Henri II
(Saint-Germain-en-Laye 1519-Paris 1559), roi de France (1547-1559).
1. La centralisation monarchique
Duc d'Orléans, il devient Dauphin à la mort de son frère aîné François (1536). Afin d'obtenir l'appui du pape dans ses entreprises italiennes, son père, François Ier, lui fait épouser Catherine de Médicis, nièce du pape Clément VII (1533). De ce mariage, il aura dix enfants, dont six survivront, parmi lesquels les futurs François II, Charles IX et Henri III.
Délaissant très vite Catherine de Médicis, Henri II prend pour maîtresse Diane de Poitiers, qui exercera une grande influence sur la politique royale, en particulier par le biais des protections accordées à la famille de Guise.
Henri II continue la politique et l'œuvre de son père : à l'intérieur, il poursuit la construction de l'État moderne et la lutte contre le protestantisme ; à l'extérieur, il reprend la guerre contre Charles Quint.
Son règne, comme celui de son père, est marqué par le développement de l'absolutisme et de la centralisation monarchique. Le gouvernement royal se structure, avec l'institution des quatre secrétaires d'État (1547) qui se partagent l'administration du royaume et qui deviendront, à la fin du xvie siècle, les chefs de véritables départements ministériels. De nouvelles juridictions, les présidiaux, au nombre de 61, sont établies entre les parlements et les tribunaux des bailliages (1552). La réforme de l'administration financière réalisée par François Ier est complétée par la création de deux contrôleurs chargés d'enregistrer les mouvements de fonds du Trésor de l'épargne (1547). Enfin, un règlement d'août 1553 généralise les tournées d'inspection dans le royaume des commissaires départis, futurs intendants.
Grâce à ces réformes et à celles de François Ier, la monarchie française, au milieu du xvie siècle, est parvenue à un haut degré de puissance : de toutes les monarchies européennes, elle est celle où l'autorité du souverain est la plus solidement établie. Mais elle se heurte à de graves difficultés financières, qui conduisent Henri II à recourir à des expédients : le roi multiplie notamment les émissions de rentes sur l'Hôtel de Ville. Il crée et vend des milliers de charges nouvelles, favorisant ainsi le développement de la vénalité des offices, qui fait perdre à l'État ses moyens de contrôle sur les officiers devenus propriétaires de leurs charges.
2. La persécution des protestants
Convaincu comme son père que l'unité de foi est indispensable à l'État, Henri II mène sans défaillance une politique de persécution des protestants. Une rigoureuse législation est mise en place par une série d'édits (notamment édits de Châteaubriant [1551], de Compiègne [1557] et d'Écouen [1559]), prescrivant, en outre, aux tribunaux de ne prononcer contre les réformés d'autre peine que la mort. La Chambre ardente que le roi crée au parlement de Paris ordonne en trois ans (1547-1550) plus de 500 exécutions. Enfin, des parlementaires favorables à la tolérance (tel Anne Du Bourg) sont arrêtés (1559).
Mais cette politique de répression se heurte à un protestantisme organisé (réunion du premier synode national à Paris, 25 mai 1559) et renforcé par l'adhésion de nombreux nobles et de grands seigneurs (tel Antoine de Bourbon).
3. La lutte contre les Habsbourg
3.1. Le « voyage d'Allemagne »
À l'extérieur, Henri II ne renonce pas à l'Italie, mais il porte aussi son effort sur la frontière du Nord-Est. Après avoir annexé le marquisat de Saluces (1548) et récupéré Boulogne sur les Anglais (1550), il reprend l'offensive contre Charles Quint : en 1552, il conclut avec les princes protestants allemands le traité de Chambord (15 janvier), qui lui permet d'occuper Metz, Toul et Verdun, dont il prend possession au cours d'une promenade militaire, le « voyage d'Allemagne » (avril-juillet). Charles Quint tente en vain de reprendre Metz, défendue par le duc de Guise (octobre 1552-janvier 1553), puis, à la veille de son abdication, conclut avec Henri II la trêve de Vaucelles (février 1556).
Mais, en intervenant en Italie pour soutenir le pape Paul IV contre les Espagnols (invasion du royaume de Naples par le duc de Guise, 1556), le roi déclenche une nouvelle guerre qui va l'opposer à Philippe II, allié de l'Angleterre. Cette guerre est marquée par la victoire inexploitée des Espagnols à Saint-Quentin (1557) et par la reprise de Calais sur les Anglais par le duc de Guise (1558).
3.2. La paix du Cateau-Cambrésis (avril 1559)
Épuisés par la crise financière (1557-1559) et désireux surtout de consacrer leurs forces à la lutte contre le protestantisme, les belligérants concluent la paix du Cateau-Cambrésis (avril 1559). Par cette paix, Henri II renonce aux revendications des Valois sur l'Italie, où l'Espagne devient prépondérante. En revanche, il renforce la frontière du Nord-Est, en conservant notamment les Trois-Évêchés, Calais et Saint-Quentin. Deux mariages scelleront cette paix, celui de Philippe II avec Élisabeth de France et celui d'Emmanuel-Philibert, duc de Savoie, avec Marguerite de France.
Pour en savoir plus, voir l'article guerres d'Italie.
4. Une succession incertaine
Lors du tournoi donné à l'occasion de ces mariages, Henri II est mortellement blessé d'un coup de lance par le comte de Montgomery (30 juin 1559). La mort du souverain (10 juillet), auquel succède un adolescent de quinze ans, François II, ouvre l'ère de l'affaiblissement du pouvoir royal et des guerres de Religion.
Pour en savoir plus, voir l'article Valois.