préhistoire

Tableau synoptique de la préhistoire
Tableau synoptique de la préhistoire

Période de l'histoire humaine qui a précédé l'apparition de l'écriture.

1. Histoire de la préhistoire

1.1. Introduction

L'existence de l'homme préhistorique et de ses industries a été entrevue, affirmée puis pleinement confirmée grâce à diverses recherches ou découvertes faites séparément par des sciences comme la géologie, la paléontologie, l'ethnologie et l'anthropologie. Science jeune, au carrefour des sciences humaines et des sciences de la nature, la préhistoire ne cesse désormais de faire progresser notre connaissance sur nos plus lointains ancêtres.

Cette discipline s'est peu à peu imposée, malgré les interdits et les tabous, religieux notamment. Ainsi, jusqu’au xviiie s., l'idée même d'une pré-histoire, différente de celle écrite dans la Bible notamment, était absolument impensable. Au xviiie s., Linné et Buffon placent au sommet de la hiérarchie des êtres vivants l'homme, qui dès lors n'est plus seulement une créature de Dieu, mais devient le plus doué des mammifères. Charles Darwin, au xixe s., cherchant le plus proche ancêtre de l'homme trouve le singe.

L'idée selon laquelle l'homme appartient au même système évolutif que tous les êtres vivants va devenir prédominante et encourager les premières fouilles visant à découvrir le « pré-homme », le « chaînon manquant » qui ne peut être qu'un « singe pensant ». À la fin du xxe s., les diverses techniques dont disposent les préhistoriens leur permettent de comprendre de plus en plus précisément comment vivaient les hommes préhistoriques, de reconstituer leurs diverses activités et jusqu'au mode de relations sociales qu'ils entretenaient. La préhistoire atteint là à une véritable « ethnologie préhistorique ».

1.2. Des superstitions médiévales aux premiers antiquaires

Depuis le Moyen Âge chrétien jusqu'au xixe s., la Bible – et plus particulièrement la Genèse – sont, en Occident, les fondements de l'histoire de l'homme et servent de base pour évaluer les âges de la Terre. Ainsi, l'Encyclopédie de Diderot et d’Alembert expose les époques du monde basées sur les récits bibliques (bien que le siècle des Lumières ait vu, pour la première fois, des savants mettre en cause la lecture littérale de la Bible) : la Création remonte à 6 000 ans avant J.-C. ; 2 262 ans plus tard se produisit le Déluge, puis 738 ans après le partage des nations, etc. Cependant, au xixe s., il faudra bien admettre l'existence d'un homme antédiluvien (« avant le Déluge ») qui fabriquait des outils de pierre.

Depuis longtemps, les silex taillés et les haches polies attiraient l'attention des hommes. Ainsi, au Moyen Âge et jusqu'au xviiie s., ces vestiges étaient appelés « pierres de foudre », car, selon les croyances populaires, elles étaient issues de l'orage. De la même façon, les silex taillés, et plus particulièrement les pointes de flèches, étaient réputés avoir un pouvoir magique bénéfique et des vertus curatives. Ces pointes étaient connues sous le nom de « glossopètres » (du grec glossâ, langue, et petra, pierre). Longtemps on les confondit, en effet, avec les dents fossiles de certains poissons que les Anciens croyaient être des langues de serpent pétrifiées.

En 1492, la découverte de l'Amérique – qui marque la fin du Moyen Âge – provoque un bouleversement complet de la pensée occidentale (→ grandes découvertes). La découverte de peuples « primitifs » fabriquant des outils comparables aux glossopètres et aux pierres de foudre va faire naître la curiosité de certains. C'est l'Italien Michele Mercati qui, dès le xvie s., comprend que ces « langues de pierre » sont des outils fabriqués par un homme très ancien, mais son œuvre ne paraît qu'au xviiie s.. À partir du xvie s., les premiers passionnés d'antiquités collectionnent les pierres gravées et sculptées, les cabinets de curiosités se multiplient et l'idée de fouiller commence à se faire jour. En 1685, la première fouille dans un esprit scientifique est réalisée : celle du dolmen de Cocherel en Normandie.

1.3. La découverte de l'« homme nouveau »

Puisque le Déluge avait englouti tout ce qui était vivant à la surface de la Terre, au xviiie s. les recherches se consacrent plus particulièrement aux hommes ensevelis par la punition divine. C'est, pendant la première moitié du xixe s., la course aux ossements fossiles. Au cours de ces recherches, de nombreux outils en pierre sont mis au jour. Il devient clair, notamment sous l'impulsion de Jacques Boucher de Crèvecœur de Perthes, que ces outils ont été fabriqués par l'homme. On accepte alors peu à peu l'idée que ces témoins de l'activité humaine sont contemporains des animaux appartenant à des espèces disparues dont on retrouve aussi les ossements. L'existence de l'homme à une époque géologique antérieure aux temps actuels est ainsi prouvée, bien que certains, comme George Cuvier, l'aient niée jusqu'à l'absurde.

Il restait à trouver les squelettes de l'homme qui avait façonné ces premiers outils. En 1856, des ossements découverts dans la vallée de Neander, en Allemagne (en allemand Neandertal, littéralement la « vallée de l'homme nouveau »), sont reconnus comme des vestiges primitifs. Selon les interprétations, ils proviennent d’une race sauvage antique du Nord ou d’un membre d’un genre proche du singe, bien que certains pensent qu’il s’agit simplement de pièces pathologiques, en raison de la voûte fuyante du crâne et de la grande taille des arcades sourcilières. (→ Neandertal.) Ces fragments sont oubliés jusqu'en 1864, où l'espèce est officiellement reconnue par le géologue britannique William King (1809-1886) comme distincte de l'homme moderne et baptisée Homo neanderthalensis (du nom de la vallée, qui s’écrivait à l’époque Neanderthal, avec un h). En France, la mise au jour d'un squelette à peu près complet d'homme de Néandertal a lieu à la Chapelle-aux-Saints (en Corrèze) en 1908.

À partir des années 1860, les recherches mais aussi les exhumations d'hommes fossiles se succèdent. L'homme de Cro-Magnon est trouvé en 1868. En 1891, c'est la retentissante découverte par le Néerlandais Eugène Dubois du pithécanthrope (Pithecanthropus erectus), à Java, qui fut alors considéré comme l'« homme-singe », le chaînon manquant de l'évolution (on sait aujourd’hui qu’il s’agit d’un représentant de l’espèce Homo erectus).

Depuis un siècle, les nombreuses fouilles ont permis de mieux cerner et de faire reculer dans le temps les origines de l'homme. En 1961, Louis et Mary Leakey découvrent en Tanzanie Homo habilis, et, en 1972, Bernard Ngeneo met au jour Homo rudolfensis au Kenya. Apparues il y a au moins 2,5 millions d’années, ce sont les plus anciennes espèces humaines connues. Parallèlement, l'arbre généalogique de l'homme se complexifie (→ phylogenèse) : on connaît aujourd'hui pas moins de 12 espèces différentes d'hommes fossiles appartenant au genre Homo.

NB : la découverte d'hominidés différents du genre Homo (australopithèques, Ardipithecus, Toumaï, etc.) ne font pas partie du domaine de la préhistoire.

Pour en savoir plus, voir l'article paléontologie.

1.4. La bataille de l'art

Au début du xxe s., la communauté scientifique a, difficilement, fini par admettre l'ancienneté de l'homme et sa contemporanéité avec les grands mammifères du quaternaire aujourd'hui disparus. Elle connaît les outils qu'il fabriquait et les animaux qu'il chassait. Cependant, si l'image de l'homme préhistorique n'est plus tout à fait celle d'une brute épaisse et fruste (grâce, notamment, à la découverte de sépultures, preuve d'une certaine croyance en un « au-delà »), on n'ose imaginer que ces hommes, sortis des ténèbres, puissent être des artistes raffinés. Pourtant, la mise au jour la plus ancienne d'un objet préhistorique décoré (grotte du Chauffaud, dans la Vienne) date de 1834, mais l'objet est alors attribué aux Celtes. Les découvertes se multiplient avec les fouilles de l'abri rocheux de La Madeleine, qui révèlent un mobilier très abondant, celles de Gourdan ou d'Arudy dans les Pyrénées. L'art mobilier est peu à peu reconnu et Édouard Lartet en fait la base de sa classification des différentes périodes préhistoriques.

