Au-delà de la politique de coopération, ce geste traduit une réalité : près de 100 000 Français, la plus importante communauté vivant à l'étranger, sont établis au Maroc, et certains y ont des intérêts considérables. En normalisant la situation, les conversations de M. Schumann à Rabat ont abouti à la création d'une commission interministérielle devant être le régulateur des relations entre les deux pays. Sans doute doit-on à cette bonne ambiance que le problème de la marocanisation ait été posé, en mars, dans des termes à la fois prudents et modérés. Dans son allocution du 3 mars 1971, le roi Hassan II tient à donner le ton, en précisant : « Marocanisation n'est pas nationalisation. »
Marocanisation
À l'étape actuelle, la marocanisation va surtout s'appliquer au secteur tertiaire, et elle portera sur les représentations exclusives de marques étrangères par des personnes physiques ou des sociétés. Le capital de ces dernières devra être marocain à 51 %, et leurs conseils d'administration ainsi que le personnel de gestion devront le devenir dans la proportion des deux tiers. La nationalité marocaine sera exigée de tous les concessionnaires exclusifs de firmes étrangères.
Les dirigeants marocains sont très attentifs au problème que leur pose un taux de croissance démographique parmi les plus élevés du monde (3,3 %). Le déséquilibre entre cette poussée accélérée et le développement économique a pour résultat un écart entre la demande effective d'emplois, évaluée à 700 000 pour les cinq années du Plan (1968-72), et l'effort accompli, qui ne devrait permettre d'en offrir que 485 000. L'agriculture occupant encore 70 % de la population, le seul moyen de combler cet écart est une industrialisation énergique ; le principal projet auquel s'attache le gouvernement est la réalisation du complexe sidérurgique de Nador, pour lequel le groupe Creusot-Loire a été pressenti.
Marquée, elle aussi, par les initiatives du roi, la politique extérieure a consacré le rapprochement du Maroc avec ses voisins immédiats : Mauritanie, Algérie, Espagne. La rencontre historique de Nouadhibou (Mauritanie), le 14 décembre 1970, entre Hassan II, le président mauritanien, Moktar Ould Daddah, et le chef de l'État algérien, Houari Boumediene, a démontré avec éclat la volonté de Rabat de classer le dossier des revendications marocaines à l'égard de ces deux pays.
Île Maurice
799 000. 390. 2,4 %.
Économie. PNB (67) 257. Production (66) : A 24 % + I 25 % + S 51 %. Énerg. (*68) : 148. C.E. (67) : 32 %.
Transports. (*68) : 12 300 + 5 300.
Information (68) : 11 quotidiens ; tirage global : 78 000. (68) : 78 000. (68) : 13 000. (68) : 70 000 fauteuils ; fréquentation : 7,4 M. (68) : 15 966.
Santé (67). 188. Mté inf. (68) : 69,1.
Éducation (68). Prim. : 142 939. Sec. et techn. : 40 948. Sup. : 178.
Institutions. État indépendant le 12 mars 1968. Constitution de 1967, amendée le 18 novembre 1969. Gouverneur général représentant la Couronne britannique : John Rennie. Premier ministre : Seewoosagur Ramgoolam.
Rapprochement avec Paris
L'île Maurice ne cesse de renforcer ses liens avec les États africains francophones et avec la France.
À trois reprises, Gaëtan Duval, ministre des Affaires étrangères, se rend à Paris, où il signe en mars des accords de coopération avec la France. De leur côté, les ministres français visitent l'île Maurice, entre autres Yvon Bourges et Henry Rey, alors ministre d'État chargé des TOM et DOM.
Avec la Grande-Bretagne, ancienne puissance tutrice, c'est, en revanche, un vent de polémique qui souffle un court instant. Le gouvernement ayant décidé, en juillet, d'accorder un droit d'escale aux chalutiers soviétiques, les alarmistes font état des risques de pénétration de l'URSS dans cette région de l'océan Indien. Au cours d'un voyage à Londres, sir Seewoosagur Ramgoolam affirme qu'il n'est pas question d'installer la moindre base soviétique à Maurice. Londres se félicite officiellement de ce que l'accord de défense anglo-mauricien ne soit pas violé, et Gaétan Duval va jusqu'à laisser entendre que la création d'une base navale britannique dans son pays n'est pas exclue. Ce n'est pas une des moindres manières de se faire remarquer de ce gentleman brillant qui, après avoir démissionné en novembre, reprend son portefeuille six semaines plus tard, et qui, en mai, se rend en visite officielle à Pretoria.
Mauritanie
1 140 000. 1. 2 %.
Économie. PNB (63) 121. Énerg. (*68) : 60. C.E. (65) : 46 %.
Transports. (*68) : 5 456 M t/km. (*68) : 3 700 + 4 500. (*68) : 67 419 000 pass./km.
Santé (65). 35.
Éducation. Prim. (65) : 20 020. Sec. et techn. (64) : 1 684.
Institutions. État indépendant le 28 novembre 1960. République (28 novembre 1958). Constitution de 1961 ; régime présidentiel. Président de la République et président du Conseil des ministres : Moktar Ould Daddah, réélu le 7 août 1966.
Niger
4 016 000. 3. 1,1 %.
Économie. PNB (66) 88. Énerg. (*68) : 14. C.E. (66) : 11 %.
Transports. (*67) : 2 600 + (*68) : 4 800. (*68) : 60 609 000 pass./km.
Information. (65) : 1 quotidien ; tirage : 1 300. (68) : 75 000. (68) : 3 172.
Santé (67). 66.
Éducation (67). Prim. : 77 261. Sec. et techn. : 4 754.
Institutions. État indépendant le 3 août 1960. République (18 décembre 1958). Constitution de 1960 ; régime présidentiel. Président de la République et chef de l'exécutif : Diori Hamani, réélu pour la troisième fois le 1er octobre 1970.
Nigeria
66 174 000. 72. 2,5 %.
Économie. PNB (66) 76. Production (66) : A 56 % + I 17 % + S 27 %. Énerg. (*68) : 29. C.E. (66) : 17 %.
Transports. (*68) : 586 M pass./km, 1 788 M t/km. (*68) : 63 000 + 30 000. : 98 000 tjb. (*68) : 154 336 pass./km.
Information. (66) : 24 quotidiens ; tirage global : 417 000 pour 20 quotidiens. (67) : *42 000. (60) : 65 400 fauteuils. (68) : 75 900.
Santé (67). 1 982.
Éducation (67). Prim. : 1 778 976. Sec. et techn. : 172 766. Sup. : 8 076.
Institutions. État fédéral indépendant le 1er octobre 1960. République proclamée le 1er octobre 1963. Constitution de 1967. Président du Conseil militaire suprême : lieutenant-colonel Yakubu Gowon. Le Conseil exerce l'ensemble des pouvoirs.
Ghetto biafrais
Victorieux de la sécession biafraise (Journal de l'année 1969-70), le gouvernement fédéral affirme tout mettre en œuvre pour favoriser la réconciliation entre les anciens rebelles et le reste de la population. Le budget de la fédération prévoit un effort financier prioritaire en faveur des trois États du Centre-Est, du Sud-Est et des Rivières, et il est même question de reclasser dans la fonction publique tous les anciens fonctionnaires biafrais. En réalité, après les premiers mois de l'occupation militaire, le silence retombe autour de l'ancien Biafra.