musée d'Orsay
Situé à Paris, le musée d’Orsay réunit des œuvres de la seconde moitié du xixe s. et du début du xxe s. Il possède la plus importance collection de peinture impressionniste au monde.
1. Histoire du musée
1.1. À l’origine, une gare
Le musée occupe l’ancienne gare d’Orsay, construite sur les ruines d’un bâtiment administratif incendié pendant la Commune. Ce nouveau terminus devait remplacer celui d’Austerlitz, plus éloigné du centre de Paris, pour la desserte des lignes du sud-ouest de la France. Conçue en 1898 par l’architecte Victor Laloux, inaugurée lors de l’Exposition universelle de 1900, la gare, accompagnée de ses luxueux hôtel, restaurant et salle des fêtes, est le miroir du siècle qui s’achève : un décor surabondant habille une structure de métal et de verre, typique de l’architecture industrielle de l’époque.
1.2. L’aménagement du bâtiment
La décision de transformer ce symbole du xixe s. en musée national est prise en 1977, à l’initiative du Président de la République, Valéry Giscard d’Estaing. Le projet architectural est confié à l’équipe française ACT architecture (Renaud Baldon, Pierre Colboc, Jean-Paul Philippon) et l’aménagement intérieur à l’architecte italienne Gae Aulenti : la muséographie s’adapte aux multiples contraintes du lieu et un soin particulier est accordé à la mise en valeur de l’architecture d’origine. En 1986, le musée d’Orsay est inauguré par François Mitterrand, Président de la République.
1.3. La provenance des œuvres
On y a rassemblé des collections qui étaient dispersées entre plusieurs sites, et parfois non exposées faute d’espace. Le fond principal est celui du musée du Luxembourg ; il est complété d’œuvres conservées au musée national d’Art moderne, au Jeu de Paume ou dans divers autres musées nationaux. Depuis 1986, les collections du musée d’Orsay sont enrichies par des acquisitions (notamment pour les œuvres d’artistes étrangers) et par les donations ou dations de collectionneurs ou de descendants d’artistes.
1.4. Autour du musée
Le musée d’Orsay fait le lien entre les collections permanentes du musée du Louvre et celles du musée national d’Art moderne (Centre Pompidou), avec des frontières parfois fluctuantes. Les dates de 1848 et 1914 ont été retenues pour marquer le début et la fin de la période concernée, parfois surtout en raison de leur sens historique. On peut retenir que, du point de vue de l’histoire de l’art, le musée d’Orsay se situe globalement entre le romantisme (exposé au musée du Louvre) et le fauvisme ou le cubisme (sur quoi s’ouvre le musée national d’Art moderne).
Des expositions temporaires sont régulièrement organisées in situ pour faire connaître au public les œuvres des réserves. Hors les murs, de prestigieuses expositions – souvent la rétrospective de l’œuvre d’un artiste – sont organisées par le musée aux Galeries nationales du Grand Palais. De nombreux lieux en France peuvent compléter ou constituer le préalable à une visite au musée d’Orsay : musée de l’Orangerie, musée Marmottan-Monet, musée Rodin, musée Bourdelle à Paris ; musée des Impressionnistes et fondation Claude-Monet à Giverny, musée des Beaux Arts à Angers, musée des Beaux Arts à Reims, musée Fabre à Montpellier, musée Toulouse-Lautrec à Albi, auberge Ganne à Barbizon,…etc.
2. Les collections
2.1. Eclectisme des collections
L’originalité du musée tient surtout à son caractère interdisciplinaire. Peinture, arts graphiques ou sculpture, mais aussi arts décoratifs (mobilier et objets), photographie (c’est le premier musée à y consacrer une section), création architecturale, et, à l'occasion d'expositions temporaires, littérature, musique, cinéma, édition : toute la production artistique de la période est concernée.
Au cours du xixe s., le champ couvert par le domaine artistique s’étend : certains objets de décoration, du mobilier, des affiches publicitaires peuvent acquérir le statut d’œuvres d’art à part entière, et de nouveaux domaines d’expression apparaissent, la photographie et le cinéma.
