En 1991, selon le rapport annuel de la CNUCED (Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement), la décélération de la croissance économique dans certains pays industrialisés a entraîné un tassement de la croissance du commerce international de l'ordre de 3 % contre 4,3 % en 1990 ; mais, en dépit de cette décélération, les échanges mondiaux sont toujours restés orientés à la hausse, à un taux un peu moins élevé toutefois. Quant aux causes de ce ralentissement des échanges, il est apparu que la crise du Golfe n'a pas joué un rôle important. C'est plutôt la moindre progression des investissements et des dépenses de consommation dans les pays industrialisés qui pourrait être regardée comme responsable.

L'Uruguay Round, toujours

Il n'en demeure pas moins que, si l'incidence globale de cette crise sur le commerce mondial a été relativement faible, des pays comme la Jordanie, la Turquie, la Roumanie, l'Inde et la Yougoslavie ont manqué des ventes. Par ailleurs, la baisse des transports maritimes a entraîné des pertes considérables pour des pays comme Djibouti ou l'Égypte, à laquelle le trafic transitoire par le canal de Suez assure le cinquième de ses recettes en devises.

La croissance des échanges extérieurs s'est renforcée en Amérique latine (sauf au Brésil), y compris parmi les pays non-exportateurs de pétrole. L'Afrique, et plus particulièrement les pays les moins avancés du continent, ont été très touchés par le ralentissement de l'activité mondiale. Quant aux États asiatiques fortement orientés vers le commerce extérieur, tels que la Corée du Sud et Singapour, ils ont continué à souffrir de la réduction de la demande de leurs produits d'exportation. En revanche, Hongkong a amélioré ses résultats grâce au redressement du commerce en entrepôt avec la Chine.

À l'Est, la CNUCED a estimé que, si les échanges commerciaux des pays de l'Est avec les autres pays industriels pouvaient augmenter rapidement et fortement (l'Allemagne a presque doublé ses exportations entre 1989 et 1990), ils se heurteraient, à terme, à des difficultés tenant à des contraintes internes d'approvisionnement et à des moyens financiers insuffisants.

D'autre part, les négociations de l'Uruguay Round, interrompues à la suite de l'échec de la conférence ministérielle du 7 décembre 1990, ont repris le mercredi 20 février à Genève. Visant à consolider et à renforcer le libre-échange international, ces négociations, engagées à l'automne 1986 à Punta del Este, avaient achoppé sur le différend opposant la Communauté européenne aux États-Unis ainsi qu'aux principaux pays producteurs agricoles, à propos des aménagements à apporter aux politiques agricoles. Jusqu'à la fin de novembre, les négociations internationales ont traîné en longueur, car les États-Unis et la CEE sont restés sur leurs positions respectives, ne voulant pas sacrifier les intérêts de certains groupes de producteurs (surtout dans les secteurs de l'aéronautique et de l'agriculture).

Les négociateurs européens et américains se sont séparés après avoir constaté que les positions ne pouvaient pas être suffisamment rapprochées pour conclure un accord.

Gilbert Rullière

CEE

Le ralentissement de l'économie mondiale, particulièrement prononcé aux États-Unis, a entraîné, dans les pays de la Communauté européenne, une diminution très nette de la croissance, dont le taux n'a pu dépasser 1,25 %, alors qu'il avait été de l'ordre de 3 % en 1990.

Quelques initiatives...

Cette baisse d'activité a principalement touché le Royaume-Uni qui, avec – 1,4 %, s'est enfoncé dans la récession, alors que la France, avec + 1,3 %, se maintenait dans la moyenne communautaire, et que l'Allemagne, malgré la réunification, réussissait à conserver un taux de 3 %.

Les promesses que le chancelier Kohl avait faites avant les élections panallemandes du 2 décembre 1990 se sont toutefois révélées sans suite. En effet, la mise en place de l'économie de marché à l'Est n'a pas permis de combler assez vite l'écart entre les deux Allemagnes pour éviter de massives suppressions d'emplois dans l'ex-RDA, où l'on comptait au mois d'août 2,8 millions de chômeurs, dont 2 millions à temps partiel. Même si la situation s'améliorait à l'Ouest, cela n'était pas suffisant, bien entendu, pour empêcher sa dégradation dans l'ensemble de la Communauté, où le chômage frappait 9 % de la population active en août, contre 8,4 % douze mois plus tôt.