Mathieu Jules Basile, dit Jules Guesde
Homme politique français (Paris 1845-Saint-Mandé 1922).
Expéditionnaire au ministère de l'Intérieur (1862-1864), puis membre du bureau de presse de la préfecture de la Seine (1864-1867), il entre dans le journalisme sous le nom de sa mère, née Guesde, et défend les idées républicaines dans le Progrès libéral de Toulouse (1868), puis dans la Liberté de Montpellier (1869-1871) et les Droits de l'homme, paraissant dans la même ville. Pour avoir rendu le gouvernement impérial responsable de la guerre contre la Prusse, il est condamné à six mois de prison en juillet 1870. Libéré après Sedan, il manifeste sa sympathie envers la Commune de Paris et est condamné à cinq ans de prison (juin 1871), mais il s'enfuit avant en Suisse. En 1876, il peut rejoindre la France. Gagné aux idées de Marx, qu'il rencontre à Londres en 1880, il est un des principaux acteurs de la renaissance du mouvement ouvrier français, qui se manifeste par la création, au congrès de Marseille de 1879, de la Fédération du parti des travailleurs socialistes de France. Jules Guesde et ses amis se proclament « collectivistes » afin de se distinguer des communistes utopiques. Le nouveau parti, miné par les tendances, éclate bientôt, en 1882, et Jules et ses partisans créent le parti ouvrier (PO), qui deviendra, en 1893, le parti ouvrier français (POF), avant de constituer, en 1902, avec d'autres partis socialistes, le parti socialiste de France (PSDF).
De 1882 à 1902, Jules Guesde est le leader incontesté du PO puis du POF et imprime fortement sa marque sur le PSDF. Sa conviction profonde, la qualité de son argumentation plus que son éloquence contribuent à l'élargissement de l'influence de ses idées surtout dans le Nord et le Pas-de-Calais, l'Aube et la Marne, l'Allier, le Languedoc Méditerranée, le Roussillon, la Provence et la Gironde. Jules Guesde est député de Roubaix de 1893 à 1898, puis de 1906 à sa mort. Lors de l'affaire Dreyfus, après avoir proclamé la nécessité de la révision, il affirme en 1898, que cette « bataille » n'est pas celle des travailleurs. Il fait condamner l'entrée du socialiste Alexandre Millerand dans le ministère Waldeck-Rousseau par le congrès général des organisations socialistes françaises (congrès de Japy en 1899), au prix, il est vrai, d'une grave crise dans son parti. Face à Jean Jaurès, qui approuve Alexandre Millerand, il apparaît comme le chef de file des socialistes révolutionnaires. Il impose ses thèses au congrès d'Amsterdam (1904) qui est à l'origine du parti socialiste SFIO en 1905. Mais Jules Guesde est rapidement supplanté par Jean Jaurès dans le rôle de leader du parti ; il apparaît de plus en plus comme le gardien d'une théorie peu liée à la pratique. En août 1914, il se rallie à l'Union sacrée, entre comme ministre d'État dans le gouvernement Viviani et demeure dans le gouvernement Briand jusqu'en décembre 1916. Hostile à la révolution russe d'octobre 1917, il suit, au congrès de Tours, la minorité du parti.
Jules Guesde, qui n'a pas été un théoricien, mais un vulgarisateur du marxisme, a publié de nombreuses brochures : Essai de cathéchisme socialiste (1878), Collectivisme et révolution (1879), le Collectivisme (1894), En garde ! Contre les contrefaçons du socialisme, les mirages et la fausse monnaie des réformes bourgeoises (1911).