Henri III
(Fontainebleau 1551-Saint-Cloud 1589), roi de Pologne (1573-1574) puis de France (1574-1589), troisième fils d'Henri II et de Catherine de Médicis, dernier roi de la dynastie des Valois.
1. Un jeune prince combattant
Troisième fils d'Henri II et de Catherine de Médicis, le dernier des Valois, né en 1551, grandit, entouré de ses précepteurs Jacques Amyot et François de Carnavalet, au château d'Amboise. Baptisé Alexandre-Édouard, il a été fait duc d'Angoulême, et prend le prénom de son père quand celui-ci meurt, en 1559. Son frère, François II, monte à cette date sur le trône de France. Règne bref, qui s'achève l'année suivante ; le second frère d'Henri, Charles IX, est alors couronné.
Henri sera-t-il roi à son tour ? Pour l'heure, dans un pays déchiré par les guerres entre catholiques et protestants, il fait son apprentissage de prince guerrier et est nommé lieutenant général du royaume en 1567. À dix-huit ans, sa fougue fait l'admiration de tous quand, à la bataille de Jarnac, il a son cheval tué sous lui et reprend courageusement la lutte. À Moncontour, il s'illustre tout aussi bravement, affrontant les pierres des arquebuses et chargeant à la tête de ses escadrons. Il conduit peu après, en 1573, le siège de La Rochelle, place forte protestante. Mais la ville, à l'abri de ses puissants remparts, semble inexpugnable, et Henri n'en vient pas à bout malgré six ou sept assauts. Une nouvelle inattendue vient mettre un terme à l'obstination du prince : le voilà élu au trône de Pologne.
2. Du trône de Pologne au trône de France
La couronne de Pologne est élective, et, à l'instigation de sa mère, la candidature d'Henri de Valois a été soutenue auprès de la Diète des princes polonais par l'évêque de Valence Jean de Montluc. Henri, nouveau roi de Pologne, quitte Fontainebleau en octobre 1573. Il est couronné à Cracovie le 21 février 1574. En juin 1574, son frère Charles IX meurt, et la couronne de France échoit à Henri. Dans la nuit du 18 juin, celui-ci quitte en hâte et dans le plus grand secret Cracovie, s'empressant d'abandonner un trône qu'il n'a jamais désiré. Après un périple à Vienne puis à Venise, il arrive en septembre à Lyon. Le 15 février 1575, Henri III est sacré roi de France à Reims. Il épouse Louise de Lorraine.
3. Le réformateur
Critiqué par ses contemporains qui lui reprochent son inconstance, ses mœurs efféminées, les faveurs qu'il accorde à ses « mignons » (notamment les ducs d'Épernon et de Joyeuse), Henri III est en fait un roi intelligent et lucide, soucieux de la grandeur de la monarchie et de l'unité du royaume. Ses nombreux actes législatifs, que Barnabé Brisson rassemblera dans le Code Henri III (1587) avec les autres lois alors en vigueur, témoignent de ses efforts pour restaurer l'État miné par les guerres de Religion.
Outre la grande ordonnance de Blois (1579, 363 articles) sur la « police générale du royaume », il publie plusieurs édits et ordonnances prescrivant d'importantes réformes administratives, financières et économiques, notamment : l'institution d'un bureau des finances au chef-lieu de chaque généralité (1577) et la formation des cinq grosses fermes (1584) ; la création d'une unité de compte, l'écu d'or (1577), qui remplace la livre tournois afin d'enrayer la hausse des prix liée au désordre monétaire ; la généralisation des taxes à l'importation (1582), dans un but protectionniste mais aussi fiscal ; l'extension à tout le royaume des métiers jurés (1581).Toutes ces réformes que Henri III ne pourra mener à bien la Ligue lui ôtant la possibilité de gouverner à partir de 1585.
