hémorragie

Points de compression
Points de compression

Cet article est extrait de l'ouvrage « Larousse Médical ».

Écoulement de sang hors des vaisseaux sanguins.

Une hémorragie est dite externe si le sang s'écoule directement à l'extérieur, interne si elle se produit dans une cavité (thorax, abdomen) ou dans un viscère (estomac, intestin) ; quand le sang sort par les voies naturelles (bouche, anus, urètre), l'hémorragie est dite secondairement extériorisée (→ circulation sanguine).

1. Causes

Une hémorragie a pour cause un traumatisme, la lésion d'un organe (inflammation, ulcère, tumeur) ou une anomalie des vaisseaux (anévrysme, fragilité par hypertension artérielle).

2. Différents types d'hémorragie

Une hémorragie chronique peut avoir un volume si faible (hémorragie distillante) qu'elle reste inaperçue pendant plusieurs semaines si elle est interne ; en revanche, la perte de fer qu'elle provoque est responsable d'une anémie ferriprive.

Une hémorragie massive et rapide (plaie d'une grosse artère) entraîne la mort en quelques minutes par arrêt du retour veineux, alors même que l'organisme conserve encore les deux tiers de son volume sanguin.

Une hémorragie importante (un litre, par exemple) est suivie d'une hypotension artérielle puis d'une tachycardie et de divers signes de décompensation de l'organisme, caractéristiques de l'état de choc hypovolémique : soif, malaise, agitation, vertiges, bourdonnements d'oreille, accélération du pouls et de la respiration ; pâleur du visage, des conjonctives et des ongles. Si l'hémorragie ne se reproduit pas, tout rentre dans l'ordre : le volume plasmatique est reconstitué en quelques heures par les liquides extravasculaires (ceux des organes). La moelle osseuse, stimulée par le manque de globules rouges, augmente sa production et compense en quelques semaines le déficit. Si, au contraire, l'hémorragie se répète à quelques heures d'intervalle, le malade est en état de choc avec effondrement de la tension, oligurie (diminution des urines) et décède en l'absence de transfusion. Faite trop tard, celle-ci peut être sans effet (choc hémorragique irréversible).

3. Traitement des hémorragies

Il repose sur l'arrêt de l'hémorragie, en général par intervention chirurgicale. Lorsque l'hémorragie est externe et consécutive à la plaie de vaisseaux du cou ou d'un membre, elle peut être interrompue par compression – à la main ou à l'aide d'un paquet de tissus – du point de saignement ou d'un point situé sur le trajet du tronc artériel qui alimente le saignement (voir paragraphe secourisme).

Il faut aussi remplacer le volume de sang perdu en perfusant dans une veine des solutés de remplissage (gélatines, dextrans). Ces derniers sont insuffisants dans les cas les plus graves, où l'on doit avoir recours aux transfusions sanguines.

4. Secourisme : contrôler une hémorragie externe

Lors d'une hémorragie externe, on observe un écoulement de sang à travers une plaie de la peau dû à une rupture de vaisseaux sanguins. En théorie, la section d’une artère provoque un écoulement de sang rouge vif rythmé par les pulsations alors que la rupture d’une veine provoque un écoulement régulier de sang rouge foncé. Cette distinction a peu d’intérêt en pratique car l’immense majorité des hémorragies externes sont contrôlées par une pression locale directe et parce que ces différences sont beaucoup moins franches quand les tissus sont broyés ou fortement contus.

4.1. Cas général

Devant une hémorragie externe même abondante, les gestes conseillés sont :

1. Exercer immédiatement une pression locale directe avec la main ou un doigt si la plaie est minime, soit directement, soit par l’entremise d’un linge propre (compresses, mouchoir, serviette ou autre). Presser aussi fort que nécessaire pour que le sang cesse de couler.

2. Maintenir la pression au moins deux minutes sans la relâcher, puis vérifier si l’hémorragie persiste. Si c’est le cas, renouveler une pression locale suffisante pour contrôler le saignement.

3. Maintenir la pression jusqu’à l’arrivée des secours. Il est possible de remplacer la pression manuelle par un pansement compressif : une épaisse couche de compresses ou de linge propre maintenue fortement serrée sur la plaie par une bande large. On trouve dans certaines trousses de secours vendues en pharmacie des coussins hémostatiques d’urgence composés d’une couche de mousse assez dense, de compresses et d’une bande élastique pour les fixer.

4. Allonger la victime dès que possible pour éviter un malaise tout en surélevant légèrement le membre blessé s’il s’agit d’une blessure au bras ou à la jambe.

4.2. En cas d'hémorragie sévère

La pression manuelle locale peut ne pas suffire si l’hémorragie provient d’une grosse artère : la carotide au niveau du cou, l'artère humérale au niveau d’un bras, la fémorale au niveau de la cuisse. Dans ce cas seulement, pratiquer une compression à distance (point de compression). Le principe est d’écraser, entre le cœur et la plaie, l’artère blessée contre l’os qui se trouve à proximité.

1. Allonger la victime et faire appeler les secours.

2. Devant une hémorragie grave du cou, presser fortement la carotide à la base du cou, le long de la trachée, avec le pouce qui appuie contre les vertèbres cervicales.

3. Devant une hémorragie grave du bras, écraser l’artère en plaçant le pouce qui appuie contre l’humérus sur la face interne du bras, entre l’aisselle et la plaie.

4. Devant une hémorragie grave de la cuisse, se placer bras tendu au dessus du membre blessé, poser le poing fermé sur le trajet de l’artère fémorale entre le pli de l’aine et la face interne du genou, appuyer aussi fort que possible contre le fémur en utilisant son propre poids.

Aucun témoin ou secouriste ne doit en principe poser de garrot, geste qui coupe complètement la circulation sanguine dans le membre et conduit presque toujours à son amputation. Le seule exception, rarissime, provient sur ordre du régulateur urgentiste du SAMU dans une situation de catastrophe (avec d'innombrables victimes) ou de section complète d’une membre.

Pour en savoir plus, voir les articles fièvre hémorragique virale, hémorragie cérébrale, hémorragie des viscères abdominaux, hémorragie digestive, hémorragie gynécologique, hémorragie intraoculaire, hémorragie méningée, hémorragie obstétricale, métrorragie, otorragie, rectorragie, secourisme, urgences.