Il n'en va pas de même pour toutes les figures peintes ou gravées sur les parois des grottes (→ art pariétal). Lorsque le docteur Garrigou révèle, en 1864, les magnifiques peintures de Niaux (Ariège), lorsque Léopold Chiron signale, en 1878, l'existence de gravures dans la grotte Chabot (Gard) et le marquis de Santuola les grandioses peintures du plafond d'Altamira (Espagne), la communauté scientifique reste indifférente et sceptique. En 1895, Émile Rivière décrit les peintures de la grotte de la Mouthe (commune des Eyzies-de-Tayac, Dorgogne) ; l'année suivante, François Daleau raconte sa découverte des gravures de la grotte de Pair-non-Pair (Gironde) – fouillée depuis 1881 – ensevelies sous des sédiments préhistoriques. En 1901, l'abbé Henri Breuil participe aux fouilles de Font-de-Gaume et des Combarelles aux Eyzies-de-Tayac. Quelques semaines plus tard, Émile Cartailhac, éminent opposant à l'existence de l'art pariétal paléolithique, se range à l'avis de Breuil et la reconnaissance officielle se fera en 1902 lors du congrès de l'Association française pour l'avancement des sciences (AFAS).

Pour en savoir plus, voir l'article art.

1.5. Vers une ethnologie de la préhistoire

Jusque dans les années 1950, la fouille visait essentiellement à la récolte des objets (→ archéologie) : outils de silex ou d'os, parure en coquillage, etc. Pour ce faire, des terrassiers réalisaient, à la pelle ou à la pioche, des tranchées profondes dont la terre était ensuite tamisée pour en séparer les objets. Outre la recherche de vestiges matériels, la fouille servait aussi, éventuellement, à établir une stratigraphie (→ géologie) pouvant permettre une relative datation de l'occupation des sols. Nombre de gisements, malheureusement importants, furent ainsi abîmés.

À partir de la seconde moitié du xxe s. se produisent un renouvellement des idées et une révolution dans les méthodes de fouille dont l'un des précurseurs est André Leroi-Gourhan. Pour lui, ethnologue et anthropologue, « on ne fait pas plus de préhistoire en ramassant des haches taillées qu'on ne fait de la botanique en cueillant des salades ». Il met l'accent, tout au long de sa vie, sur la nécessité d'une étude globale des gisements, sur la possibilité de connaître les modes de vie des hommes préhistoriques. À partir de 1952, lors des fouilles d'Arcy-sur-Cure, il adopte de nouvelles méthodes de fouille, tentant de prendre en compte tous les vestiges, la moindre esquille osseuse, témoignage du repas de nos ancêtres, ayant la même importance que le foyer, centre physique et social de l'habitat. Ces méthodes seront pleinement exploitées sur le site de Pincevent, fouillé depuis 1964. Le sol où vécurent les hommes du magdalénien, il y a plus de 12 000 ans, est dégagé horizontalement, chaque vestige laissé scrupuleusement en place. Le résultat, lorsqu'une surface suffisante a été dégagée, donne une image très proche de celle que purent avoir les hommes préhistoriques lorsqu'ils quittèrent leur site, à l'automne, avant d'aller rechercher ailleurs leur nourriture pour l'hiver.

À la fin du xxe s., les préhistoriens ont pleinement conscience du fait que la fouille représente une déstructuration irréversible des témoins du passé. Aussi procède-t-on avec d'infinies précautions pour relever la position de chaque objet le plus précisément possible dans les trois dimensions. À partir de ce repérage précis des vestiges les plus ténus, les techniques modernes permettent de reconstituer les activités quotidiennes de nos ancêtres : taille du silex, cuisine, travail des peaux, etc., et de plus, d'imaginer ce qu'était non seulement leur mode de vie mais aussi leurs relations sociales. Les méthodes scientifiques modernes permettent en outre des datations de plus en plus précises (notamment les méthodes de datation absolues utilisant des isotopes radioactifs, comme le carbone 14), l’observation de détails invisibles à l’œil nu grâce à des microscopes à très fort grossissement (microtraces d’usure sur les outils ou les bijoux par exemple), etc. Des méthodes issues de la biologie jouent également un rôle : grâce à l’observation d’un os hyoïde (un os du cou, situé au-dessus du larynx) néandertalien, duquel on a pu déduire la forme et la position des cordes vocales, on sait désormais que l’homme de Néandertal pouvait parler (bien que l’on ne puisse savoir à quoi ressemblait son langage). La préhistoire vise ainsi à une véritable ethnologie du passé.

2. Chronologie de la préhistoire

La préhistoire concerne les hommes avant l’histoire ; on fixe donc de façon conventionnelle son début au moment de l’apparition des premiers membres du genre Homo. On peut la dater grâce aux fossiles humains que l’on a retrouvés, ceux d’Homo habilis et d’Homo rudolfensis, dont les plus anciens remontent à environ 2,45 millions d’années. Si on la situe à l’apparition des premiers outils fabriqués que l’on possède, on recule à 2,7 millions d’années. Les premiers outils connus sont en effet plus anciens que les plus vieux fossiles d’Homo retrouvés, soit que le genre Homo est plus ancien, soit que les premiers outils aménagés l’ont été par des australopithèques ou des paranthropes. Il faut d’ailleurs noter que les premiers hommes sont contemporains de deux espèces pré-humaines : un australopithèque, Australopithecus garhi, et un paranthrope, Paranthropus boisei. Par convention et dans l’état actuel des connaissances, on fixe le début de la préhistoire à environ – 3 millions d’années. Toute période antérieure relève de la paléontologie. À l’autre extrémité, la préhistoire se termine avec l’avènement de l’histoire, dont on fixe le début à l’invention de l’écriture, en Mésopotamie il y a environ 5 000 ans (– 3 000 avant J.-C.). Les spécialistes individualisent aussi, à cheval sur la fin de la préhistoire et le début de l’histoire, la période de la protohistoire. Celle-ci concerne des peuples n’ayant pas encore d’écriture propre, mais que l’on connaît au travers de textes laissés par des peuples voisins.

La première chronologie de la préhistoire a été proposée par le préhistorien Gabriel de Mortillet en 1869, qui divise cette période en époques (acheuléen, moustérien, solutréen, etc.), dont plusieurs ont été conservées dans les chronologies actuelles.

On divise aujourd’hui la préhistoire est divisée en trois grandes périodes :

- le paléolithique (littéralement « ancien âge de la pierre ») : il s’agit d’une très longue période qui voit passer l’homme d’un utilisateur d’outils à peine transformés (les galets aménagés d’Homo habilis et Homo rudolfensis) à un remarquable technicien/inventeur (Homo sapiens), auteur de nombreuses manifestations artistiques ; le paléolithique est lui-même divisé en diverses époques (oldowayen, acheuléen, moustérien, châtelperronien, aurignacien, gravettien, solutréen, magdalénien) ;

- le mésolithique (de meso : milieu, terme construit pour s’insérer de façon chronologique entre le paléolithique et le néolithique), qui marque la transition entre le paléolithique et le néolithique (→ mésolithique) ;

- le néolithique (de neos, nouveau, littéralement « nouvel âge de la pierre »), qui voit l’invention de l’agriculture et de l’élevage, dont la pratique entraîne la sédentarisation de l’homme (→ néolithique).

