Lointain avatar du plan Langevin-Wallon (un corps unique d'enseignants de la maternelle à l'université), cette structure nouvelle à finalité essentiellement pédagogique remplacera les CPR et les écoles normales sous la houlette des anciens maîtres de ces dernières. Recrutés sur dossier à Bac + 3 ou à Bac + 4 après un entretien sur leurs motivations professionnelles, bénéficiaires pendant deux ans d'une allocation forfaitaire annuelle de 70 000 francs, les candidats auront obligation de se présenter aux concours de recrutement de professeurs d'école (nouvelle dénomination des instituteurs) ou de professeurs de collège affectés au plan départemental et également rémunérés.
Ce recrutement académique n'entraînera-t-il pas des disparités régionales de niveau et ne profitera-t-il pas moins au second degré qu'au premier dont le concours d'admission sera sans doute plus accessible ? La fin de la crise du recrutement n'est pas pour demain.
Pierre Thibault
Faits divers
Bien évidemment, en ce qui concerne la criminalité traditionnelle, les statistiques ne varient guère d'une année sur l'autre. Mais, ce qui retient l'attention en parcourant ces faits divers qui vont de l'incendie de forêt (en hausse) au hold-up (invariable) en passant par le viol, le vol et les déprédations, c'est souvent l'insolite d'une situation ou plus exactement l'inadéquation entre la personnalité des malfaiteurs et le forfait accompli.
Crimes en col bleu. Crimes en blouse blanche
Ainsi, ce qu'on retiendra d'une France saturée de scandales couvrant aussi bien le champ politique que les stades de football, ce seront les cas de gendarmes trafiquants, de médecins s'entre-tuant comme des chefs de gang ou de policiers devenus spécialistes de l'agression à main armée.
Qui aurait pu penser en effet, en mars 1990, lorsque la police judiciaire de Marseille fut saisie d'une enquête sur l'attaque d'un transporteur de fonds, qu'elle allait déboucher quelques mois plus tard sur la découverte d'un trafic d'armes organisé par des gardes de l'ambassade de France au Liban ? Et que ces armes vendues à des truands chevronnés avaient tranquillement transité par les cantines des gendarmes en poste à Beyrouth ou bien emprunté clandestinement les chemins officiels de l'aide humanitaire ?
Tout commence par la découverte d'une roquette antichar de provenance libanaise près du camion blindé éventré d'une firme marseillaise. Un ancien CRS, Philippe Nino, qui s'était retrouvé sous les verrous pour trafic de voitures de luxe, est interrogé. De ses aveux, il ressort qu'il a vendu des armes à des malfaiteurs de la région. La filière est peu à peu reconstituée. Patrick Schaller, un CRS ayant servi à l'ambassade de France à Beyrouth, est arrêté tandis que l'on découvre une caisse pleine d'armes à son domicile. Il dévoile à son tour le nom de ses complices avec, parmi eux, le sous-brigadier de CRS Jean-Claude Labourdette, chef de la sécurité de l'ambassade où son efficacité l'avait rendu populaire et quasi-indispensable.
Marseille, toujours Marseille. Cette fois, il s'agit d'une guerre des cliniques. La scène se passe au restaurant le Refuge. L'un des dîneurs, le docteur Jean-Claude Peschard, maire du VIIe arrondissement, est assassiné à la fin d'un repas d'affaires. Armand Gallo, l'un des convives, est inculpé de complicité de meurtre. Les enquêteurs rattachent ce sombre épisode à la guerre menée pour le contrôle des cliniques marseillaises, qui a déjà entraîné la mort d'un autre médecin, le docteur Léonce Mout. Le tueur, Roger Memouli, avouera ces deux meurtres sur contrat, mais la piste se perd quant à l'instigateur véritable, même si Jean Chouraki, déjà propriétaire de trois établissements hospitaliers, est incriminé. La rumeur de la ville évoque déjà le recyclage des narcodollars, mais les policiers ont une autre vision de l'enjeu : les cliniques de Marseille attirent des charters d'Italiens, d'Espagnols et toute une clientèle du Maghreb prête à payer très cher leur haute technicité. Ici, mainmise et regroupement se pratiqueraient au pistolet.