Sur le plan de la discipline intérieure, la politique de Jean-Paul II n'a pas dévié de son intransigeance : le synode sur la formation des prêtres, qui se tient à Rome du 30 septembre au 28 octobre, se clôt sur une déclaration affirmant le caractère intangible du célibat des prêtres. La célébration, en septembre, du 450e anniversaire de la fondation de la Compagnie de Jésus est, pour le pape, une nouvelle occasion de présenter les Jésuites comme les serviteurs inconditionnels de la papauté. En juillet, l'annonce de la préparation d'un catéchisme universel s'accompagne d'une mise en garde contre toute déviation de la foi et contre tout débordement de la théologie spéculative au détriment du magistère romain.

Anglicanisme/protestantisme

Alors que, dans l'Église catholique romaine, toute issue aux ministères consacrés reste fermée aux femmes, chez les protestants et les anglicans la pression s'accentue dans le sens inverse. Tandis que le synode des luthériens de Finlande se prononce le 9 mai pour l'accession des femmes à l'épiscopat, une Américaine devient présidente de l'Alliance réformée mondiale qui regroupe 175 Églises protestantes, réparties dans 87 pays. En France, sur 440 pasteurs réformés, on compte 45 femmes, dont 34 sont mariées.

Dans le même temps, l'Église anglicane traverse une crise liée à la démission du Dr Robert Runcie, 102e archevêque de Canterbury, le 25 mars : son remplacement par le Dr George Carey comme primat de l'Église d'Angleterre apparaît comme un succès pour les anglicans traditionalistes.

Judaïsme

L'affaire du carmel d'Auschwitz est en voie de règlement, puisque, depuis le début de l'année, de nouveaux bâtiments, destinés à remplacer l'ancien carmel, sont en construction à environ 600 mètres du camp d'extermination nazi.

Petite révolution au sein du Mouvement juif libéral de France (MJLF) : l'ordination, le 8 juillet, de la première femme rabbin de France, Pauline Bebe, 26 ans.

Islam

La création d'un Conseil de réflexion sur l'islam en France, annoncée le 6 mars par Pierre Joxe, ministre de l'Intérieur, a pour but d'instaurer un dialogue entre la communauté musulmane et les pouvoirs publics, à propos des questions de culte ou d'éducation. Ce dialogue sera facilité par l'instauration d'un consistoire représentatif de cette communauté.

Pierre Pierrard

Enseignement

L'éducation nationale est malade. Ses ressources sont pourtant considérables puisqu'elles additionnent celles de l'État (225,6 milliards de francs en 1990 ; 245,8 en 1991) et celles des Régions, dont les budgets, à concurrence de 45 % en moyenne, prennent en charge le patrimoine immobilier des lycées. Ses moyens en personnel sont supérieurs à ceux de l'armée puisqu'elle mobilise plus d'un million d'enseignants et de non-enseignants pour encadrer et former 14 000 000 des 56 556 000 habitants qui résident en France. Autrement dit, le taux de scolarisation s'élève à 24,75 % et celui des personnes concernées par une rentrée scolaire et universitaire à 26,52 % de la population du pays !

À première vue, le gouvernement semble en mesure d'atteindre ses objectifs : scolariser la quasi-totalité (en fait 98 %) des enfants de trois ans à l'école maternelle, fréquentée par plus de 2 600 000 élèves ; porter 80 % d'une classe d'âge au niveau du baccalauréat en l'an 2000 (40 % en 1989, 44 % en 1990) ; limiter à un maximum de 35 le nombre des élèves par classe.

Une crise inévitable

Les résultats sont loin de répondre à l'espérance des gouvernants. Les classes surchargées sont encore nombreuses dans le Nord-Pas-de-Calais, dans l'Ouest et le Sud-Ouest et dans la région rhodanienne ; la prolongation des études n'a pas ralenti la progression du chômage qui fait plus de 2 600 000 victimes. Pire ! Le nombre des illettrés s'inscrirait en France, selon un récent rapport de l'UNESCO, dans une fourchette variant entre 2 et 8 millions d'individus ! Total à peine pensable, mais révélateur de carences dont il convient de rechercher attentivement les causes.

La première est d'ordre conjoncturel : la présence en France de 2 103 000 immigrés non européens, soit 3,9 % de la population totale, compte non tenu de ceux qui ont acquis la nationalité française par décret (100 000 par an) ou par naissance en vertu du « jus soli ». Victimes privilégiées du manque d'emplois, ils posent des problèmes d'intégration scolaire, non pas seulement linguistiques ou culturels, mais aussi religieux, comme l'a révélé l'affaire des foulards islamiques ; et ce n'est pas un hasard si cette dernière a été finalement dénouée en septembre par deux établissements catholiques de Reims, qui ont admis cinq jeunes musulmanes auxquelles ils ne pouvaient évidemment pas interdire le port de signes confessionnels distinctifs.