3. L'homme et l'outil

3.1. De l'origine des outils

On considère généralement que la première manifestation de l'activité humaine fut le premier outil fabriqué (les pré-humains utilisaient sans doute, comme le font les chimpanzés par exemple, des outils « tout prêts », comme des bâtons, des pierres servant d’enclumes, des brindilles, etc.). . L'homme a peu à peu appris à maîtriser la matière : pierre, os ou bois, pour réaliser ses outils et ses armes. Il a certainement utilisé tout ce qui, dans la nature, pouvait être employé ; mais, s'il est logique de penser que la plupart des matières périssables (bois, cuir, lianes ou tendons d'animaux) ont été utilisées par l'homme préhistorique, le préhistorien, lui, n'en possède aucune trace matérielle. L'industrie osseuse a subi la sélection de la corrosion naturelle et, bien que l'on suppose que le travail de l'os remonte aux premiers âges, c'est dans les gisements du paléolithique supérieur, qui débute il y a environ 45 000 ans, qu'il est attesté. En fait, seule la pierre n'a pas subi les ravages du temps. Elle constitua l'élément de base de l'outillage pour sa dureté, ses propriétés tranchantes, ses possibilités variées de façonnage et son abondance.

Si, au début de la préhistoire, les premiers outils étaient rudimentaires et de formes peu variées, ils se diversifièrent et s'adaptèrent de plus en plus finement à leur fonction aux cours des temps. Il existe une différence fondamentale entre les premiers galets grossièrement aménagés, il y a 2,7 millions d'années, et l'industrie du paléolithique supérieur, qui prouve le prodigieux degré de technicité acquis par Homo sapiens, l'homme anatomiquement moderne. Bien que les outils aient été conçus et fabriqués dans un but utilitaire, ils témoignent aussi de la tradition des divers groupes préhistoriques en caractérisant leur culture.

3.2. Dates clés de l'évolution des outils préhistoriques

          

DATES CLÉS DE L'ÉVOLUTION DES OUTILS PRÉHISTORIQUES
2 millions d'années avant J.-C.Premiers outils attribués aux australopithèques et découverts en Afrique orientale.
1 million d'années avant J.-C.Apparition des premiers bifaces.
200 000 ans avant J.-C.Les Acheuléens prédéterminent la forme des produits à débiter : c'est l'invention de la technique Levallois.
35 000 ans avant J.-C.L'Homo sapiens sapiens développe le débitage laminaire et façonne l'os.
18 000 ans avant J.-C.Apogée de la taille avec les Solutréens qui utilisent le débitage par pression. Cette même culture invente l'aiguille à chas en os.
9 000 ans avant J.-C.L'industrie lithique tend à une miniaturisation.

 

3.3. Les premiers outils

La première « industrie lithique » humaine (premiers essais de transformation de pierres en outils) reconnue comme telle a été découverte en Afrique orientale sur le gisement d'Olduvai, en Tanzanie ; elle est aussi désignée sous le nom anglais de « Pebble culture » et date d'il y a environ 2,7 millions d'années. Elle a très probablement été utilisée par tous les hominidés de cette époque et de cette région : Homo habilis, Homo rudlfensis, Paranthropus boisei, Australopithecus garhi. Quant à savoir qui est son auteur, le doute subsiste. Elle est généralement attribuée à Homo habilis, mais pourrait avoir été produite par l’une et/ou l’autre des autres espèces citées. Cette industrie est surtout représentée par des galets dits « aménagés », qui présentent soit un seul enlèvement sur l'une de leur face (galets appelés choppers), soit un enlèvement sur chacune des deux faces, l'intersection créant ainsi un tranchant (galets appelés chopping-tools). Il s'agit d'outils assez frustes qui devaient servir à broyer. Plus tard, à l'acheuléen, en Europe notamment, il y a 1,7 million d'années, le biface constitue l'outil le plus fréquemment retrouvé. Outil allongé à l'extrémité pointue ou arrondie, il est obtenu à partir d'un bloc (ou nucléus) qui est, comme le chopping-tool, taillé sur ses deux faces. Mais il est beaucoup plus élaboré et montre une volonté de mise en forme du tranchant, donc de la silhouette de l'objet.

Au cours du paléolithique inférieur, les outils vont commencer à se diversifier et c'est pendant l'acheuléen moyen que l'on trouve les premiers outils sur éclat, tels que le racloir, éclat retouché sur son long côté, et des outils encochés ou denticulés (grattoirs, burins, etc.).

Enfin, entre – 400 000 et 300 000 ans, l'industrie lithique va subir une évolution fantastique avec l'apparition de la « technique Levallois ». Il s'agit d'un mode de débitage qui consiste à obtenir un éclat de forme prédéterminée, à partir d'une préparation particulière et élaborée du bloc de matière première (silex le plus souvent). Cette technique permet, à partir d'un rognon de silex (le nucléus), d'obtenir plusieurs éclats ou pointes prédéterminés de forme semblable : il s'agit d'une véritable production en série. Du simple enlèvement dans le but de créer un tranchant sur le chopper, les hommes du paléolithique inférieur ont franchi, grâce à l'invention de la technique Levallois, une étape fondamentale aussi bien pour la pensée humaine (présence d'un schéma opératoire complexe) que pour le perfectionnement technique. En effet, au paléolithique supérieur, le débitage des lames de silex à partir d'un nucléus ne fera que reprendre cette technique.

3.4. Forme et fonction

Au cours de la préhistoire, les outils se sont beaucoup diversifiés et les archéologues les retrouvent en grand nombre dans les gisements préhistoriques. Pour attribuer à ces témoins un cadre chronologique précis et en découvrir l'évolution, il a fallu les étudier selon, d'une part, la technique de fabrication et, d'autre part, leurs formes et leurs fonctions. La corrélation de ces éléments a permis de créer une typologie, c'est-à-dire une classification cohérente des différents types d'objets. Depuis Boucher de Perthes, qui, au xixe s., lança les bases d'une classification des outils préhistoriques, les préhistoriens ont reconnu, de façon intuitive, des types aux formes constantes en leur donnant, le plus souvent, soit le nom de leur fonction présumée, soit, par analogie avec des formes actuelles, le nom d'outils contemporains : ainsi les grattoirs, les burins et les perçoirs. En fait, l'ethnologie a prouvé qu'un même outil pouvait avoir des fonctions variées ou que, à l'inverse, différents outils pouvaient être utilisés pour une même tâche. On sait aujourd'hui, notamment grâce à l'étude des plus infimes traces d'utilisation (microtraces d'utilisation), que, par exemple, les grattoirs ne servaient pas toujours à gratter et que les racloirs ne servaient pas forcément à racler. Ce fait confirme que plusieurs types de fonctions peuvent être attribués à un même outil. Toutefois, la communauté scientifique a conservé les noms de la typologie traditionnelle.

L'étude des microtraces d'utilisation remet effectivement en question les interprétations anciennes. Au moyen de microscopes à fort grossissement, on analyse les stries, les écaillures, les émoussés de l'outil, son utilisation par les hommes préhistoriques ; pour relier ces traces à la fonction de l'outil, on procède à des comparaisons avec des outils reproduits aujourd'hui et utilisés dans les mêmes conditions qu'alors. On a pu ainsi retrouver la manière dont il était utilisé, s'il était emmanché et le matériau qu'il a travaillé.

3.5. Les outils en os

Vivant en contact permanent avec les animaux, l'homme a très tôt utilisé leurs ossements. Les australopithèques fracturaient des os longs, produisant ainsi un biseau formant une pointe solide ; le site de Melka Kontouré (Éthiopie) a ainsi livré dans une couche datée de 1 700 000 ans les premiers outils en os portant les traces d'une utilisation humaine. C'est au paléolithique supérieur que l'artisanat de l'os se développe réellement, l'habileté technique permettant même d'atteindre un incomparable esthétisme. Ainsi, des techniques spécifiques ont abouti à une très grande variété d'armes et d'outils, d'objets de parure et d'art. L'industrie de l'os a été utilisée pour fabriquer des armes qui servaient pour la plupart à la chasse des grands mammifères. Ainsi la sagaie, qui est constituée d'une baguette d'os dont une extrémité est appointée, l'autre étant fixée à une hampe en bois. Elle était lancée grâce à un propulseur, qui décuplait sa force par rapport au lancer à la main et en augmentait la précision.

