cristal
(latin crystallus, du grec krustallos, glace)
Verre contenant une proportion importante d'oxyde de plomb (24 % au minimum), qui se distingue des autres verres par une plus grande densité, un indice de réfraction supérieur, ainsi que par son éclat, sa limpidité et sa sonorité.
VERRE
On notera que les objets en cristal sont composés de matière amorphe et par conséquent ne sont pas des cristaux au sens physique du terme.
Pour en savoir plus, voir l'article cristal [physique].
1. Aperçu historique
Avant la mise au point du cristal à l'oxyde de plomb (flint glass ou verre flint) en Angleterre, au xviiie siècle, les verres les plus purs, rappelant le cristal de roche, furent le cristallo di Venezia (« cristal de Venise », également appelé « verre cristallin ») mis au point au xiiie siècle, les verres à la soude (xve siècle), le verre de Bohême à la chaux et à la potasse (fin du xvie siècle).
En France, la fabrication du cristal au plomb s'est développée rapidement à partir de la fin du xviiie siècle (Saint-Louis, vers 1787 ; Baccarat, 1819). D'importantes manufactures se sont constituées en Allemagne, en Belgique (Val-Saint-Lambert), aux États-Unis, en Italie (Murano, Venise), en Suède, etc.
Taillé à la roue (meule) ou à l'acide, utilisé pour la production de services de luxe, d'objets décoratifs et pour la lustrerie, le cristal, traditionnellement, est l'objet d'une fabrication manuelle, effectuée par une main-d'œuvre hautement qualifiée. Sa fabrication mécanique est apparue en France à la fin des années 1960 (cristallerie d’Arques), puis s'est largement répandue.
2. Risques sanitaires du cristal au plomb
Par ailleurs, d’un point de vue sanitaire, les contenants en cristal ont fait l’objet d’études scientifiques car ceux-ci peuvent libérer du plomb dans les aliments et les boissons avec lesquels ils sont en contact et entraîner ainsi un saturnisme, en particulier chez les enfants qui sont plus sensibles aux effets nuisibles de ce métal.
En effet, le plomb absorbé par l'organisme circule alors dans le sang et se fixe principalement dans le squelette mais également dans les tissus mous tels que le cerveau, le foie et les reins. Une exposition prolongée à de faibles quantités de plomb peut entraîner divers troubles et maladies tels que la distraction, la dépression, la perte de mémoire et même l'anémie (diminution du nombre de globules rouges).
Absorbé en quantités élevées, le plomb peut causer des lésions cérébrales et rénales, avoir des conséquences sur la fertilité masculine et augmenter le risque d'avortement spontané et d'accouchement prématuré chez les femmes enceintes.
Pour pallier ce problème de plomb, la surface des contenants en cristal (en particulier les carafes à vin et à alcool fort) peut être traitée pour limiter le relargage du métal par une méthode dite de cémentation (la surface est enduite d’une matière imperméable). Et si ce problème d’empoisonnement au plomb concerne tous les amateurs d’art de la table et de décoration, c’est principalement un problème pour les salariés exposés dans les cristalleries. Parallèlement, les grandes cristalleries ont développé des verres sans plomb présentant des propriétés très proches de celles d’un cristal au plomb à base d’oxyde de zinc, d’oxyde de calcium, d’oxyde de magnésium, de bismuth, de titane, de lanthane… qui sont inoffensifs pour les consommateurs et les salariés.
De plus, d’un point de vue écologique, la fabrication de vaisselle en cristal est très polluante puisqu’elle rejette de nombreux composés aqueux acides et à base de plomb dans la nature, généralement dans des cours d’eau. Toutefois, certaines manufactures comme Lalique, ont mis en place des stations de traitement et de neutralisation de leurs eaux usées.