Malgré les communiqués rassurants de Lisbonne, la situation n'est guère brillante pour les troupes portugaises dans les colonies africaines. En Guinée, les forces révolutionnaires dirigées par Amilcar Cabrai peuvent à tout moment déclencher une offensive. En Angola, malgré leur division, les mouvements de libération évoluent à leur gré dans la majeure partie du territoire, sans toutefois menacer immédiatement les villes et les principaux centres économiques. Au Mozambique, la situation est un peu moins dramatique pour les forces portugaises qui comptent beaucoup sur les divisions internes du Frelimo (Front de libération du Mozambique) ; il n'en fait pas moins peser une menace sur la réalisation du barrage géant de Cabora-Bassa.

Tous ces problèmes sont loin d'être publiquement débattus au Portugal, où la censure reste draconienne. Les poursuites engagées contre Mario Soares, le leader de l'opposition démocrate et socialiste, plusieurs condamnations à de lourdes peines de prison de membres de l'opposition de gauche, la répression exercée à rencontre des mouvements étudiants, hostiles au gouvernement, laissent planer des doutes sur la volonté de changement de la nouvelle équipe dirigeante.

Roumanie

19 721 000. 82. 0,6 %.
Économie. Production (66) : A 31 % + I 57 % + S 12 %. Énerg. (67) : 2 279.
Transports. (*67) : 15 775 M pass./km, 37 297 M t/km. (*67) : 36 800 V.U.  : 325 000 tjb. (*67) : 236 032 000 pass./km.
Information. (67) : 33 quotidiens ; tirage global : 3 156 000. (67) : 3 019 000. (67) : 916 000. (67) : 219 200 fauteuils ; fréquentation : 209,2 M. (67) : 551 820.
Santé (66). 26 034. Mté inf. (67) : 46,6.
Éducation (66). Prim. : 2 907 943. Sec. et techn. : 523 305. Sup. : 136 948.
Institutions. République socialiste, proclamée le 30 décembre 1947. Constitution de 1965. Chef de l'État (président du Conseil d'État) et secrétaire général du Parti : Nicolae Ceausescu. Président du Conseil : Ion Gheorghe Maurer.

Les responsables roumains ont poursuivi et consolidé cette année leur politique d'indépendance nationale et entamé un processus de démocratisation et surtout de légalisation du pouvoir socialiste.

Un mélange de prudence dans l'application, mais de fermeté sur le fond caractérise ces initiatives, marquées surtout par la visite de Richard Nixon à Bucarest et par le Xe Congrès du parti communiste roumain.

Le Congrès s'est réuni le 6 août 1969 et a été précédé par un large débat à la base, sans précédent en Roumanie. Une discussion s'instaure dans le parti : elle permettra, selon les désirs de la direction, d'écarter de la liste des candidats au Comité central 52 de ses anciens membres, qui s'opposent à la ligne moderne de Nicolae Ceausescu. Au Congrès même, une élection au scrutin secret élimine encore quelques anciens, comme Chiou Stoïque (ancien chef de l'État) et Gheorge Apostol (président des syndicats). Phénomène lui aussi sans précédent, Ceausescu sera réélu secrétaire général du parti non pas par le comité central, mais par les délégués. Plébiscite ou élection démocratisée ? Les deux interprétations paraissent possibles. Mais on a parlé, pendant le Congrès, du droit de libre expression pour les membres du parti, on a réclamé en commission des mesures de démocratisation, et enfin on a dénoncé — c'est le chef du parti qui s'en est chargé — « les abus et les illégalités » commises dans les années 50.

Dans le même esprit, en novembre 1969 le parti décide que les ministères (à l'exception des Affaires étrangères, de l'Armée et de la Sécurité) seront coiffés par des directions collégiales qui exerceront une sorte de tutelle sur les ministres responsables. Mais en esquissant une lente démocratisation, le parti roumain entend bien en garder le contrôle et se préserver de tout ce qui pourrait s'assimiler à une libéralisation. Les responsables ont d'ailleurs conscience des limites dans lesquelles ils veulent maintenir le mouvement, C'est pourquoi Nicolae Ceausescu à la fois dénonce les insuffisances idéologiques, notamment dans la littérature, et demande, le 12 avril 1970, plus de « vigilance » de la part des organes de la police.