Pour la pêche sont fabriqués des hameçons, des têtes de harpons avec une ou deux rangées de barbelures. Certains outils sont encore utilisés aujourd'hui, l'aiguille à chas par exemple, inventée par les hommes du solutréen il y a plus de 18 000 ans et dont la forme, même si le matériau a changé, n'a guère varié. Le propulseur est resté en usage jusqu'au xxe s. chez les Inuits et certaines populations océaniennes. Enfin, il existe d'autres outils dont la fonction n'est pas totalement élucidée : par exemple le bâton percé, parfois appelé « bâton de commandement » (dont on suppose, sans confirmation, qu'il devait servir à redresser des pointes de sagaies), ou les baguettes demi-rondes (qui étaient peut-être associées deux à deux pour former des pointes de sagaies). L'homme travaille également l'ivoire, comme en témoignent des pointes de sagaies ou des statuettes (comme la dame de Brassempouy, trouvée sur le site éponyme des Landes) et le bois de renne, qu'il façonne en armes de chasse (emmanchement des haches de pierre polie).

3.6. La fabrication des outils

Les techniques de fabrication des outils en pierre varient en fonction de la matière première, les roches compactes ne se travaillant pas de la même façon que les roches friables. Elles utilisent deux types d'opération : le débitage et le façonnage.

Le débitage est l'action qui consiste à détacher, par percussions successives, des éclats d'un bloc de pierre. L'éclat sera alors utilisé, le bloc initial (appelé nucléus) pouvant être considéré comme un déchet (bien que pouvant servir lui aussi).

Le façonnage a pour but de mettre en forme l'éclat débité, ou bien le bloc lui-même, afin de permettre un débitage plus efficace. Au paléolithique, la technique de façonnage la plus répandue est la retouche. Celle-ci consiste à détacher de l'objet de très petits éclats par percussion ou, plus tard, par pression. La percussion directe (la plus courante) utilise un percuteur (galet de pierre pour un percuteur dur ; bois végétal ou animal pour un percuteur tendre) frappant directement l'objet. La percussion indirecte, par écrasement entre percuteur et enclume, produit des retouches verticales ; enfin, la pression permet des retouches très fines, les enlèvements étant alors très longs et étroits.

Les hommes du solutréen, qui, il y a 20 000 ans, atteignirent l'apogée des techniques de débitage, utilisaient la retouche par pression pour réaliser les magnifiques « feuilles de laurier ». Ainsi, pour fabriquer un outil comme le grattoir, très utilisé au paléolithique supérieur, il faut commencer par bien choisir le silex, le préparer (enlever le cortex), le mettre en forme et aménager un plan de frappe pour pouvoir débiter aisément puis frapper avec le percuteur afin de détacher une lame ; cette lame est façonnée par des retouches obliques, sur sa partie étroite, qui déterminent le front du grattoir, c'est-à-dire la partie active, l'autre bout pouvant être emmanché.

La fabrication des outils en os requiert des techniques plus variées et l'existence préalable d'outils de pierre. Le matériau est généralement constitué par les bois, l'ivoire ou les os longs des grands mammifères comme le mammouth, le cheval, le bison ou le renne, animal par excellence du paléolithique supérieur.

Pour fabriquer des outils tels que la sagaie, le harpon, l'aiguille à chas ou le propulseur, il faut creuser dans la partie compacte d'un bois de renne, à l'aide d'un burin de silex, deux rainures séparées par une distance égale à la largeur de l'outil désiré. Ces rainures sont peu à peu approfondies jusqu'à ce que la partie spongieuse de l'os soit atteinte. La baguette est alors extraite. L'ébauche peut ensuite être transformée soit en sagaie par raclage au moyen d'un silex tranchant, soit en aiguille à chas ; la perforation du chas se pratique soit par pression à partir d'une petite rainure, soit par rotation en utilisant un perçoir de silex.

3.7. Les microlithes

L'outillage des derniers chasseurs-cueilleurs se caractérise par la fabrication et l'utilisation de très petits outils produits à partir d'éclats ou d'esquilles de silex. Ce sont, la plupart du temps, des armatures de pointes de flèches. De forme géométrique, leur dimension est inférieure à 40 mm et leur épaisseur à 4 mm. Ces microlithes étaient réunis en série sur le tranchant d'un support d'os ou de bois ou étaient utilisés comme pointes sur des armes de jet.

À la fin du paléolithique supérieur, l'homme façonne des outils de plus en plus petits. Si les premiers tailleurs obtenaient 10 cm de tranchant utile avec 1 kg de silex, les hommes de l'acheuléen en obtenaient 40 cm, puis ceux du moustérien (au paléolithique moyen) 2 m, enfin les hommes de la fin du paléolithique supérieur obtinrent de 6 à 20 m. L'homme s'est-il complètement affranchi par rapport aux gisements de matière première, ou s'agit-il d'exploiter au maximum une matière première devenue rare ou difficile à trouver en raison du bouleversement climatique (→ paléoclimatologie), réchauffement intervenu vers - 9000 et qui eut pour conséquence majeure le retour de la forêt ?

4. L'apparition de l'agriculture

4.1. Une transformation profonde

L'apparition de l'agriculture, qui marque le début de la période appelée néolithique, constitue, au même titre que la découverte du feu, une véritable révolution dans l'histoire de l'humanité. Pendant la plus grande partie de son histoire (que nous nommons préhistoire), c'est-à-dire pendant près de trois millions d'années, l'homme a toujours connu le même mode d'existence. Il vit en petits groupes, nomades ou semi-nomades, et pratique pour assurer sa subsistance la chasse et la cueillette (→ chasseur-cueilleur). En quelques millénaires à peine, il se libère de la recherche constante de nourriture grâce à l'agriculture, abandonne le nomadisme (ou le semi-nomadisme) et se sédentarise.

L'émergence des premières communautés paysannes, dès le Xe millénaire avant notre ère en Orient et au Moyen-Orient, vers le VIe millénaire avant notre ère en Europe, aura des conséquences irréversibles. Comme les autres espèces animales, l'homme vivait en équilibre avec son milieu. En domestiquant plantes et animaux, il va le modifier en profondeur, l'humaniser, mais aussi y causer des atteintes encore visibles aujourd'hui (→ environnement).

L'habitat de l'homme change aussi. Les petits groupes de nomades, qui s'abritaient sous des huttes, des tentes, des abris-sous-roche ou dans des grottes, deviennent sédentaires, et construisent de véritables maisons groupées en villages (→ ville). L'apparition de l'agriculture modifie également les techniques et l'outillage. Parmi les inventions les plus caractéristiques de cette époque se trouvent la hache de pierre polie, qui sert à l'abattage des arbres, et la poterie, dont les récipients de terre cuite, le plus souvent décorés, ont un usage domestique.

4.2. La domestication des animaux et des plantes

La domestication des animaux et des plantes constitue une étape fondamentale dans l'histoire des hommes. On peut parler de domestication lorsqu'il y a une intervention humaine sur une population animale ou végétale afin de la favoriser parce qu'elle représente un intérêt particulier. Il faut distinguer deux processus dans la domestication.

L'un est dit primaire lorsqu'il s'effectue sur un groupe d'animaux et de plantes d'origine locale (comme cela s'est probablement produit, en Europe, pour le porc qui est un sanglier domestiqué sur place).

L'autre est dit secondaire lorsqu'il s'agit d'acclimater des animaux ou des végétaux déjà domestiqués ailleurs (c'est sans doute le cas du mouton, importé en Europe après avoir été domestiqué au Moyen-Orient).

