Au-delà de ces deux grandes tendances, la reprise des SICAV obligataires s'est confirmée et les SCPI (Sociétés civiles de placements immobiliers) se sont bien développées, la pierre papier ayant ainsi compensé la baisse de l'investissement logement. En revanche, les SICAV actions ont poursuivi leur lente hémorragie, tout comme ont inexorablement décliné les placements sur livrets, qu'ils soient bancaires, « A » ou bleus (pour ces deux produits, le plafond a été relevé de 90 000 à 100 000 F le 1er novembre), et sur les comptes et plans d'épargne logement. Toutefois, l'importance de leurs encours, en dépit d'un rendement médiocre, traduit une certaine inertie de l'épargne, en particulier en ce qui concerne les Français les moins aisés.

Le succès des SICAV monétaires va à l'encontre des objectifs recherchés tant par les pouvoirs publics, qui souhaitent favoriser l'épargne longue et stable au détriment de l'épargne liquide et volatile et les placements productifs au détriment des placements spéculatifs, que par les entreprises, qui désirent accroître leurs fonds propres et investir. Cela a été mis en évidence par un certain nombre de rapports publiés au cours de l'année.

La faiblesse du taux d'épargne en France, aggravée en 1991 par la tendance du déficit budgétaire à déraper et par la dégradation de la situation financière des entreprises, reflète un problème général propre à de nombreux pays industrialisés et traduit une pénurie d'épargne à l'échelon mondial.

Dominique Colson

Investissements

Pour la première fois depuis 1984, l'investissement productif des entreprises a reculé en moyenne annuelle de 1 % en volume. La baisse a été particulièrement sensible au premier semestre.

Cette évolution d'ensemble cache des disparités : recul des investissements dans l'industrie concurrentielle (moins 6 %, après plus de 10 % en 1990), accélération des dépenses pour les grandes entreprises nationales et stabilisation pour les autres secteurs (services, bâtiments et travaux publics). Les entreprises s'orientent toujours plus vers les investissements de productivité et de modernisation plutôt que de capacité. Enfin, phénomène nouveau, les investissements financiers, c'est-à-dire les acquisitions françaises tant en France qu'à l'étranger, ont baissé d'un tiers au cours de l'année.

Choyer les PME

L'inflexion de la demande intérieure et étrangère, l'attentisme dû à la crise du Golfe et la dégradation des résultats des entreprises ont fortement contribué à une réduction de l'effort d'investissement d'autant que les conditions de financement (alourdissement de l'endettement, taux d'intérêts élevés) n'étaient guère favorables.

Pour combler leur retard en matière d'investissement, les entreprises ont réclamé le ralentissement des prélèvements sociaux et la possibilité de renforcer leurs fonds propres et de développer leur épargne longue, autant de tendances confirmées par le rapport Escande, « Épargne et financement des investissements productifs à l'horizon 1993 », présenté en octobre au Conseil économique et social.

Considérant toujours l'investissement comme essentiel pour la compétitivité des sociétés, le gouvernement s'est préoccupé des petites et moyennes entreprises, qu'il voudrait voir augmenter leurs fonds propres, investir et embaucher. Ce but tente d'être atteint par une série d'incitations essentiellement fiscales (crédit d'impôt pour l'augmentation des fonds propres, exonération des plus-values financières réinvesties, extension de la baisse de l'impôt de 42 à 34 % aux bénéfices distribués), par l'allégement des prélèvements sociaux en cas d'embauché d'un jeune sans qualification, et par l'accès au crédit rendu plus facile par la possibilité d'obtenir des taux privilégiés.

Dominique Colson

Consommation

En 1991, la consommation des ménages n'a augmenté que de 1,7 % en volume, contre 2,9 % en 1990. Le rythme de croissance s'est particulièrement ralenti au premier semestre en raison de la baisse des achats de produits manufacturés (– 0,6 %). Le repli a surtout concerné le gros équipement ménager, l'ameublement et l'électronique grand public, et, dans une moindre mesure, les immatriculations de voitures neuves. La consommation des services continue de se développer, mais moins rapidement, tandis que l'agroalimentaire suit la tendance des années précédentes.