traité de Versailles (28 juin 1919)
Traité de paix qui mit fin à la Première Guerre mondiale entre l'Allemagne et les puissances alliées et associées.
1. Les conditions
Il fut signé dans la galerie des Glaces du château, là où l'Empire allemand avait été proclamé, le 18 janvier 1871.
Pour rétablir l'état de paix avec l'Allemagne, les 27 puissances victorieuses alliées ou associées (en fait, 32, le Royaume-Uni parlant au nom du Canada, de l'Australie, de l'Afrique du Sud, de la Nouvelle-Zélande et de l'Inde) se réunirent en conférence de la paix à Paris (18 janvier 1919-10 août 1920) ; lors de la conférence furent élaborés, en outre, les quatre traités secondaires de Saint-Germain-en-Laye, Trianon, Neuilly-sur-Seine et Sèvres.
Les travaux furent en fait dominés par un directoire de quatre membres : Clemenceau pour la France, Lloyd George pour la Grande-Bretagne, Orlando pour l'Italie, Wilson pour les États-Unis. La Pologne était représentée par le pianiste Paderewski, alors président du Conseil. Les contradictions qui se firent jour d'emblée entre les Alliés rendirent souvent les débats difficiles. Selon les vœux du président américain Wilson, le pacte de la Société des Nations (SDN) fut incorporé au texte du traité de paix sous forme de préambule.
2. Le prix de la paix
2.1. Les clauses territoriales
Les principales clauses territoriales concernaient la restitution de l'Alsace-Lorraine à la France, l'administration de la Sarre par la SDN pendant quinze ans avant l’organisation d’un plébiscite et l'organisation d'un autre plébiscite au Slesvig et en Silésie, revendiquée par l’Allemagne et la Pologne.
Toruń était cédée à la Pologne, Dantzig devenait une ville libre administrée sous le contrôle de la SDN, et le « corridor » de Dantzig qui assurait à cet État un accès à la mer, isolait ainsi la Prusse orientale du reste de l’Allemagne (→ Gdańsk). Enfin, l'Allemagne renonçait à toutes ses colonies au profit des puissances alliées, la SDN ayant charge d'en attribuer le mandat à certaines d'entre elles.
2.2. Les clauses militaires
Après suppression du service militaire, l'armée allemande était ramenée à 100 000 hommes et la marine à 15 000 (contre 400 000 au début de 1919). La fabrication d'un nouveau matériel de guerre (sous-marins, artillerie lourde et chars) était interdite, la flotte de guerre confisquée et les ouvrages fortifiés devaient être détruits sous le contrôle de la Commission des réparations. L'Allemagne devait, à titre transitoire, verser 20 milliards de marks-or en attendant que la Commission des réparations fixe le montant des réparations destinées à rembourser les dommages de guerre.
Pour en savoir plus, voir l'article question des réparations.
3. Un diktat humiliant pour l'Allemagne
Pour garantir l'exécution des clauses du traité, la rive gauche du Rhin ainsi que trois têtes de pont sur la rive droite devaient être occupées pendant quinze ans, au maximum, par les Alliés ; la Rhénanie était démilitarisée et l'Allemagne devait reconnaître sa responsabilité dans les dommages causés du fait de la guerre. Les Allemands des Sudètes étaient intégrés à la Tchécoslovaquie.
Alors qu'en France l'opinion publique considéra généralement comme insuffisantes les garanties obtenues contre un éventuel retour offensif de l'Allemagne, le traité fut jugé excessif en Grande-Bretagne et surtout aux États-Unis, où le Sénat refusa de le ratifier (20 novembre 1919).
Les Allemands, eux, lui témoignèrent une violente hostilité et n'acceptèrent de signer que sous la menace d'une reprise de la guerre. La protestation contre le diktat de Versailles allait être un thème efficacement exploité par les groupes nationalistes, en particulier par les nazis. Le traité créa donc, en raison de l'humiliation subie par le vaincu, les conditions d'une marche à la revanche qui entraîna à nouveau le monde dans la guerre en 1939.
Pour en savoir plus, voir l'article Seconde Guerre mondiale.