4. Dans la tourmente des guerres de Religion
Dans un royaume déchiré entre catholiques et protestants, Henri III parvient jusqu'à cette date à conserver son autorité et à préserver l'indépendance royale en suivant des voies différentes. Sous l'influence des « politiques », il choisit d'abord la conciliation : par la paix de Monsieur, confirmée par l'édit de Beaulieu (1576), il satisfait l'essentiel des revendications du parti protestant. Puis il désavoue cet édit lors des premiers états généraux de Blois (1576-1577), afin d'annihiler l'opposition des catholiques, qui ont organisé la Ligue (1576). Il revient ensuite à une politique de tolérance en promulguant l'édit de Poitiers (1577), qui ouvre une période de paix pendant laquelle le roi fonde l'ordre du Saint-Esprit (1578).
4.1. Henri de Guise et la Ligue
Mais, en 1584, éclate la huitième guerre de Religion : sous le couvert de passions religieuses, ce conflit va mettre en jeu le sort de la monarchie et prendre l'aspect d'une crise dynastique provoquée par la mort de son frère, Hercule François, duc d'Anjou (10 juin 1584). Henri III n'ayant pas d'enfants, l'héritier présomptif est désormais Henri de Bourbon, roi de Navarre (le futur Henri IV), chef du parti protestant.
Devant l'éventualité d'un roi non catholique, la Ligue se réorganise à Paris et dans les villes autour de la petite et moyenne bourgeoisie, et reconnaît pour chef Henri Ier, duc de Guise, qui soutient les droits à la Couronne du cardinal de Bourbon avec l'appui financier et militaire de Philippe II, roi d'Espagne (traité de Joinville, 1584).
4.2. La journée des Barricades
Henri III signe le traité de Nemours (7 juillet 1585), qui livre le pouvoir à la Ligue, puis déclare Henri de Navarre déchu de tous ses droits (édit du 18 juillet). Considéré par les Parisiens comme un défenseur trop tiède du catholicisme, voire comme un complice des huguenots, Henri III doit abandonner Paris à la Ligue après la journée des Barricades (12 mai 1588), qui fait du duc de Guise le maître de la capitale. Réfugié à Chartres puis à Rouen, il satisfait les exigences des ligueurs en signant l'édit d'Union (juillet 1588), qui exclut tout prince protestant de la succession à la Couronne.
4.3. L'assassinat du duc de Guise
Lors des seconds états généraux de Blois (1588-1589), il tente de restaurer son autorité ; mais les députés, en majorité ligueurs, n'ont de respect que pour le duc de Guise. Convaincu alors que le duc allait le déposséder du pouvoir, il le fait assassiner ainsi que son frère, le cardinal de Lorraine (23-24 décembre 1588).
4.4. Le poignard de Jacques Clément
Ce meurtre provoque une révolte antiroyaliste générale : la plupart des grandes villes se rallient à la Ligue, qui élit le duc de Mayenne lieutenant général de l'État et Couronne de France, et organise un gouvernement révolutionnaire (les Seize) à Paris. Henri III espérait enfin la paix, il a attisé le feu. Il n'a alors d'autre recours, pour défendre le principe monarchique, que de s'allier à son cousin protestant, Henri de Navarre (entrevue de Plessis-lez-Tours, 30 avril 1589). Cette alliance avec les huguenots ajoute encore à la confusion et fait du roi, aux yeux des catholiques, un « suppôt de Satan ».
Le principal objectif d'Henri III est maintenant de reprendre Paris, dont il a été chassé. Avec Henri de Navarre, il entame le siège de la capitale, retranchée derrière la solide enceinte érigée par Charles V, que défendent les 45 000 hommes de la milice bourgeoise, armée par l'Espagne de Philippe II. Après plusieurs victoires décisives remportées sur les ligueurs, l'étau se resserre autour de Paris, et Henri III installe son camp à Saint-Cloud. C'est là que, le 1er août 1589, il accepte de recevoir un moine dominicain du couvent de la rue Saint-Jacques, Jacques Clément, lequel le blesse mortellement d'un coup de poignard.
Avant de mourir (2 août), le dernier Valois désigne Henri de Navarre comme son héritier, lui léguant la tâche qu'il s'est toujours assignée sans parvenir à la réaliser : apporter la paix civile et religieuse au royaume.
Pour en savoir plus, voir les articles guerres de Religion, Valois.