La négociation est d'ailleurs de règle pour toutes les initiatives de l'URSS à l'égard de l'Occident. Ainsi, les Soviétiques ont engagé un long marathon diplomatique, les SALT (Strategic Armements Limitation Talks, conversations sur la limitation des armements stratégiques), commencé à Helsinki le 17 novembre 1969 et poursuivi à Vienne le 16 avril 1970, pour parvenir avec les Américains à réduire leurs stocks de fusées stratégiques.
Moscou accueille favorablement l'ouverture à l'Est du chancelier ouest-allemand Willy Brandt, et après des entretiens préliminaires qui s'étaleront de décembre 1969 à mai 1970, on s'apprête à recevoir le ministre des Affaires étrangères d'Allemagne de l'Ouest, W. Scheel. Ainsi, l'URSS relance son projet d'une conférence sur la sécurité européenne, projet en faveur duquel Gromyko, le chef de la diplomatie soviétique, viendra plaider à Paris du 1er au 5 juin.
Difficultés avec la Chine
En revanche, la politique d'arrangements à l'amiable s'accompagne de pressions non dissimulées en ce qui concerne les pays socialistes. La Chine en subit les plus évidentes. En août 1969, les indications sur le désir de l'URSS de déclencher une guerre préventive pour en finir avec l'hérésie maoïste se multiplient. On fait état de sondages effectués à ce sujet auprès des alliés du pacte de Varsovie par les dirigeants de l'URSS.
Puis, brusquement, un coup de théâtre : l'avion qui ramenait Kossyguine d'Hanoi, où il avait assisté aux obsèques de Ho Chi Minh, fait un crochet par Pékin le 11 septembre. Sur l'aéroport, Chou En-lai, souriant, s'entretient longuement avec son collègue soviétique. Les deux pays se sont arrêtés au bord du gouffre. Des conversations sur l'épineux problème des frontières sont entamées, interrompues par de fréquents va-et-vient de Kouznetsov, le négociateur soviétique, entre Pékin et Moscou.
Seul résultat apparent : les incidents cessent sur l'Oussouri. Mais les polémiques continuent. Le 17 mai, l'URSS dénonce dans un texte très violent la « politique aventurière » des Chinois en Indochine. Les Soviétiques voient avec inquiétude la guerre du Viêt-nam se transformer en une guerre d'Indochine, où Pékin joue désormais un rôle prépondérant. Les hésitations de l'URSS, qui se résout difficilement à reconnaître le gouvernement révolutionnaire de Sihanouk, le chef d'État du Cambodge, renversé le 18 mars 1970, témoignent de ce malaise. Par rapport aux démêlés avec la Chine, les difficultés au sein du pacte de Varsovie sont apparues mineures. La Tchécoslovaquie étant finalement rentrée dans le rang, seule restait encore à aligner la Roumanie.
Bucarest a été soumis à de très énergiques pressions de l'URSS lui demandant d'atténuer un peu le non-conformisme de sa politique étrangère. Les Roumains ont pourtant refusé, lors de la conférence du Comecon, en mai, à Varsovie, de souscrire au projet d'une banque d'investissements commune pour les pays socialistes. Mais l'URSS a, semble-t-il, réussi à leur arracher quelques concessions, du moins en ce qui concerne le ton et la forme des manifestations d'indépendance des dirigeants roumains, avant la signature du nouveau traité d'amitié soviéto-roumain.
Vorochilov
Un des derniers vétérans de la révolution d'Octobre disparaît. Le maréchal Kliment Vorochilov est mort le 3 décembre 1969, à l'âge de quatre-vingt-huit ans ; il emporte avec lui les souvenirs de l'époque héroïque. Jeune officier, plus courageux qu'intelligent, il avait en 1919 repoussé les armées blanches qui montaient à l'assaut de Tsaritsyne. Il en était resté une image de Vorochilov caracolant sabre au clair sur son cheval blanc, image que des films et des chansons contribuèrent à ancrer dans l'esprit des Soviétiques. La suite de sa carrière ne fut pas à la hauteur de la légende. Le maréchal Vorochilov ne s'illustra guère sous Staline qu'en épurant ses anciens camarades. Et en 1941, il se révéla incapable d'organiser la défense de Leningrad. Mais les Soviétiques ont préféré garder de lui les images nostalgiques de la bataille de Tsaritsyne.
Yougoslavie
20 351 000. 80. 1,1 %.
Économie. Production (66) : A 30 % + I 42 % + S 28 %. Énerg. (67) : 1 153.
Transports. (*67) : 10 753 M pass./km, 15 557 M t/km. (*67) : 355 300 + 96 700. : 1 267 000 tjb. (*67) : 363 712 000 pass./km.
Information. (67) : 23 quotidiens ; tirage global : *1 593 000. (67) : 3 059 000 (67) : 1 002 000. (67) : 531 000 fauteuils ; fréquentation : 104,9 M. (67) : 506 039.
Santé (66). 16 976. Mté inf. (67) : *61,4.
Éducation (65). Prim. : 2 945 520. Sec. et techn. : 611 271. Sup. : 184 923.
Institutions. République populaire, proclamée le 29 novembre 1945. Devient République fédérale le 31 janvier 1946. Constitution de 1963. Président de la République, secrétaire général du Parti : Josip Broz Tito, réélu le 16 mai 1967. Président du Conseil : Mitja Ribičič.
Tiraillements entre les républiques
Pays socialiste pas comme les autres, la Yougoslavie affronte des problèmes que ne connaissent pas, ou plutôt qu'étouffent les démocraties populaires du pacte de Varsovie.