2.2 Panorama des courants
Le musée d’Orsay possède environ 6 000 œuvres (sans compter les photographies et les dessins), dont une moitié environ est exposée en permanence, sur trois niveaux, selon des regroupements variés : chronologiques, thématiques, ou encore par collections.
La peinture consacrée est présente avec l’académisme, seul courant soutenu pendant longtemps par les instances officielles. Un début d’émancipation face aux règles académiques se sent avec l’école de Barbizon dans la peinture de paysage et avec le réalisme dans la description de la société.
La modernité tient une place de choix dans les collections : l’expression majeure en est l’impressionnisme, qui sort le peintre de l’atelier et affirme la primauté de la lumière. Aux bouleversements de la société qui se transforme en profondeur, le symbolisme oppose un monde idéal et onirique. Après les expériences analytiques du naturalisme, la personnalité des artistes est de plus en plus décelable dans les œuvres (post-impressionnisme, pointillisme, nabis, art nouveau). Chacun développe son propre style, avec, dans certains cas, l’annonce des avant-gardes du début du xxe s.
3. Quelques œuvres majeures
• Alexandre Cabanel, Naissance de Vénus (peinture, 1863) : un sujet mythologique illustré par un artiste officiel très en faveur pendant le Second Empire. (→ Cabanel)
• Jean-Baptiste Carpeaux, la Danse (sculpture, 1869) : l’original du groupe qui ornait la façade de Opéra de Paris, dans lequel l’artiste réussit à traduire la sensation de mouvement. (→ Carpeaux)
• Paul Cézanne, les Joueurs de cartes (peinture, entre 1890 et 1895) : une toile post-impressionniste sobre et équilibrée, appartenant à d’une série de cinq versions. (→ Cézanne)
• Théodore Chassériau, le Tepidarium (peinture, 1853) : une œuvre aux multiples influences, entre romantisme, orientalisme et peinture historique. (→ Chassériau)
• Gustave Courbet, Un enterrement à Ornans (peinture, 1849-1850) : une scène du quotidien dans un format monumental, qui classa l’artiste comme chef de file du réaliste. (→ Courbet)
• Edgar Degas, Petite Danseuse de quatorze ans (sculpture, entre 1865 et 1881) : la sculpture extrêmement réaliste d’un peintre du quotidien. (→ Degas)
• Émile Gallé, Plat d’ornement (faïence, 1878) : les premiers pas d’un maître verrier dans le domaine de la céramique. (→ Gallé)
• Paul Gauguin, Arearea [joyeusetés] (peinture, 1892) : l’exotisme idéalisé dans une peinture considérée par le l’artiste comme l’une de ses plus importantes. (→ Gauguin)
• Édouard Manet, le Déjeuner sur l’herbe (peinture, 1863) : une œuvre dont la modernité et le sujet causèrent un scandale au Salon des Refusés. (→ Manet)
• Jean-François Millet, l’Angélus (peinture, 1863) : célèbre dans le monde entier, une peinture majeure du représentant du réalisme français. (→ Millet)
• Claude Monet, la Cathédrale de Rouen. Le portail et la Tour Saint-Romain, plein soleil (peinture, 1893) : un exemple du travail de Claude Monet sur le jeu de la lumière et la transfiguration des formes. (→ Monet)
• Félix Nadar, Charles Baudelaire au fauteuil (photographie, 1855) : lorsque l’un des premiers artistes photographes fait le portrait, énigmatique, d’un poète. (→ Nadar)
• Pierre Puvis de Chavannes, le Rêve (peinture, 1883) : un maître de l’art décoratif renoue avec la tradition classique en la teintant de symbolisme. (→ Puvis de Chavannes)
• Auguste Renoir, Bal du moulin de la Galette (peinture, 1876) : une étude de plein air très poussée, chef-d’œuvre des débuts de l’impressionnisme. (→ Renoir)
• Henri Rousseau, la Charmeuse de serpents (peinture, 1907) : paysage exotique, irréalisme et fantastique se mêlent chez cet annonciateur de certaines avant-gardes du xxe s. (→ Rousseau)
• Vincent Van Gogh, l'Église d'Auvers-sur-Oise (peinture, 1890) : un bâtiment et un paysage en mouvement, la réalité transfigurée par la vision de l’artiste. (→ Van Gogh)