La domestication a pour conséquence presque immédiate une évolution génétique des espèces domestiquées qui doivent s'adapter à leur nouvel environnement. Ainsi, la culture du blé, à partir d'une espèce sauvage, puis sa sélection ont conduit à un accroissement de la taille et du nombre de grains sur chaque épi, puis à l'apparition d'espèces à rachis solides plus faciles à moissonner. À l'inverse, le bœuf domestique (dont l'ancêtre sauvage est l'aurochs) voit sa taille diminuer tout au long de la période néolithique.

4.3. Les berceaux du néolithique

On situe habituellement le berceau de l'agriculture au Moyen-Orient, dans une zone communément appelée le « Croissant fertile », comprenant les territoires actuels de la Syrie, du Liban, d'Israël, de l'Iran et de l'Iraq. Dès le IXe millénaire avant notre ère, des populations sédentaires domestiquent des espèces animales et végétales sauvages locales parmi lesquelles la chèvre et le mouton, l'orge et le blé, qui sont les céréales principales, mais aussi des légumineuses comme les pois, les fèves, les gesses et les lentilles.

D'autres foyers de néolithisation s'individualisent dans le monde. Dans le Baloutchistan pakistanais, des découvertes archéologiques récentes ont mis au jour des couches attribuées au VIIIe millénaire avant notre ère, dans lesquelles les squelettes animaux appartiennent à une faune en voie de domestication (bœuf, chèvre, mouton). Les céréales dominantes sont l'orge et le blé. Les récoltes étaient stockées dans de grands bâtiments en briques crues, qui servaient de grenier. La poterie n'y apparaît qu'au VIe millénaire avant notre ère. La culture du riz, en Chine, du riz et du millet, dans l'Asie du Sud-Est, est attestée au VIe millénaire avant notre ère. C'est à la même époque que se développe une civilisation pastorale au Sahara (domestication du bœuf).

Le continent américain est tardivement peuplé (vers 40 000 avant J.-C.), et les premiers villages d'agriculteurs n'apparaissent en Amérique centrale qu'au milieu du IIIe millénaire avant notre ère.

4.4. La diffusion du néolithique

C'est à partir du Croissant fertile, zone de découvertes privilégiée aujourd'hui par les spécialistes, que le néolithique va se diffuser pendant environ deux millénaires, sur le pourtour méditerranéen, par contact et acculturation des derniers chasseurs-cueilleurs. En ce qui concerne l'Europe, atteinte au VIe millénaire avant notre ère, deux axes essentiels ont été mis en évidence : les Balkans et le Danube d'une part, la Méditerranée occidentale d'autre part.

Pour le premier axe, on se fonde sur la découverte d'une céramique de forme ronde-ovale au riche décor peint caractéristique des cultures appelées proto-Sesklo et Sesklo en Grèce, Starčevo en Serbie-et-Monténégro, Karanovo en Bulgarie. Ces cultures forment, en remontant vers le nord-ouest, le courant de diffusion danubien, ou culture à « céramique linéaire occidentale ». Elles parviennent jusqu'au nord de la Pologne, aux Pays-Bas, en Belgique et dans le Bassin parisien. L'élevage, principalement le bœuf et le mouton, représente souvent plus de 90 % des ressources en viande ; blé, orge, petits pois et lin sont également cultivés. Ces populations danubiennes, dites « rubanées » en raison des incisions en forme de ruban qui ornent leurs poteries, défrichent, recherchant presque systématiquement les terres les plus meubles et faciles à travailler que constituent les lœss. Elles habitent dans de longues maisons de bois, de torchis et de chaume qui mesurent de 10 à 40 mètres de longueur, ce qui permet d'abriter jusqu'à 25 personnes, et qui sont regroupées en villages.

En Méditerranée occidentale, l'apparition de l'agriculture se situe entre le VIe et le IVe millénaire avant notre ère. On ignore toujours si les « colons » néolithiques sont venus par la terre – traversant la Grèce, l'Italie, le midi de la France – ou par la mer – abordant les côtes italiennes, celles de l'Afrique du Nord, de l'Espagne et du sud de la France. Vers – 6 000 avant J.-C., en effet, la mer n'est plus un obstacle. L'homme fabrique des embarcations, certes sommaires (on a retrouvé surtout des pirogues dites « monoxyles », c'est-à-dire creusées dans un seul tronc d'arbre), mais qui lui permettent d'effectuer du cabotage. La culture des premières communautés paysannes de Méditerranée occidentale est appelée le cardial, en raison du décor caractéristique de leurs vases, réalisé à l'aide d'un coquillage, le Cardium edule. L'habitat de ces populations est de deux types : soit des sites protégés, fréquentés depuis déjà bien longtemps (grottes et abris-sous-roche), soit des cabanes construites en plein air. Le mouton et la chèvre sont domestiqués, ainsi que les bovidés ; la chasse joue encore un rôle important (petit gibier, mais aussi cerf et sanglier). Les céréales les plus consommées sont là encore le blé et l'orge, mais la cueillette n'est pas totalement absente, noisettes et glands notamment. Au cardial, l'agriculture est pratiquée avec des moyens très rudimentaires tels que les « bâtons à fouir », bâtons appointés qui permettent de creuser des trous ou de briser les mottes de terre ; des faucilles, avec des éléments de silex insérés dans un manche en bois, servent à la récolte des céréales, tandis que des meules en pierre servent à broyer et à moudre les grains.

Mais bien des peuples ignorent encore l'agriculture, tandis que, dès le VIIIe millénaire avant notre ère, la métallurgie du cuivre naît au Proche-Orient.

4.5. Les conséquences de l'apparition de l'agriculture

Les conséquences de l'apparition de l'agriculture sont multiples, atteignant tous les domaines de la vie des hommes : économique, social et écologique. Économique d'abord, puisque l'homme, de prédateur devient producteur. Ce changement d'état a été suivi (et non précédé, comme on l’a longtemps cru), par un bouleversement social : l'abandon du nomadisme pour la sédentarité. Une fois leur subsistance assurée pour toute la durée de l'année, les hommes vont, peu à peu, habiter des maisons construites pour durer, en pierre ou en bois. Ces maisons sont regroupées en villages. En outre, le temps de travail s'accroît, les soins à apporter aux cultures et au bétail étant beaucoup plus contraignants que ceux nécessaires à la chasse et à la cueillette ; cet accroissement du temps de travail va aussi mener à une spécialisation des tâches et à la naissance du commerce.

Les données de l'archéologie montrent, pour le début du néolithique, que les sociétés devaient être « égalitaires », car il n'a pas été mis au jour, dans les maisons ou les sépultures, d'accumulation de richesses ou des signes distinctifs qui prouvent l'existence d'une hiérarchie. En revanche, la production accrue des biens alimentaires va entraîner un accroissement de la population et engendrer des chefferies. La guerre fait son apparition et les villages se fortifient.

Si l'on peut dire que l'essor de l'agriculture au VIe millénaire avant notre ère est à l'origine de notre système culturel et social, il est aussi souvent pour beaucoup dans l'aspect de notre environnement actuel. Les chasseurs-cueilleurs vivaient en étroite symbiose avec le milieu naturel dont ils dépendaient entièrement, alors que les premiers agriculteurs vont détruire ce milieu pour y installer cultures et pâturages. Au VIIe millénaire avant notre ère, le changement climatique que connaît l'Europe (fin de l'époque glaciaire), depuis déjà trois mille ans, a favorisé l'expansion de la forêt, principalement constituée par les chênes. Les premiers agriculteurs armés de leurs haches de pierre polie vont commencer par déboiser de petites parcelles afin d'en cultiver quelques arpents ; les animaux peuvent alors trouver leur nourriture dans le sous-bois. En moins d'un millénaire, cependant, ces terrains se révèlent exigus, s'appauvrissent, et il faut défricher de nouveaux territoires. À cela il faut ajouter, et notamment pour la région méditerranéenne, l'action dévastatrice du mouton et de la chèvre qui broutent les jeunes pousses et sont les acteurs essentiels du déboisement et de l'érosion des sols. Au VIe millénaire avant notre ère, l'apparition de l'agriculture entraîne la dégradation ou la fin des milieux naturels : le paysage est définitivement transformé par l'homme.

