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Finances internationales
Tout comme par le passé, les marchés financiers et les places boursières internationales ont fait preuve tout au long de l'année d'une instabilité déconcertante, donnant ainsi l'impression d'une grande fragilité aux chocs extérieurs, à caractère essentiellement psychologique.
D'un côté, alors que les évolutions économiques fondamentales, ou « fondamentaux » (notamment les tendances presque permanentes des déficits liés du commerce extérieur et du budget), inciteraient les opérateurs à beaucoup de prudence, voire au pessimisme, les anticipations de ces derniers peuvent orienter les marchés à la baisse, selon qu'ils croient que l'évolution est favorable ou non à l'achat de valeurs mobilières. Ainsi, alors que l'expansion tombait de 3,25 % en 1989 à 2 % en 1990 et à 1,25 % en 1991, reflétant un ralentissement durable dans les pays industrialisés et une chute brutale de l'activité économique dans les pays en voie de développement, en Europe de l'Est et au Moyen-Orient, les opérateurs n'ont jamais cessé de miser sur une reprise de l'activité au cours de l'année 1991, ce qui a fait repartir à la hausse les marchés boursiers. Cependant, celle-ci a été interrompue à deux reprises par des chocs extérieurs (par exemple le putsch manqué en URSS en août).
La sinistrose
D'un autre côté, au cours de ces dernières années, et comme le soulignent les précédents krachs des 19 octobre 1987 et 13 octobre 1989, les marchés financiers se sont toujours montrés sensibles, sinon vulnérables, aux nouvelles, événements ou rumeurs sans rapport direct avec les performances des entreprises ou de l'économie réelle (la production et les échanges). Dans une telle situation où l'incertitude domine, la bulle financière ne met que quelques heures à éclater, c'est-à-dire que le mouvement de hausse des cours boursiers, qui s'étend sur plusieurs semaines, s'arrête immédiatement et s'accompagne d'une chute plus ou moins brutale. Dans ce cas, le plongeon des actions indique que les investisseurs ont tenu compte des éléments économiques fondamentaux, sans d'ailleurs pour autant que l'économie réelle s'en trouve affectée : à l'hypersensibilité des marchés financiers correspond, à l'opposé, une profonde inertie de l'économie réelle.
Dès le début de l'année, ce modèle de fonctionnement des marchés a pu être vérifié. En effet, avec la crise du Golfe ouverte en août 1990, ceux-ci ont traversé une forte dépression. Mais le début de l'offensive alliée, le 17 janvier, a été interprété favorablement ; par conséquent, comme les marchés ont anticipé en même temps un redémarrage économique et une sorte de récession, la hausse des cours boursiers a pu reprendre.
Le mercredi 17 avril, l'indice Dow Jones a franchi pour la première fois de son histoire la barre des 3 000 points (soit 15 % de hausse à Wall Street, depuis le début de l'année). Il aura donc fallu attendre neuf mois pour atteindre ce record, entre le 16 juillet 1990 (2 999,75 points) et le 17 avril 1991 (3 004,46 points). Malgré quelques signes décourageants (ralentissement de l'économie américaine), les cours boursiers ont fluctué autour des 3 000 points jusqu'au mois d'août.
Le même scénario s'est produit avec l'échec du putsch soviétique d'août et le krash « mou » de novembre. Dans un cas comme dans l'autre, ce sont des chocs extérieurs (destitution de M. Gorbatchev, performances médiocres de l'économie américaine) qui ont provoqué une chute brutale des cours. Dans le premier cas, le renversement et la remontée des cours ont été immédiats. Dans le second cas, l'absence de reprise de l'activité économique a entraîné un mouvement durable de baisse des cours : – 11 % en France, – 8,4 % au Japon, – 6,3 % aux États-Unis, – 6,4 % en Grande-Bretagne et – 4,3 % en Allemagne. Une véritable « sinistrose » a gagné les investisseurs, rejoignant les appréciations défavorables portées sur l'évolution économique fondamentale.
Gilbert Rullière
Commerce international
En 1990, les échanges mondiaux de marchandises (hors services) avaient augmenté fortement, pour atteindre un record de 6 750 milliards de dollars (40 800 milliards de francs) contre 5 920 milliards en 1989, soit une hausse de 14,7 %.