Le développement harmonieux d'une métropole ou d'une ville moyenne passe par celui de l'enseignement supérieur. Dans cette perspective, les effectifs des étudiants de la Région doivent passer d'ici à 1995 de 90 000 à 112 500. Quatre ensembles universitaires devront faire face à cette poussée. Deux d'entre eux existent déjà : celui de la métropole lilloise (avec les sites de Lille, Villeneuve-d'Ascq, Roubaix et Tourcoing) et celui du Hainaut-Cambraisis (Valenciennes, Cambrai, Maubeuge). Deux sont en cours de réalisation : celui de l'Artois (Lens, Béthune, Arras, Douai) et celui du littoral (Calais, Boulogne, Dunkerque et Saint-Omer).

En matière de création d'entreprises, le Nord-Pas-de-Calais occupe l'avant-dernière place en France, juste devant le Limousin : en 1990, il n'y avait eu que 11 000 créations, soit une baisse de 7,8 % par rapport à l'année précédente. L'arrêt de l'essaimage, qui consiste, pour une société, à confier sa sous-traitance à de petites firmes créées par ses propres salariés, et celui des grandes restructurations industrielles expliquent ces médiocres résultats.

Créée en avril 1991, la SACOMI (Société d'aménagement des communes minières) associe les collectivités territoriales de la Région et les Charbonnages de France au sein d'une société d'économie mixte. Sa mission est de gérer le patrimoine immobilier des Houillères du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais (HBNPC), estimé à 7 milliards de F. Mais les logements continuent d'appartenir à une filiale des Houillères, la SOGINORPA. Sur 84 600 logements, 33 000 doivent être réhabilités et 19 000 détruits.

La moitié des friches industrielles du territoire national se trouve dans la Région, ce qui représente 10 000 hectares, dont 5 000 relèvent des sites des Houillères. L'Établissement public foncier du Nord, qui a reçu mission de les faire disparaître, devient ainsi un véritable organisme d'aménagement du territoire régional.

Normandie

Basse-Normandie

La conjoncture est devenue difficile pour la sidérurgie et l'usine de la Société métallurgique de Normandie (SMN) risque d'être la première touchée par le réexamen stratégique d'Usinor-Sacilor.

Implantée à Caen, elle avait été intégrée au groupe sidérurgique en 1987. En 1991, les pertes financières se montent à 200 millions de F pour un chiffre d'affaires de 1,5 milliard. L'acier électrique, qui aurait pu sauver 500 emplois, a été installé à Neuves-Maisons (Meurthe-et-Moselle). La fermeture de l'usine devrait intervenir en 1994.

Le grand chantier de l'usine de retraitement des déchets nucléaires de La Hague touche à sa fin. 8 000 salariés y travaillaient en 1988 ; ils n'étaient plus que 2 400 au début de 1990. La fin des travaux de terrassement et de génie civil correspondant avec le début d'autres chantiers (tunnel sous la Manche, TGV Nord), de nombreux employés ont pu retrouver un poste, mais leur départ a déstabilisé l'activité économique de la Région.

À chacun son bicentenaire : en 1791, dans le village de Camembert, Marie Harel avait trouvé le secret de l'affinage d'un nouveau produit, devenu depuis le plus célèbre des fromages et qui, aujourd'hui, est en train de faire la conquête du Japon.

Haute-Normandie

Les assises géologiques ont réservé de mauvaises surprises à l'entreprise allemande Bilfinger-Berger, chargée des fondations qui doivent supporter les deux piles, hautes de 214 m, du pont de Normandie. Le prix de revient de l'ouvrage atteindra finalement 1,6 milliard de F. La construction est garantie par les collectivités locales : les départements de Seine-Maritime (40 %), du Calvados (25 %), de l'Eure (10 %) et la Région de Haute-Normandie (25 %). À cause des retards, la chambre de commerce du Havre devra rembourser ses emprunts avant la mise en service du pont, prévue pour 1994.

Le port de Rouen a connu en 1991 le trafic le plus élevé de son histoire : 23,7 millions de tonnes, soit 13,5 % de plus qu'en 1989. C'est le plus fort taux de progression enregistré dans les grands ports français.

Deux cents personnes de toutes professions et de toutes sensibilités, réunies au sein du Comité d'expansion du grand Rouen, ont planché pendant neuf mois sur une « Charte pour une Eurocité ». La métropole normande est en effet en mauvaise posture à la veille de l'échéance européenne. La crise des industries traditionnelles puis de la pétrochimie laisse des traces. La Région connaît un taux de chômage (10,8 %) supérieur de deux points au taux national. Les idées-forces de la charte sont la révision du schéma directeur Rouen-Elbeuf, le développement des pôles « moteur, combustion » et « chimie fine, pharmacie », le développement de grands projets urbains d'envergure européenne (un centre d'affaires, un pôle d'enseignement supérieur...), la valorisation de l'image et du rôle de la Seine.