Charles X
(Versailles 1757-Görz, aujourd'hui Gorizia, 1836), roi de France (1824-1830).
1. Le chef de l'émigration
Petit-fils de Louis XV, frère de Louis XVI et de Louis XVIII, il porte avant son accession au trône le titre de comte d'Artois. De son mariage (1773) avec Marie-Thérèse de Savoie, il a eu trois enfants, dont le duc d'Angoulême et le duc de Berry. Viveur fastueux et impopulaire, il se met dès 1789 à la tête de la contre-révolution : dans la nuit du 16 au 17 juillet 1789, il doit fuir et donne le signal de l'émigration. Jusqu'au printemps de 1791, fixé au Piémont et considéré comme le chef de l'émigration, il déploie auprès des cours étrangères une intense activité. Il contribue avec Calonne à la déclaration de Pillnitz (27 août 1791) et assiste à Valmy à la tête de l'armée des émigrés.
Lieutenant général du royaume (février 1793), il réside en Angleterre jusqu'en 1814. Confirmé alors dans sa charge, il prépare le retour de Louis XVIII, devient colonel-général de la Garde nationale, mais prend la tête de l'opposition ultraroyaliste qui se renforce après l'assassinat de son fils le duc de Berry (1820).
2. Après l'échec de la libéralisation du régime, le retour des ultras
Devenu roi à la mort de Louis XVIII (1824), il conserve Villèle à la tête du ministère, mais une série de mesures autoritaires réclamées par le parti ultra provoquent des débats passionnés à la Chambre (le milliard des émigrés, la loi contre le sacrilège, la dissolution de la Garde nationale...), qui est dissoute en 1827. La nouvelle Chambre ayant une majorité hostile au ministère, Villèle est contraint de partir. Charles X accepte alors le ministère semi-libéral de Martignac, mais demeure dans une constante défiance vis-à-vis de ce royaliste modéré.
Il s'en sépare en août 1829 et constitue un ministère selon son cœur, réussissant à mettre aux postes clés les hommes les plus impopulaires, les plus incompétents : Jules de Polignac aux Affaires étrangères, La Bourdonnaye à l'Intérieur (l'homme de la seconde Terreur blanche), Bourmont à la Guerre.
En mars 1830, après un discours provocateur à la Chambre, celle-ci proclame, sous la direction de Royer-Collard, dans une adresse signée par 221 députés (sur 402) les droits intangibles de la représentation nationale. La Chambre est dissoute, et de nouvelles élections ont lieu en juillet 1830, qui renforcent encore l'opposition libérale.
3. Le coup d'État de Charles X
Charles X tente alors le coup de force. Se fondant sur l'article 14 de la Charte lui conférant le droit de promulguer les ordonnances « nécessaires pour l'exécution des lois et et la sûreté de l'État », il prépare et signe quatre ordonnances, par lesquelles la liberté de la presse est suspendue, la Chambre dissoute (elle n'eut pas le temps de siéger), la loi électorale modifiée, réduisant encore le nombre d'électeurs, les prochaines élections fixées au 6 et 13 septembre. La publication des ordonnances marque le terme de la seconde Restauration : Paris se soulève et, après les combats des 27, 28 et 29 juillet (→ journées de juillet 1830), Charles X, réfugié à Rambouillet, abdique en faveur de son petit-fils, le duc de Bordeaux (2 août 1830), mais le 7 août, la Chambre des députés déclare le trône vacant et y appelle Louis-Philippe Ier. Le souverain déchu gagne l'Angleterre, vit à Holyrood (Écosse) puis à Praguet avant de mourir à Görz (aujourd'hui Gorizia), ayant connu, en tout, plus de trente ans d'exil.
Pour en savoir plus, voir les articles journées de juillet 1830, seconde Restauration.