5. L'art préhistorique

5.1. L'art du paléolithique

C'est en 1834 qu'est découvert, dans la grotte du Chaffaud (Vienne), le premier témoin d'un art préhistorique : un os gravé. Entre 1860 et 1865, Édouard Lartet découvre en Dordogne et en Ariège d'autres témoignages d'une activité artistique des hommes magdaléniens. L'art préhistorique pariétal ne sera cependant révélé qu'en 1879 par M. de Santuola dans la grotte d'Altamira. Mais son authenticité n'est admise qu'en 1895, après la découverte de gravures et de peintures dans la grotte de la Mouthe.

Le sud-ouest de la France et le nord-ouest de l'Espagne constituent le foyer le plus important de l'art pariétal paléolithique. Cette province franco-cantabrique renferme un grand nombre de grottes ou d'abris ornés parmi lesquels : Pair-non-Pair (Gironde), la Mouthe, les Combarelles, Font de Gaume, le Cap Blanc, Lascaux (Dordogne), Niaux, les Trois Frères (Ariège), Pech-Merle, Cougnac (Lot), Angle-sur-l'Anglin (Vienne), le Castillo et Altamira (Santander, Espagne). Mais la découverte d'un site près de Marseille (la grotte Cosquer, sous-marine) et d'un autre en Ardèche (la grotte Chauvet) modifie toutefois la géographie des témoignages pariétaux.

La datation de l’art pariétal a également changé : grâce à l’étude de la grotte d’El Castillo, dans le nord de l’Espagne, on sait que les premières grottes ornées remontent à au moins 40 800 ans, à l’aurignacien (→ paléolothique).

Les artistes paléolithiques utilisaient des techniques variées : simples tracés digitaux sur support tendre, gravures avec un outil de silex sur surface dure, sculptures en bas-relief, modelage d'argile, dessin et peinture, monochrome (une seule couleur utilisée) et polychrome (plusieurs couleurs dans un même dessin). L'étude des grottes et des abris ornés semble indiquer que les artistes paléolithiques avaient un souci de composition esthétique auquel s'ajoutait une trame de liaisons symboliques qui nous échappent en grande partie.

Au paléolithique supérieur apparaît aussi l’art rupestre (pratiqué sur les parois d’abris sous roche, en plein air – contrairement à l’art pariétal qui est celui des grottes), qui se développera considérablement au néolithique. On connaît des sites d’art rupestre paléolithique en Europe, en Afrique du Nord, en Chine, en Australie et en Amérique du Sud.

L'art paléolithique comporte également des œuvres mobilières : statuettes, plaquettes et blocs gravés, instruments décorés, dont le contexte archéologique permet une attribution chronologique et culturelle relativement précise. Les nombreuses statuettes féminines dites « Vénus préhistoriques » sont attribuables pour l’essentiel au gravettien, même si la plus ancienne est une Vénus aurignacienne, âgée de 35 000 à 40 000 ans. Des blocs de calcaire portant des représentations féminines ont également été trouvés en association avec des industries aurignaciennes.

Pour en savoir plus, voir l'article paléolithique.

5.2. L'art du néolithique

L’art du néolithique apparaît il y a environ 8 000 ans, pour se poursuivre jusqu’au début des temps historiques. Dans certaines régions du monde toutefois, il perdure jusqu’à l’époque contemporaine : on en trouve des témoignages jusqu’à la fin du xixe siècle sur les continents africain et américain, et jusqu’au milieu du xxe siècle en Australie.

Au néolithique, les grottes ornées disparaissent totalement : les profondeurs des grottes sombres ont perdu leur attrait pour les hommes de cette époque, sans doute pour des raisons spirituelles. Le néolithique est marqué par l’explosion de l’art rupestre, pratiqué sur les falaises, des rochers, des abris sous roche. Plusieurs foyers de création artistique apparaissent à travers le monde, révélant l'expression symbolique d'une vision globale de la société nouvelle. Les sujets sont plus variés qu’au paléolithique : outre les humains et les animaux, on trouve des habitations, des arbres, etc. L’art rupestre néolithique est narratif : nombreuses sont les scènes de la vie quotidienne (pastoralisme, chasse...), mais aussi les scènes de guerre (affrontement de deux bandes d’archers, datant du ve millénaire avant Jésus-Christ, sur les sites espagnols de Gasulla et de Morella de la Vella). En Europe, il est moins réaliste, plus schématique (personnages et animaux stylisés), mais cela n’est pas vrai, par exemple, au Sahara – la région est à l’époque propice à la vie ; on parle de Sahara vert. Les couleurs utilisées (par exemple des pigments mêlés à de la graisse animale) sont plus nombreuses qu’au paléolithique, avec par exemple l’apparition du blanc. On note aussi, par rapport à l’art paléolithique, l’abandon de l’usage des reliefs naturels pour accentuer le relief ou le mouvement des figures. Sur le plan de la sculpture, le piquetage est la technique la plus répandue (martelage de la surface avec un fragment de roche dure).

L'art mobilier néolithique comprend des armes guerrières en os ou en bois de cervidé, des poignards, des pointes de lance et des haches finement décorés de motifs géométriques, qui se combinent parfois en évocation anthropomorphe. Dans toute l'Europe tempérée, les statuettes en terre cuite, représentant des animaux ou des personnages féminins (peut-être liés au culte d’une Déesse-mère), plus rarement masculins, sont nombreuses.

L'art décoratif gravé ou piqueté sur des piliers de tombes mégalithiques de Bretagne (Gavrinis) ou d'Irlande (Newgrange) date d'environ 3 000 avant J.-C. Les monuments mégalithiques (menhirs, dolmens, alignements ou cercles de menhirs, hypogées) eux-mêmes représentent, depuis le ve millénaire avant notre ère, en Occident, un aspect religieux original de l'art architectural.

Pour en savoir plus, voir l'article néolithique.

