situation. Ce succès s'explique à la fois par les erreurs des agresseurs et par le concours décisif apporté à l'armée par les militants du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée-Bissau et des îles du Cap-Vert (PAIGC), dont le quartier général se trouve à Conakri, où séjourne fréquemment son chef, Amilcar Cabral.

L'agression manques de Conakri contribue paradoxalement à renforcer le régime. L'ONU condamne solennellement le Portugal, tandis que tous les États africains adressent des messages de soutien au président Sékou Touré. Les États-Unis lui accordent une aide financière exceptionnelle. Parallèlement, la reprise du dialogue franco-guinéen, largement amorcée avant les événements du 22 novembre, est compromise et les relations avec le Sénégal se dégradent dangereusement.

Une épuration de vaste envergure est entreprise à Conakri. Mgr Raymond-Marie Tchidimbo est arrêté dans la nuit du 24 au 25 décembre. Plusieurs centaines de suspects sont jetés en prison et, accusant Bonn de s'être ingérée dans les affaires internes de son pays, Sékou Touré exige le rappel immédiat de l'ambassadeur ouest-allemand à Conakri.

Des tribunaux populaires sont constitués ; les comités du parti unique et l'Assemblée nationale exigent la mise à mort immédiate des conjurés impliqués dans l'affaire.

Après le Portugal et l'Allemagne de l'Ouest, la France est à son tour mise en accusation, puis le Vatican. À l'issue de procès expéditifs, Mgr Tchidimbo est condamné à la détention perpétuelle ; 91 personnes sont condamnées à mort. Parmi ces dernières figurent plusieurs personnalités qui semblent bien avoir été exécutées dès mai 1969, car, en effet, le territoire a été, à plusieurs reprises, le théâtre d'exécutions sommaires. Parmi ces exécutions figurait, dit-on, celle de Keita Fodeiba, ancien ministre de l'Intérieur, ancien homme de confiance de Sékou Touré, sur le sort duquel on s'est interrogé pendant de longs mois.

Pendaisons

Plusieurs dizaines de pendaisons publiques ont eu lieu sans qu'on en puisse préciser le nombre exact, les informations les plus contradictoires circulant à ce sujet. Une atmosphère de folie souffle alors sur Conakri, où Sékou Touré compose, pour la circonstance, un poème intitulé l'Adieu aux traîtres, dédié aux exécutés.

Paul VI élève une protestation. Les relations diplomatiques entre la Guinée et l'Allemagne de l'Ouest sont suspendues. La France, qui conserve d'importants intérêts économiques en Guinée, adopte une réserve prudente.

En février, Sékou Touré remanie son gouvernement, puis le haut commandement militaire sans que la paix intérieure soit rétablie. En mars, puis en juin, le président fait état d'une nouvelle menace d'agression étrangère ; en avril, il affirme avoir échappé à une tentative d'attentat. Plusieurs anciens membres du gouvernement et de nombreux hauts fonctionnaires sont arrêtés deux mois plus tard, en juin.

En dépit des difficultés intérieures, les Guinéens n'hésitent pas à intervenir à leurs frontières. En mars, des troupes se rendent en Sierra Leone, où elles séjournent plusieurs mois, et aident Siaka Stevens, Premier ministre, à se maintenir au pouvoir.

Guinée équatoriale

286 000. 10. 1,8 %.
Économie. Énerg. (*68) : 160.
Information. (67) : 1 quotidien ; tirage : 1 000.
Santé (66). 53.
Éducation (66). Prim. : 38 395. Sec. et techn. : 2 473.
Institutions. République indépendante le 12 octobre 1968. Constitution de 1968. Président de la République : Francisco Macias Nguema (Rio Muni), élu le 29 septembre 1968. Vice-président : Edmundo Bosio Dioco (Fernando Poo).

Haute-Volta

5 384 000. 20. 2,1 %.
Économie. PNB (66) 49. Énerg. (*68) : 10. C.E. (66) : 7 %.
Transports. (*68) : 5 200 + 6 000. (*68) : 54 408 000 pass./km.
Information. (68) : 80 000. (67) : *500. (68) : 2 999.
Santé (67). 68.
Éducation (67). Prim. : 97 364. Sec. et techn. : 8 966. Sup. : 58.
Institutions. État indépendant le 5 août 1960. République (11 décembre 1958). Constitution de 1960, révisé le 14 juin 1970. Président de la République : général Sangoule Lamizana, auteur du coup d'État du 3 janvier 1966 qui renverse le président Yameogo. Premier ministre : Gerard Kaongo Ouedraogo. La première Assemblée nationale depuis le coup d'État de 1966 est élue le 20 décembre 1970. L'ancien président Yameogo, condamné en 1969 à 5 ans de travaux forcés, est libéré le 5 août 1970.

