Marie Joseph Paul Yves Roch Gilbert Motier, marquis de La Fayette
Homme politique français (Chavaniac, Auvergne, 1757-Paris 1834).
Chef des volontaires français engagés dans la guerre de l'Indépendance américaine, le marquis de La Fayette tenta ensuite de réconcilier la monarchie française et la Révolution. En 1789 puis en 1830, c'est lui qui remit au souverain (respectivement Louis XVI et Louis-Philippe) les trois couleurs devenues les symboles de la République.
1. Le héros français de l'Amérique
Le jeune aristocrate, qui a tout naturellement embrassé la carrière des armes, est lieutenant du roi dès 1773. Mais il ne trouve pas sur le Vieux Continent l'occasion de réaliser ses ambitions. L'insurrection des colonies anglaises d'Amérique lui offre alors une chance inespérée. Il n'a pas 20 ans lorsqu'il s'embarque pour le Nouveau Monde avec quelques compagnons, enthousiastes comme lui à l'idée de combattre le despotisme.
Engagé volontaire, le marquis de La Fayette est accueilli avec bienveillance par le général Washington, qui le fait nommer major général. De retour à Paris en février 1779, il convainc Louis XVI d'armer un corps expéditionnaire et repart à bord de L'Hermione pour les Amériques. L'expédition est un échec, mais déjà La Fayette fait figure de héros, si bien que Louis XVI accepte d'aller plus loin dans l'aide qu'il veut apporter aux Américains. En mai 1781, 6 000 hommes placés sous le commandement du marquis de Rochambeau quittent Brest. Ce renfort permet à Washington de prendre le dessus sur les Anglais, jusqu'à la victoire décisive de Yorktown le 18 octobre 1781.
2. Le noble égaré dans la Révolution
Quand il rentre en France en 1785, La Fayette, gagné aux idéaux de la Constitution américaine, veut que la monarchie en adopte certains principes. Participant à l'Assemblée des notables de 1787, il est ensuite élu représentant de la noblesse aux États généraux de 1789. C'est cependant pour le tiers état qu'il va prendre fait et cause. Le 13 juillet 1789, il est désigné vice-président de la nouvelle Assemblée nationale constituante, puis, au lendemain de la prise de la Bastille, commandant en chef de la Garde nationale. Deux jours plus tard, il reçoit à l'Hôtel de Ville le roi auquel il remet une cocarde tricolore – un emblème, qui, affirme-t-il fièrement, « fera le tour du monde ». Sa popularité est à son apogée quand il participe à la rédaction de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen.
S'il apparaît comme l'un des personnages clés de la Révolution naissante, La Fayette se trouve vite dans une situation embarrassante. Les ultras comme Marat se méfient de l'aristocrate, et la noblesse déteste le « traître ». Lui qui se serait bien vu en nouveau Washington est vite dépassé par les événements : le 17 juillet 1791, il donne l'ordre à la Garde nationale d'ouvrir le feu sur les manifestants regroupés au Champ-de-Mars pour réclamer la déchéance du roi. Créateur avec Sieyès et Barnave du club des Feuillants, où l'on est partisan d'une monarchie constitutionnelle, il reprendra les armes pour combattre les Autrichiens. Mais, après la journée du 10 août 1792, il ne fait plus de doute que cette révolution ne sera pas la sienne. La Fayette préfère alors se livrer à l'Autriche. C'est le coup d'État du 18 brumaire qui mettra fin à sa vie d'émigré.
3. Le « révolutionnaire » de 1830
Devenu prudent, La Fayette assiste de loin à l'ascension de Bonaparte et renonce à tout poste officiel sous l'Empire. Après Waterloo, il ne peut espérer rentrer en grâce auprès des frères de Louis XVI qu'il a si mal défendu. Militant dans la société secrète de la Charbonnerie, où se retrouve l'opposition à Louis XVIII, il est élu député de la Sarthe puis de Seine-et-Marne.
Quand éclatent les Trois Glorieuses, en juillet 1830, La Fayette, commandant à nouveau la Garde nationale, pense l'heure venue de renouer avec la gloire. Alors que Charles X a quitté Paris, il se range parmi les partisans les plus zélés d'une « révolution bourgeoise ». Le 30 juillet, il est aux côtés de Louis-Philippe Ier sur le balcon de l'Hôtel de Ville. Il enveloppe celui qui va être le « roi des Français » d'un drapeau tricolore, quarante après avoir remis ces mêmes couleurs à Louis XVI.
4. « La Fayette, nous voilà ! »
Le prestige acquis outre-Atlantique par La Fayette lors de la guerre de l'Indépendance américaine ne s'est jamais démenti. La preuve la plus éclatante de la dette des États-Unis envers celui qui fut appelé le « Héros des deux mondes » fut donnée à l'occasion de leur entrée en guerre en 1917.
À Paris, un groupe de soldats organisa au cimetière de Picpus, devant la tombe où reposait La Fayette, une cérémonie en son honneur, qui eut lieu le 4 juillet 1917, jour de l'Independance Day, la fête nationale américaine. Le colonel Charles Stanton (1859-1933) – et non pas le général Pershing, comme le veut une tradition insistante – s'exclama alors : « La Fayette, we're here ! » (« La Fayette, nous voilà ! »). Puis, quelques mois plus tard, fut créée l'escadrille « La Fayette » regroupant sept pilotes américains.
Pour en savoir plus, voir les articles Révolution française, première Restauration, monarchie de Juillet.