Archéologie scientifique
Archéologie scientifique
Biface
Biface
Brassempouy, tête de femme en ivoire
Brassempouy, tête de femme en ivoire
Caricature de Darwin et Littré par Gill.
Caricature de Darwin et Littré par Gill.
Çatal Höyük
Çatal Höyük
Céramique cardiale
Céramique cardiale
De l'aurochs au bœuf domestique
De l'aurochs au bœuf domestique
Domestication primitive
Domestication primitive
Fouilles
Fouilles
Galet taillé
Galet taillé
Grotte du Pech Merle
Grotte du Pech Merle
Habitat paléolithique
Habitat paléolithique
Hominisation
Hominisation
Homme de Cro-Magnon
Homme de Cro-Magnon
Homme de Neandertal
Homme de Neandertal
Idole féminine
Idole féminine
Industrie aurignacienne
Industrie aurignacienne
Industrie azilienne
Industrie azilienne
Industrie gravettienne
Industrie gravettienne
Industrie magdalénienne
Industrie magdalénienne
Industrie moustérienne
Industrie moustérienne
Jacques Boucher de Crèvecœur de Perthes
Jacques Boucher de Crèvecœur de Perthes
La Création d'Adam
La Création d'Adam
La Madeleine, bois de cerf gravé
La Madeleine, bois de cerf gravé
Le Croissant fertile, l'un des premiers foyers de la civilisation
Le Croissant fertile, l'un des premiers foyers de la civilisation
Les origines de l'homme
Les origines de l'homme
L'Europe préhistorique
L'Europe préhistorique
Outillage acheuléen
Outillage acheuléen
Outils du paléolithique
Outils du paléolithique
Peinture rupestre de la grotte de Lascaux
Peinture rupestre de la grotte de Lascaux
Peinture rupestre du tassili des Ajjer
Peinture rupestre du tassili des Ajjer
Pithécanthrope
Pithécanthrope
Pointes de flèches néolithiques
Pointes de flèches néolithiques
Poteries de Sesklo
Poteries de Sesklo
Préhistoire : utilisation d'outils taillés
Préhistoire : utilisation d'outils taillés
Propulseur
Propulseur
Propulseur provenant de Bruniquel
Propulseur provenant de Bruniquel
Sagaie paléolithique
Sagaie paléolithique
Squelettes et fossiles
Squelettes et fossiles
Stonehenge
Stonehenge
Succession chronologique des hominiens
Succession chronologique des hominiens
Tableau synoptique de la préhistoire
Tableau synoptique de la préhistoire
Tadrart Acacus
Tadrart Acacus
Vénus de Willendorf
Vénus de Willendorf
Voir plus
  • vers -3,7 millions d'années Empreintes de pas humains imprimées dans la cendre volcanique (Laetoli, Tanzanie).
  • vers -3,1 millions d'années Premiers galets fendus récupération et première utilisation de l'éclat (Omo, Éthiopie).
  • vers -3,1 millions d'années Vie de Lucy (Australopithecus afarensis), dont le squelette fut découvert par Yves Coppens en Éthiopie (1974).
  • -3 millions d'années Outils par éclat (Hadar, Éthiopie).
  • -2,8 millions d'années Australopithecus africanus en Afrique du Sud (Sterkfontein, Transvaal) ; disparition d'afarensis auquel succède probablement Homo habilis.
  • -2 millions d'années Premières traces d'aménagement de l'habitat (Oldoway, Tanzanie).
  • -2 millions d'années L'Homo erectus est connu en Chine sous le nom de « sinanthrope » ou « homme de Pékin » ; en Indonésie, sous le nom de « pithécanthrope » ou « homme de Java ».
  • -2/-1,6 millions d'années Apparition d'Australopithecus robustus (Oldoway, Tanzanie).
  • vers -1,9 million d'années En Europe centrale et méridionale, les plus anciennes traces d'occupations humaines datent du villafranchien moyen.
  • vers -1,8 million d'années Homo habilis utilise des galets aménagés ; éclats et industrie très primaire (oldowayen), associée à des outils en os et en ivoire d'hippopotame (lac Turkana, Kenya ; Oldoway, Tanzanie).
  • vers -1,8 million d'années Galets aménagés associés à des ossements de mastodontes (Chilhac, Haute-Loire).
  • -1,75 million d'années Fondations en demi-cercle d'un abri coupe-vent (Oldoway, Tanzanie).
  • -1,7 million d'années Galets aménagés et utilisation de l'éclat (vallée de l'Aouach, Melka Kontouré, Éthiopie).
  • vers -1,6 million d'années Homo erectus associé à une industrie de pierre de type acheuléen ; utilisation de l'os (vallée de l'Omo, Éthiopie).
  • 1 million d'années Galets aménagés préacheuléens (site de Tardiguet el-Rahla, littoral atlantique du Maroc).
  • -950 000/-900 000 Culture des galets aménagés (grotte du Vallonnet, Alpes-Maritimes).
  • vers -900 000 Premiers habitats ; levée de blocs aménagée au bord d'un ancien lac à Soleilhac (Haute-Loire).
  • vers -800 000 Culture des galets aménagés, en Asie.
  • vers -800 000 Europe : abbevillien ou préchelléen (bifaces grossiers, outillage fruste sur éclats) ; clactonien (outils sur éclats).
  • vers -700 000 L'Homo erectus est connu sous le nom d'« atlanthrope » ou « homme de Ternifine » (Algérie).
  • vers -650 000 Utilisation du feu (grotte de l'Escale, Bouches-du-Rhône).
  • -600 000 Industrie lithique acheuléenne (Oldoway, Tanzanie).
  • -600 000 L'homme de Lantian (Chine), associé à un outillage de quartzite (galets aménagés).
  • -500 000 Présoanien ; éclats massifs, difficilement identifiables, sur les bords de la Soan (Pakistan) ; soanien ancien : industrie de galets aménagés (interglaciaire Mindel-Riss).
  • -500 000 L'homme de Zhoukoudian (Chine) connaissait le feu et probablement la cuisson (traces de foyer) ; industrie sur quartz et sur silex.
  • -500 000 Galets aménagés ; site de Ubaydiyya (Palestine).
  • vers -450 000 Habitat en grotte de la Caune de l'Arago (Tautavel, Pyrénées-Orientales) ; organisation de l'espace, dont une partie est réservée au débitage des silex.
  • vers -450 000 Traces de feu maîtrisé (foyer délimité) à Vértesszollos (Hongrie).
  • vers -380 000 Foyers organisés (protégés par une murette de pierres) à l'intérieur de huttes (Terra Amata, près de Nice).
  • vers -200 000 Apparition du débitage Levallois, méthode de débitage de la pierre utilisant un percuteur souple, autre que la pierre (bois, os) ; la préparation du plan de frappe provoque des éclats ayant une forme prédéterminée.
  • -200 000 Soanien supérieur (Pakistan) : débitage de type Levallois.
  • -200 000 Pièces bifaces de type acheuléen (Jordanie).
  • vers -100 000 Jabroudien (Syrie), faciès de type moustérien.
  • -100 000 Débuts du moustérien, caractérisé par un abondant outillage sur éclats, associé parfois à des bifaces ; premières sépultures.
  • -100 000 Culture de Fen (Chine) ; pierres taillées d'aspect moustérien.
  • -50 000 Sépulture fleurie d'un néandertalien à Chanidar (Iraq), qui pourrait être celle d'un sorcier ayant utilisé des plantes médicinales.
  • de -40 000 à -35 000 Débuts du peuplement du continent américain par des petits groupes de chasseurs venus d'Asie par le détroit de Béring.
  • vers -40 000/-25 000 Atérien (Afrique du Nord), industrie lithique de type moustérien (racloirs, grattoirs, éclats Levallois).
  • -37 000 Vestiges de foyer à Lewisville (Texas).
  • -35 000/-30 000 Culture châtelperronienne ; développement de l'outillage osseux, multiplication des grattoirs et des burins.
  • -33 000/-28 000 Aurignacien ; apparition des grattoirs carénés et des burins busqués ; pointes de sagaie en os ; l'aurignacien s'étend à travers toute l'Europe, du Proche-Orient à la péninsule Ibérique.
  • de -35 000 à -8 000 En Amérique, glaciation dite « de Wisconsin », correspondant à la glaciation de Würm des régions alpines d'Europe (de -80 000 à -10 000).
  • vers -30 000 Occupation des sites du lac Mungo (État de Victoria, Australie).
  • vers -28 000 Os carbonisés de mammouth à Tule Springs (Nevada).
  • -27 000/-19 000 Le gravettien présente une unité culturelle, surtout dans l'industrie lithique ; il est caractérisé par la pointe de la Gravette (France), couteau à dos rectiligne et extrémité acérée (aire de répartition : Europe occidentale, Europe centrale et Russie jusqu'au Don).
  • -27 000/-19 000 En Europe, premiers objets utilitaires en os à décor figuratif, nombreuses vénus (Brassempouy, Lespugue, Willendorf, etc.)
