gauche
Ensemble des groupements et partis politiques qui professent des opinions progressistes, par opposition à la droite. (En France, à l'Assemblée nationale, les représentants de ces partis siègent à la gauche du président.)
1. Une notion typiquement française
La notion de gauche est, à l'origine, une notion typiquement française, puisque le terme désigna d'abord l'ensemble des députés, qui, lors de la séance du 11 septembre 1789, se rangea à la gauche du président de l'Assemblée constituante, pour s'opposer au veto royal. Depuis, le terme a pris un contenu culturel et politique au demeurant variable suivant les temps et les lieux.
D'une manière générale, on peut dire que, si la droite se définit autour des concepts d'individu, d'ordre de libéralisme économique et de conservatisme, la gauche se rassemble, elle, autour de ceux de collectivité, de progrès et d'égalité.
2. Une grande diversité de courants
La gauche inclut des courants très divers, se distinguant à partir du double critère de la référence au marxisme et de l'acceptation des mécanismes politiques classiques :
– centre gauche ou social-démocratie, réformiste, favorable à un capitalisme dirigé ;
– socialisme, partisan de profondes réformes de structure (nationalisations, planification souple), mais attaché aux libertés publiques ;
– communisme marxiste-léniniste, demandant la collectivisation des moyens de production et d'échange ;
– extrême gauche, refusant en général le jeu institutionnel et prônant l'action directe.
3. Les gauches françaises
En France – et d'un point de vue historique – on peut réduire la gauche à cinq éléments affectés d'un mouvement permanent de glissement :
– une première gauche, libérale, acceptait l'héritage de la Révolution et les principes de 1789, en face d'une droite contre-révolutionnaire ; elle a commencé à évoluer vers la droite à partir de 1830, avec l'orléanisme. Son glissement a été précipité par l'apparition, sur sa gauche, du radicalisme laïc et démocratique, qui réclamait l'application intégrale des principes de 1789, y compris le suffrage universel, et entendait en tirer toutes les conséquences politiques ;
– momentanément triomphante en 1848 (→ révolution française de 1848), cette gauche a fondé la république et en a guidé le fonctionnement entre 1900 et 1940.
– les écoles socialistes, entre lesquelles le marxisme eut tôt fait de conquérir une place prépondérante, constituent une troisième gauche, dont les progrès électoraux et parlementaires rejetèrent plus à droite les groupes s'inspirant de la tradition radicale.
– viennent, ensuite, le parti communiste, faisant référence exclusive au marxisme-léninisme ;
– et l'extrême gauche révolutionnaire.
4. Des tentatives d'union périodiques
La diversité des tendances suscite, enfin, périodiquement des tentatives d'union de la gauche, dont les plus marquantes auront été le Front populaire en 1936 et la signature, en 1972, d'un Programme commun de gouvernement entre les communistes, les socialistes et les radicaux (→ parti communiste français), qui amorça le processus devant aboutir, malgré la rupture momentanément intervenue entre ces formations en 1978, à l'élection, le 10 mai 1981, de François Mitterrand à la présidence de la République et d'une majorité de gauche à l'Assemblée nationale.
Pour en savoir plus, voir les articles IIIe République, IVe République, Ve République, France : vie politique depuis 1958.