À Londres, de nombreux députés travaillistes pensent — comme les dirigeants irlandais du Mouvement pour les droits civiques — que la seule façon de régler le problème c'est de mettre fin à la discrimination économique et politique subie par la minorité catholique depuis cinquante ans de pouvoir unioniste. Pour y parvenir, la Grande-Bretagne devrait assumer l'ensemble des responsabilités gouvernementales dans la province autonome, au moins le temps d'y réaliser les réformes nécessaires. Le gouvernement de H. Wilson hésite à intervenir davantage, craignant toujours de remettre en cause le statut du gouvernement de Belfast et d'être obligé de réviser la constitution de 1920. À Dublin, au contraire, le chef du gouvernement de la République d'Irlande réclame cette révision du statut des six comtés et ne cache pas son objectif final : la réunification de toute l'Irlande. L'armée républicaine secrète — la célèbre IRA de la guerre d'indépendance — menace d'intervenir en Ulster. Le représentant de la république d'Irlande à l'ONU demande, mais sans succès, l'inscription de la question de l'Irlande du Nord au Conseil de sécurité.

Finalement, une rencontre a lieu le 18 août, à Londres, entre H. Wilson et le major Chichester-Clark. Un accord intervient après six heures de négociations serrées. Le point essentiel prévoit la prise en charge immédiate de toutes les forces de police d'Irlande du Nord — y compris la force B — par le commandant en chef des forces britanniques. Il est également stipulé que « tous les citoyens d'Irlande du Nord doivent bénéficier de la même égalité de traitement et des mêmes droits que dans le reste du royaume ». Le gouvernement britannique assume désormais la réalité du pouvoir en Irlande du Nord.

L'accord est accueilli avec soulagement par les catholiques et les protestants modérés. Il provoque des réactions violentes chez les extrémistes partisans du pasteur de choc Ian Paisley. « Il ne peut pas y avoir de paix, déclare-t-il, tant que l'ennemi, c'est-à-dire l'Église catholique romaine, ne s'est pas rendu. » Le désarmement des forces supplétives et la refonte de la police, ordonnée par Londres, ne font qu'amplifier cette colère. Les troupes britanniques, qui assurent seules le maintien de l'ordre, parviennent à démanteler pacifiquement les barricades derrière lesquelles les catholiques sont retranchés depuis un mois, à Belfast et à Londonderry. Le 13 octobre, pourtant, elles ouvrent le feu sur une manifestation protestante armée. Bilan : 3 morts, 66 blessés.

La période de calme qui suit est mise à profit par le gouvernement du major Chichester-Clark pour entreprendre un certain nombre de réformes promises. Mais les chances de réussite de son plan de redressement de l'économie de la province restent minces. Il est peu vraisemblable que les industriels britanniques consentent à investir dans un contexte politique aussi incertain. La haine entre les deux communautés, en effet, n'a pas désarmé. Sporadiquement, la tension accumulée se décharge en affrontements qui tournent court, grâce à l'intervention des troupes britanniques.

L'élection, le 16 avril, du pasteur Ian Paisley et de son lieutenant W. Beattie au Parlement de l'Irlande du Nord risque bien de compromettre le fragile équilibre politique. Le nouveau député n'a pas caché son intention de renverser l'actuel chef du gouvernement : « Je lui rendrai la vie si difficile, a-t-il déclaré, qu'il devra se retirer. » Les protestants entendent ce langage avec satisfaction.

Le 26 juin, l'arrestation de Bernadette Devlin, condamnée en août 1969 à six mois de prison, provoque une nouvelle flambée de violences. À Londonderry et à Belfast, protestants et catholiques s'affrontent sauvagement durant toute la nuit. La bataille est plus meurtrière que le plus violent heurt de l'été 1969 : 6 morts, des centaines de blessés à Belfast. Londres envoie immédiatement un renfort de 550 hommes et 20 chars blindés. La visite du ministre de l'Intérieur britannique R. Maudling, le 30 juin, ne parvient pas a détendre l'atmosphère. On attend l'été en redoutant le pire.

Grèce

8 803 000. 67. 0,7 %.
Économie. PNB (67) 814. Production (66) : A 24 % + I 26 % + S 50 %. Énerg. (67) : 867. C.E. (67) : 7 %.
Transports. (*67) : 1 150 M pass./km, 563 M t/km. (*67) : 145 500 + 90 700.  : 7 416 000 tjb. (*67) : 1 145 465 000 pass./km.
Information. (66) : 113 quotidiens. (67) : 994 000. (61) : 354 600 fauteuils ; fréquentation : 61,2 M. (66) : 579 076.
Santé (66). 12 383. Mté inf. (67) : 34,3.
Éducation (64). Prim. : 965 782. Sec. et techn. : 430 318. Sup. : 53 305.
Institutions. Monarchie sanctionnée par référendum populaire le 1er septembre 1946. Constitution de 1968 partiellement en vigueur. Souverain : Constantin XIII en exil ; vice-roi : général Zoïtakis. Premier ministre : Andreas Papadopoulos.

Les colonels consolident leurs assises

Le régime militaire a franchi le cap difficile de sa troisième année d'existence. Il a surtout cherché à mettre en place des hommes. Les institutions que prévoit la constitution de décembre 1968 restent encore à l'état de projet.