Dans le sillon tracé par l'OM (le club provençal avait été demi-finaliste de la Coupe des Champions en 90 et finaliste en 91), deux équipes françaises, le Paris-Saint-Germain et l'AJ Auxerre, se sont offert un étonnant parcours européen en Coupe de l'UEFA. Tout sépare ces deux clubs : Auxerre, c'est le football des champs, un budget modeste, une politique de formation sans égale et une figure de proue, son entraîneur Guy Roux ; le PSG, repris en main par Canal + en 1991, c'est un budget considérable, une politique de gros transferts et l'ambition avouée de détrôner l'OM. Ces deux équipes ont atteint les demi-finales de cette Coupe de l'UEFA, en éliminant au passage des grands du football européen (l'Ajax d'Amsterdam pour Auxerre, Naples, Anderlecht, le Real Madrid pour le PSG). Les Allemands de Dortmund et les Italiens de la Juventus de Turin ont mis fin aux espoirs des deux clubs français au terme de quatre rencontres acharnées. Pour Auxerre, ce parcours a constitué à lui seul une belle récompense. Pour le PSG, cette performance n'est qu'une étape vers d'autres sommets.
Brillant en Coupe d'Europe, régulier en championnat, le PSG a conquis cette saison la Coupe de France au terme d'une compétition sans saveur. En finale, les Parisiens ont facilement dominé une jeune équipe nantaise, qui fut la révélation d'une saison mouvementée.
Affaire OM/Valenciennes
26 mai 93 : l'Olympique de Marseille bat le Milan AC en finale de la coupe d'Europe des clubs champions et offre à la France son premier trophée continental.
6 septembre 93 : l'OM est exclu de la coupe d'Europe par l'Union européenne de football « afin de protéger la régularité des compétitions ». En trois mois, l'ouragan a presque tout emporté : la notoriété d'un club, une partie de son palmarès, amputant son avenir, brouillant l'image de son président, Bernard Tapie, et, au-delà, celle de tout le football français.
Point de départ de cette affaire OM/Valenciennes : un simple match de championnat. Ce désormais fameux 20 mai, Marseille s'impose à Valenciennes 1-0, s'assurant virtuellement un nouveau titre de champion, le cinquième d'affilée. Une victoire qui va permettre aux Provençaux de préparer en toute quiétude et au grand complet leur finale contre Milan. Juste après cette rencontre OM/Valenciennes, le défenseur nordiste Jacques Glassmann dénonce une tentative de corruption dont il aurait fait l'objet de la part de dirigeants marseillais.
Le 4 Juin, la Ligue nationale de football porte plainte auprès du parquet de Valenciennes. Le 24 juin, l'affaire éclate pour de bon : les enquêteurs retrouvent 250 000 francs en liquide dans le jardin de famille du joueur valenciennois Christophe Robert. Malgré les aveux de quatre protagonistes (trois joueurs valenciennois, Robert, Burruchaga et Glassmann, et un joueur marseillais, Jean-Jacques Eydelie, qui a servi d'intermédiaire), en dépit des soupçons qui pèsent sur le directeur général de l'OM, Jean-Pierre Bernès, la Fédération française de football hésite à prendre des sanctions, s'abritant derrière la procédure judiciaire en cours. Des atermoiements qui ont le don d'hérisser les instances internationales. Placées devant des situations comparables, d'autres fédérations – italienne par exemple – avaient sévi très vite et de façon exemplaire. Les autorités internationales du football, Fédération internationale et Union européenne, ont toujours craint plus que tout que le bien-fondé de leur pouvoir supranational soit contesté. Si une décision de justice interfère avec le règlement d'une fédération, le pouvoir sportif court le risque de perdre toute autorité. C'est cet aspect essentiel que les responsables du football français ont largement sous-estimé. Entre droit pénal et déontologie sportive, la FIFA et l'UEFA ont logiquement choisi la défense rigoureuse de leur règlement.
Le 6 septembre, l'Union européenne taille dans le vif et exclut l'OM de la coupe d'Europe. Emboîtant timidement le pas, la Fédération française déchoit provisoirement Marseille de son titre de champion de France, en attendant les décisions de justice...