  • vers -26 000 Pygmées et Papous commencent à peupler la Nouvelle-Guinée et les Nouvelles-Hébrides ; industrie lithique sur éclats, peu retouchés.
  • -24 000/-20 000 Vestiges d'habitat (tentes circulaires ou rectangulaires, cabanes semi-enterrées, renforcées par des dalles ou des ossements) associés à des statuettes anthropomorphes et animales.
  • -20 000/-16 000 Solutréen ; l'industrie lithique est caractérisée par des pointes dites feuilles-de-laurier et feuilles-de-saule, aux retouches très plates.
  • -18 000/-9 000 Ibéromaurusien (Afrique du Nord) ; abondant outillage sur lamelles.
  • entre -17 000 et -12 000 Cueillette de l'orge et du blé en Haute-Égypte.
  • -16 000/-10 000 Le magdalénien marque l'épanouissement de l'outillage osseux (sagaies, harpons à une puis deux rangées de barbelures) ; plusieurs types d'habitat coexistent : campement de chasseurs en peaux de bêtes (Pincevent), grottes où se développe l'art pariétal (Lascaux, Altamira, la Mouthe), cabanes semi-souterraines dont l'armature est faite de défenses de mammouth ; le magdalénien s'étend sur toute l'Europe, en Sibérie et au Moyen-Orient.
  • de -15 000 à -12 000 Culture de Sandia (Nouveau-Mexique), caractérisée par la pointe de Sandia, non cannelée.
  • de -15 000 à -11 000 Culture de Clovis (Nouveau-Mexique) ; pointe cannelée associée à des grattoirs et des couteaux ; utilisation de l'os poli.
  • de -11 000 à -8 000 Culture de Folsom (nord-est du Nouveau-Mexique), caractérisée par des pointes à cannelures longues et larges (on en a retrouvé quelque 8 000 près de traces de huttes, au sol en cuvette, premier type d'habitat connu des Paléo-Indiens ; Folsom était un site de massacre collectif de gros gibier précipité de la falaise).
  • -10 000 Crâne de trépané découvert à Taforalt (Maroc). Les premières tentatives de chirurgie crânienne avaient peut-être un sens magique.
  • -10 000 Présence de chasseurs-collecteurs dans le site de Tepexpán (vallée de Mexico).
  • -10 000 Premiers vestiges de maçonnerie : murs de pierre consolidés avec du mortier, à Mureybat (Syrie) et Aïn Mallaha (Palestine).
  • -9000 Domestication du mouton, à Zawi-Chami, près de Chanidar (Iraq).
  • vers -9000 Traces d'occupation humaine en Patagonie (grotte Fell).
  • vers -9000 Apparition d'herminettes et de haches polies en Mélanésie.
  • vers -9000 Habitations circulaires surcreusées, aux murets d'argile et de bois (Mureybat, Syrie).
  • vers -9000 Natoufien (Palestine) ; débuts de l'agriculture et de la domestication ; outillage microlithique (grattoirs, burins, flèches à pédoncule, etc.) ; habitat de cabanes rondes creusées en fosse ; première occupation du site de Jéricho (Jordanie).
  • -8400 Domestication du chien (grotte du Jaguar, Idaho, États-Unis).
  • vers -8000 Amas de coquilles contenant un abondant outillage en obsidienne à Englefield (Chili méridional).
  • vers -8000 Débuts du peuplement du Japon par des populations provenant probablement du continent nord-asiatique.
  • vers -8000 Débuts de l'agriculture en Anatolie (Asie Mineure).
  • -8000 Premières poteries à Gandjdareh (Iran) et Mureybat (Syrie).
  • de -8000 à 200 avant J.-C. Culture Cochise et culture du désert ; faciès culturel du sud-ouest des États-Unis, associé à une faune de mammouths, de chevaux et de bisons.
  • 7500 avant J.-C. Domestication de la chèvre (Alikosh, Iran).
  • vers 7500 avant J.-C. Culture du blé, de l'orge et des lentilles (Mureybat, Syrie) ; débuts de l'occupation du site de Çatal Höyük (Anatolie) ; habitat en briques crues, peintures murales, cuivre à l'état natif.
  • 7000 avant J.-C. Objets en or et en cuivre natif martelés à froid, utilisés comme parures (Çayönü tepesi, Anatolie).
  • 7000 avant J.-C. Débuts de la céramique au Proche-Orient.
  • 7000 avant J.-C. Invention du métier à tisser et du tissage de la laine (Çatal Höyük, Anatolie).
  • 7000 avant J.-C. La culture du blé et de l'orge est établie en Iran, Iraq, Turquie et Palestine.
  • 7000 avant J.-C. Domestication du porc (Çayönü tepesi, Anatolie).
  • 7000-4000 avant J.-C. Néolithique ancien associé à une poterie à décor cardial (Europe occidentale) ; élevage, agriculture.
  • 7000-6000 avant J.-C. Espagne : peintures rupestres ; hommes représentés avec arc et flèches.
  • 7000-6000 avant J.-C. Premiers indices de la fonte du cuivre (Çatal Höyük, Anatolie).
  • vers 7000 avant J.-C. À Mehrgarh (Baloutchistan pakistanais), débuts de la phase préindusienne (village, domestication de bovins et d'ovins, culture de céréales).
  • vers 7000 avant J.-C. Cultures sauveterroïdes ; collecte des légumineuses.
  • vers 7000 avant J.-C. Domestication du mouton et de la chèvre à Cayönü tepesi (Turquie).
  • fin du VII millénaire avant J.-C. Peintures murales de Çatal Höyük.
  • 6000 avant J.-C. Premières traces d'agriculture et d'élevage en Mélanésie.
  • vers 6000 avant J.-C. Apparition de la céramique dans la vallée de l'Indus.
  • vers 6000 avant J.-C. Culture des céréales, élevage des caprinés (chèvres), des suidés (porcs) et des bovidés (bœufs) [Thessalie, Crète, Péloponnèse].
  • vers 6000 avant J.-C. Première occupation du site d'Ourouk (Iraq).
  • 5500 avant J.-C. Domestication du bœuf (Thessalie et Anatolie).
  • 5500 avant J.-C. Fabrication de la chaux en Palestine et au sud de la Syrie (pour enduire le sol des habitations et surmodeler des crânes humains).
  • de 5200 à 3400 avant J.-C. Débuts de la domestication du maïs (Tehuacán, Mexique).
  • 5000/2500 avant J.-C. Phase préindusienne ; période chalcolithique caractérisée par le début de l'urbanisation, la métallurgie du cuivre, une poterie polychrome (Mehrgarh, Amri, Mundigak).
  • 5000/4000 avant J.-C. Domestication du bœuf dans le massif saharien ; l'apogée de cette période pastorale (associée à l'élevage de la chèvre et du mouton) se traduit par l'importance des peintures pariétales représentant des troupeaux de bœufs.
  • 5000/2000 avant J.-C. Développement du néolithique danubien de l'Europe centrale au Bassin parisien ; céramique à décor rubané, puis poinçonné ; grandes maisons rectangulaires à charpente en bois.
  • vers 5000 avant J.-C. Débuts de la culture du riz dans le sud de la Chine.
  • 5000 avant J.-C. Premières utilisations du levier, du coin et du plan incliné.
  • 4500/3700 avant J.-C. Débuts de la culture jomon (Japon), caractérisée par des poteries portant des marques de cordes (île de Honshu) ou des impressions de coquillages (île de Kyushu) ; population de chasseurs-ramasseurs et de pêcheurs.
  • entre 4500 et 3500 avant J.-C. Culture d'El-Obeïd (Mésopotamie du Nord) ; agriculture (canaux d'irrigation), élevage du mouton et du bœuf, pêche ; céramique à décor géométrique.
  • 4000 avant J.-C. Début de l'âge du bronze (alliage de cuivre et d'étain) au Proche-Orient.
  • 4000/2000 avant J.-C. Culture de Yangshao (Chine), caractérisée par sa poterie rouge ornée de motifs géométriques spiralés ; agriculture cyclique (culture du millet) ; le chanvre et le ver à soie sont connus ; élevage (porc, chien), chasse, pêche.
  • IVe millénaire avant J.-C. Les ancêtres des Mélanésiens actuels, venus d'Asie sud-orientale, commencent à s'installer en Nouvelle-Guinée ; ce sont des agriculteurs utilisant l'herminette à lame de pierre polie.
  • vers 4000/3000 avant J.-C. Culture du sorgho (Soudan).
  • vers 3000 à 2500 avant J.-C. Tradition des terres forestières (Amérique du Nord). Développement de la céramique, apparition de l'agriculture.
  • de 3000 à 2500 avant J.-C. Domestication du lama (Andes).
  • 3000/1700 avant J.-C. Culture de Tripolie (près de Kiev) ; constructions à charpente de bois et à murs de pisé ; culture du blé, de l'orge et du millet ; élevage du bœuf, de la chèvre, du mouton et du cheval.
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