Le régime d'exception parait toucher à sa fin. Le 24 janvier 1971, le président du Conseil de la révolution annonce la prochaine élaboration d'une constitution permanente, la désignation d'un Conseil du peuple qui ferait fonction de Parlement, et l'élection par vole référendaire d'un président de la République. Le colonel Kadhafi ajoute qu'il ne serait pas candidat, mais deux jours plus tard, à la suite de manifestations populaires, il revient sur sa décision. Le 30 juin 1971, la date de l'élection n'est cependant toujours pas fixée.

Nationalisations

La popularité du régime parait s'étendre à la faveur de certaines mesures économiques et sociales. Le 4 juillet 1970, les sociétés de distribution de produits pétroliers sont nationalisées. Le 22 décembre, l'État s'empare de toutes les banques appartenant partiellement à des étrangers ; en outre, les actions appartenant aux étrangers dans cinq banques du pays sont confisquées et les propriétaires indemnisés ; la fusion de ces cinq banques en une société anonyme libyenne, nommée Banque de l'Union, est également décrétée ; désormais, les compagnies d'assurances sont tenues de réserver à l'État une participation égale à au moins 60 % de leur capital.

Les entreprises italiennes sont les premières visées. Dès le 9 juillet 1970, le colonel Kadhafi lance une violente attaque contre la communauté italienne vivant en Libye, l'accusant « d'exercer un droit de propriété sur notre terre » et de nourrir des idées colonialistes. Le 21 juillet, le Conseil de la révolution décrète, d'une part, la confiscation de toutes les propriétés des Italiens établis dans le pays et, d'autre part, la nationalisation des biens des israélites qui avaient émigré depuis 1961 ; 600 juifs et 13 000 Italiens sont frappés par cette mesure. En outre, le colonel Kadhafi interdit tout renouvellement des licences commerciales, professionnelles ou industrielles détenues par des Italiens. La majeure partie de la communauté italienne — évaluée à 30 000 âmes — est ainsi obligée de quitter la Libye. Le 18 novembre 1970, enfin, plusieurs églises, qualifiées par les autorités de symboles du colonialisme italien, sont prises en charge par l'État en vue d'être transformées en mosquées.

Ces mesures n'empêchent pas, cependant, le commandant Abdel Sallam Jalloud, le vice-président du Conseil chargé de l'Économie, de lancer, le 24 avril 1971, un appel pressant au capital étranger (en fait, occidental) de participer au développement économique de la Libye.

Antisoviétisme

Le colonel Kadhafi tient, de toute évidence, à garder ses distances avec les pays de l'Est. Malgré ses liens avec l'Égypte nassérienne et ses professions de foi socialistes et anti-impérialistes, il multiplie les déclarations anticommunistes teintées d'antisoviétisme. La Libye importe des chars de fabrication russe, mais s'abstient de faire appel à des officiers instructeurs proposés par Moscou. Le gouvernement de Tripoli se prononce en faveur du retrait des flottes américaine et soviétique de la Méditerranée.

Cette prise de position coïncide avec celle de la France, avec laquelle la Libye entretient d'excellents rapports. Conformément aux accords passés fin 1969, la livraison d'avions Mirage a commencé en mars 1971 au rythme de 3 ou 4 appareils par mois. Avant la fin de 1973, Paris doit remettre à Tripoli 110 Mirage, et déléguer des techniciens et des conseillers militaires français en attendant qu'un personnel libyen qualifié soit formé.

Malgré les mises en garde du gouvernement français selon lesquelles un embargo serait imposé si « les Mirage livrés à la Libye changeaient de destination finale » (en d'autres termes, s'ils devaient être utilisés contre Israël), les dirigeants libyens réaffirment leur volonté de ne pas en tenir compte. Le gouvernement français, pour sa part, juge prématurée une révision de sa position, même après la conclusion, le 17 avril 1971, de l'accord de Benghazi portant sur la formation de l'Union des républiques arabes. Paris estime que cette union n'a pas encore pris une forme concrète et attend en tout cas le référendum, prévu pour le 1er septembre 1971, qui donnerait ou non naissance au rassemblement panarabe. Les milieux officiels ne cachent pas leur satisfaction après que le commandant Jalloud, le vice-président du Conseil libyen, eut déclaré, au cours d'une conférence de presse tenue le 24 avril, que « les Mirage serviront à défendre notre territoire ».

Moyen-Orient

La politique du colonel Kadhafi à l'égard du problème palestinien et des pays du Maghreb diverge sensiblement avec celle de la France. Le chef de l'État libyen, tout en établissant des relations cordiales avec la Tunisie — où il s'est rendu en visite officielle en février — et une étroite collaboration dans le domaine pétrolier avec l'Algérie, s'oriente ostensiblement vers les pays du Machrek. Bien qu'il ait approuvé la décision de Nasser, en juillet 1970, d'accepter le plan Rogers, le colonel Kadhafi prend position contre un règlement négocié du conflit avec Israël. Plutôt qu'à la guerre populaire, ses préférences vont à une guerre classique menée par les armées arabes. Cela ne l'empêche pas de verser des subsides à l'organisation El Fath, tout en refusant de poursuivre l'aide financière que la Libye accordait au gouvernement jordanien. Le colonel Kadhafi a accusé Hussein, au lendemain de la guerre civile de septembre 1970, de chercher à liquider les Palestiniens pour le compte de « capitales étrangères ».

Madagascar

6 750 000. 12.
Économie. PNB (67) 116. Énerg. (*68) : 60. C.E. (67) : 14 %.
Transports. (*68) : 181 M pass./km, 218 M t/km. (*68) : 41 600 + 27 600. (*68) : 197 803 000 pass./km.
Information. (67) : 10 quotidiens ; tirage global : 53 000. (67) : *350 000. (67) : 16 000 fauteuils. (68) : 23 993.
Santé (67). 659.
Éducation (67). Prim. : 743 531. Sec. et techn. : 73 722. Sup. : 3 449.
Institutions. État indépendant le 26 juin 1960. République (14 octobre 1958). Constitution de 1959, révisée en 1960. Président de la République et chef du gouvernement : Philibert Tsiranana, réélu le 30 mars 1965.

Succession

La longue maladie du président Philibert Tsiranana a de fâcheuses répercussions sur la vie politique. Une série d'événements sans liens apparents sont la conséquence indirecte de l'état de santé de l'homme d'État malgache depuis janvier 1970 (Journal de l'année 1969-70). Une poussée de fièvre s'est brusquement emparée de la Grande Ile, où la vie politique semblait pourtant caractérisée par une profonde léthargie.