À travers les Régions
Alsace
Située au cœur de l'Europe rhénane, l'Alsace dispose d'atouts de poids pour affronter l'ouverture du grand marché à l'heure où les frontières de l'Europe sont repoussées loin vers l'est.
Exportatrice de tradition, elle occupe le premier rang parmi les Régions françaises pour le montant des exportations par habitant, mais aussi pour la croissance du produit intérieur brut (PIB). Depuis longtemps, l'Alsace a appris à travailler avec les pays voisins, dont elle comprend la langue. Dans l'arrondissement de Wissembourg, 30 % des salariés travaillent en Allemagne. Au début de 1991, 56 000 Alsaciens, dont 31 000 venus du Haut-Rhin, franchissaient quotidiennement la frontière pour se rendre dans des entreprises helvétiques ou allemandes, où les salaires sont supérieurs de 30 à 50 % à ceux pratiqués en France. Résultat : le taux de chômage est le plus faible de France : 5,1 % de la population active. Mais la médaille a un revers : la main-d'œuvre qualifiée commence à faire défaut, surtout pour les PME, qui ne peuvent soutenir la concurrence salariale avec les employeurs allemands.
Boudée par les investisseurs français, l'Alsace accueille les capitaux étrangers : en dix ans, plus de onze mille emplois ont été créés par des étrangers. Aujourd'hui, sur dix emplois industriels créés, six le sont par des capitaux extérieurs. 35 % des chefs d'entreprise alsaciens travaillent, peu ou prou, avec des capitaux non français. Les deux comités d'expansion, l'ADIRA (Association pour le développement industriel de la Région Alsace), dans le Bas-Rhin, et le CAHR (Comité d'action du Haut-Rhin), voient leurs efforts récompensés, d'autant plus qu'il y a concurrence d'intérêts avec les industries allemandes (responsables de la moitié des créations d'emplois d'origine étrangère) et helvétiques – soucieuses de prendre pied sur le marché européen.
Les 24 000 frontaliers alsaciens se rendant en Allemagne sont dans une situation relativement fragile. Ils sont à la merci de la préférence que les employeurs du Bade-Wurtemberg peuvent accorder aux travailleurs venus de l'Allemagne de l'Est. Par ailleurs, l'Alsace risque de souffrir de la fin de la guerre froide : avec la réduction des Forces françaises en Allemagne (FFA), ce sont des milliers d'emplois civils qui vont disparaître. Enfin, l'Alsace n'est pas certaine de pouvoir accueillir sur son sol les régiments rapatriés d'outre-Rhin.
En attendant d'être reliée à Paris par un TGV qui n'en finit pas de ne pas arriver, l'Alsace a inauguré en septembre 91 une liaison ferroviaire rapide, le V-200, née d'un accord conclu en 1989 entre la SNCF et la Région. Les 110 kilomètres séparant Strasbourg de Mulhouse sont parcourus en 48 minutes. Il s'agit de relier les deux capitales alsaciennes, d'alléger le trafic routier sur l'axe nord-sud alsacien, mais surtout de préparer la Région à l'arrivée des futures rames de TGV. Le tronçon Mulhouse-Bâle devrait entrer en service en 1994.
Les vins d'Alsace reviennent à la mode : 150 millions de bouteilles ont été vendues en 1990, soit 1 116 000 hectolitres (+ 8 % par rapport à l'année précédente), et les exportations ont atteint le record de 46 millions de bouteilles (+ 6 %). Le voisin allemand demeure le principal marché à l'exportation (plus de la moitié des ventes à l'étranger), mais les plus fortes progressions ont été enregistrées en Finlande (+ 140 %), en Norvège (+ 42 %), aux États-Unis (+ 41 %). Le marché nippon n'arrive qu'en dixième position : Gewurztraminer est imprononçable en japonais.
Aquitaine
À Noguères (Pyrénées-Atlantiques), Pechiney a tenu, et au-delà, le pari de la reconversion. L'usine d'aluminium, construite en 1959, obsolète et inadaptée au nouveau coût de l'énergie, a fermé ses portes. L'engagement pris en 1989 de créer 500 emplois et de reclasser l'ensemble du personnel est dépassé : 874 emplois seront créés d'ici à la fin de 1992 sur le site même de l'usine (fonderie Pechiney-Rhenalu, carrelage Spea) ou à proximité immédiate (emballage d'aluminium à Mont).