Kenya

10 506 000. 19. 2,3 %.
Économie. PNB (68) 125. Production (65) : A 38 % + I 15 % + S 47 %. Énerg. (*68) : 144. C.E. (68) : 14 %.
Transports. (*68) : 80 600 + 14 400. (*68) : 222 188 000 pass./km.
Information. (67) : 3 quotidiens ; tirage global : 85 000. (68) : 500 000. (68) : *15 000. (63) : 12 600 fauteuils ; fréquentation : 7,3 M. (68) : 65 445.
Santé (67). 970.
Éducation (68). Prim. : 1 209 880. Sec. et techn. : 4 298. Sup. : 308.
Institutions. État indépendant le 12 décembre 1963. République proclamée le 12 décembre 1964. Constitution de 1963, révisée en 1964. Président de la République et Premier ministre : Jomo Kenyatta, réélu pour la seconde fois le 22 novembre 1969.

Lesotho

890 000. 30. 2,9 %.
Économie. PNB (67) 88.
Information. (68) : 1 844.
Santé (67). 38.
Éducation (67). Prim. : 167 803. Sec. et techn. : 4 298. Sup. : 308.
Institutions. Ancien Basutoland, indépendant le 4 octobre 1966. Monarchie. Constitution de 1965 suspendue. Souverain : Moshoeshoe II. Evincé du pouvoir par Leabua Jonathan le 16 février 1970, le roi recouvre ses fonctions (réduites à un rôle honorifique) le 5 décembre 1970, après un exil de huit mois aux Pays-Bas. Premier ministre : Leabua Jonathan, qui exerce tous les pouvoirs.

Libéria

1 150 000. 10. 1,9 %.
Économie. PNB (66) 210. Production (66) : A 25 % + I 38 % + S 37 %. Énerg. (*68) : 284. C.E. (66) : 64 %.
Transports. (*68) : 13 400 + 5 800.  : 29 215 000 tjb.
Information. (66) : 3 quotidiens ; tirage global : 8 000. (66) : *152 000. (67) : *4 600. (66) : 7 400 fauteuils ; fréquentation : 9 M. (68) : *3 600.
Santé (65). 96.
Éducation (68). Prim. : 120 101. Sec. et techn. : 14 127. Sup. : 1 282.
Institutions. République présidentielle, indépendante depuis le 26 juillet 1847. Constitution de 1847. Président de la République et chef de l'exécutif : William V. S. Tubman, réélu le 4 mai 1971, pour la septième fois depuis 1943.

Libye

1 869 000. 1. 3,7 %.
Économie. PNB (67) 1 073. Production (66) : A 5 % + I 67 % + S 28 %. Énerg. (*68) : 501. C.E. (67) : 77 %.
Transports. (*68) : 77 300 + 35 200. (*68) : 210 774 000 pass./km.
Information. (67) : 7 quotidiens ; tirage global : 35 000. (68) : 76 000. (68) : *31 700.
Santé (67). 567.
Éducation (66). Prim. : 215 841. Sec. et techn. : 32 591. Sup. : 2 215.
Institutions. État indépendant le 24 décembre 1951. République proclamée par le coup d'État militaire du 1er septembre 1969, qui renverse la monarchie constitutionnelle du roi Idriss Ier. Président du Conseil : colonel Moammer El-Kadhafi ; succède, le 16 janvier 1970, à Mahmoud Soliman El-Maghrabi.

Complots

Le régime du colonel Moammer El-Kadhafi parait se consolider. Diverses mesures politiques et économiques contribuent à stabiliser le pouvoir des jeunes officiers (Journal de l'année 1969-70). La répression contre les partisans de l'ex-roi Senoussi s'accentue en juillet 1970, à la suite de la découverte d'un complot dans lequel sont impliqués deux anciens Premiers ministres, Abdel Hamid Baccouche et Hussein Mazek. Le 29 juillet, un tribunal du peuple est constitué pour juger les personnalités arrêtées. Le 7 août, un coup est porté également à l'opposition de gauche : deux anciens compagnons du colonel Kadhafi, arrêtés en décembre 1969 sous l'accusation de complot, les lieutenants-colonels Adam Hawaz et Moussa Ahmed, sont condamnés à la prison à vie ; 21 autres officiers sont condamnés à des peines allant de trois à trente ans de prison. En appel, les deux principaux inculpés sont condamnés à mort le 17 octobre 1970, mais leur peine est, peu après, commuée en détention perpétuelle. Un mois auparavant (le 16 septembre), le colonel Kadhafi avait donné satisfaction à l'armée en portant de cinq à huit le nombre des militaires faisant partie du gouvernement.