Le taux annuel de l'inflation est également resté élevé dans la CEE (5 %), en particulier à cause des mauvais résultats de l'Italie (6,3 %), de l'Espagne (6,9 %) et surtout de la Grèce (18 %). Grâce au maintien de la politique de rigueur, la hausse des prix a été limitée en France à 2,6 %, chiffre nettement inférieur à ceux de l'Allemagne unifiée (3,9 %) et du Royaume-Uni (4,1 %).
Les Douze ont poursuivi leur aide aux pays de l'Est. Dans le cadre du programme Phare, dont le but est d'apporter à ces nations un soutien financier et technique qui permettrait qu'y soient créées les conditions de l'économie de marché, la Pologne, la Hongrie, la Bulgarie, la Roumanie, la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie ont reçu une somme de 5,4 milliards de francs. La Communauté a aussi accordé un crédit de 14 milliards de francs à l'Union soviétique pour lui permettre de nourrir sa population pendant l'hiver.
Il faut également signaler l'inauguration à Londres, le 15 mai, de la BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement). Le but de cet organisme est de promouvoir l'investissement privé en Europe de l'Est. La CEE détient 51 % de son capital, qui est de 10 milliards d'écus (70 milliards de F).
Enfin, les Douze ont conclu le 31 juillet un accord avec les Japonais sur leurs exportations de voitures vers la Communauté. Le compromis prévoit l'ouverture progressive du marché européen et la suppression de tous les quotas pour l'an 2000.
Laurent Leblond
Tiers-monde
1991 a été une nouvelle année perdue pour le tiers-monde. La croissance des pays en développement s'est ralentie et le revenu par habitant est resté stationnaire. Cette évolution cache toutefois des disparités croissantes entre pays, voire entre continents : l'Asie, où de plus en plus d'États sont sur la voie du succès, a poursuivi son développement, l'Amérique latine a enregistré certains progrès en dépit d'une inflation galopante et l'Afrique (en particulier l'Afrique subsaharienne) a continué de s'enfoncer dans le chaos.
Les mauvaises performances des pays sous-développés s'expliquent essentiellement par la dégradation de l'environnement international : ralentissement de l'activité économique dans les pays riches, décélération du commerce mondial, persistance des taux d'intérêts élevés et effets de la crise du Golfe (perte des revenus des travailleurs émigrés renvoyés chez eux, crise du tourisme, réduction des débouchés, baisse de l'aide, hausse du prix du pétrole, frais de guerre et de reconstruction). La poursuite des politiques d'ajustement et des réformes structurelles qui commençaient à porter leurs fruits dans certains pays, mais qui sont pour la plupart synonymes de récession, de chômage et d'appauvrissement, et la chute persistante des cours des matières premières ont encore accentué la crise.
Nombre de pays ont subi la dégradation de leur environnement et de leur système éducatif et sanitaire (choléra au Pérou, sida, drogue), et affrontent la famine, sans compter les problèmes provoqués par l'augmentation des populations de sans-abri, réfugiées ou immigrées, elle-même engendrée par les catastrophes naturelles (Philippines, Bangladesh), par les guerres et par les luttes interethniques.
Manque d'argent et erreurs politiques
Bien sûr, au centre de la crise du développement se trouve toujours la question de la dette. Même si elle progresse de plus en plus lentement, le pragmatisme l'emportant dans la façon de la gérer, de moins en moins nombreux sont les pays qui arrivent à assurer leurs remboursements. En outre, le service des intérêts dépasse lui-même encore très souvent le montant des nouveaux prêts. Alors que les rééchelonnements se suivent, l'idée de la réduction de la dette et de son service et la nécessité d'apporter de nouveaux flux de financement ne cessent de se propager (la France et le Royaume-Uni sont particulièrement favorables, les États-Unis sont plus réticents), mais toujours au cas par cas.
Ainsi, après avoir concerné d'abord les plus pauvres, l'allégement touche maintenant d'autres catégories de pays : ceux qui sont bénéficiaires du plan Brady, ceux qui ont poursuivi un effort vigoureux d'ajustement, ceux à qui l'on accorde des conditions exceptionnelles, comme l'Égypte, en mai (après la Pologne en janvier), en contrepartie du rôle joué par cet État lors de la crise du Golfe, ceux enfin qui sont choisis unilatéralement par les pays industrialisés (France, Royaume-Uni, États-Unis) en raison de leur pauvreté.