Journal de l'année Édition 1991

Du 01 janvier 1990 au 31 décembre 1990

Ça c'est passé le

RFA

Ça c'est passé le

France - Démographie

Le 32e recensement de la population mobilise 100 000 agents jusqu'au 5 avril.

Sommaire

  • Dossiers chronologie
    • Météo : l'Hiver

      Du solstice d'hiver au 31 décembre 1989, la majeure partie du pays connaît un épisode doux et humide jusqu'au 26 et un épisode froid et sec ensuite. Pendant ce dernier, les brouillards fréquents et localement givrants dans les régions Nord, Nord-Ouest, Nord-Est et Centre-Est comme les advections d'air maritime sur le Languedoc-Roussillon maintiennent les températures maximales très au-dessous des valeurs normales. Seul le Sud-Ouest bénéficie d'une douceur inhabituelle tout au long de cette décade.

    • Météo : le Printemps

      Les types de temps qui se succèdent de l'équinoxe au 31 mars sont caractéristiques de la transition hiver-printemps. Du 24 au 28, forte nébulosité et plafond bas, averses et rafales de vent, fraîcheur sont imputables aux effets directs et indirects d'une invasion d'air polaire. L'air froid se déplaçant dans un flux de N.-N.-O. provoque le creusement, dans le golfe de Gênes, d'une dépression autour de laquelle s'organise un système nuageux et pluvieux qui affecte les régions orientales du pays (retour d'est).

    • Météo : l'Été

      La dernière décade de juin, qui est la période la plus chaude du mois, est marquée par des averses et des orages localement diluviens. Les températures sont, selon les régions, de 3 à 5 °C supérieures aux normales et des records sont battus : 32 °C à Saint-Étienne-Bouthéon et 34,2 °C à Aix le 26 (températures maximales élevées) ou 21,2 °C à Toulouse-Blagnac le 27 (température minimale).

    • Météo : l'Automne

      De l'équinoxe d'automne au 26 septembre, la France a connu un régime perturbé d'ouest et, du 29 au 30, un épisode pluvio-orageux imputable à l'arrivée d'air chaud, humide et instable originaire d'Espagne. Les tout derniers jours du mois ont été marqués par l'installation du foehn au nord de la chaîne pyrénéenne (à Saint-Girons, la température est passée de 15,9 à 22,2° C en 1 h 30 à la fin de la nuit du 29 au 30) et par les pluies diluviennes qui se sont abattues dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre sur l'Ardèche. À Privas, il est tombé 266 mm entre 21 h et 2 h du matin ; les trombes d'eau ont provoqué la crue de nombreuses rivières dont l'Ouvèze, des glissements de terrain et des chutes de pierres. Dans le même temps, la province chinoise du Zhejiang était dévastée par le typhon Abe (50 morts, 1 000 villages inondés, 650 000 personnes évacuées).

  • L'année dans le monde
    • L'année dans le monde

      Passer de l'ordre au désordre, d'un monde stable mais injuste à un monde peut-être moins injuste, mais à coup sûr plus instable : telle fut la réalité de l'année 1990.

  • Politique
    • Panorama

      En 1989, pour le bicentenaire, les peuples de l'Europe de l'Est avaient renversé l'un après l'autre des régimes qui ne tenaient, pour la plupart, que par la peur du gendarme soviétique. 1990 a consacré et institutionnalisé cette formidable rupture. En fin d'année, après l'élection de Walesa à la présidence de la République polonaise, la Roumanie était le seul des pays du pacte de Varsovie à conserver à sa tête des communistes. Encore prétendaient-ils ne plus l'être.

    • Le point sur...

      Le monde de l'après guerre froide se caractérise par l'affaiblissement de l'URSS, qui n'est plus en mesure de jouer le rôle d'une superpuissance capable de s'opposer aux États-Unis, et la crise du Golfe montre qu'il n'est pas facile de l'organiser. Dans un tel contexte, l'unification allemande a pu se réaliser dans un délai très court, car le succès des négociations entre les quatre puissances occupantes et les deux Allemagnes constituait la condition indispensable pour y parvenir.

    • L'année politique en France

      Le Front national a été le premier, à partir de 1984, à venir perturber le duel classique « majorité-opposition » qui, depuis 1958, permettait d'assurer la stabilité du gouvernement. Deux facteurs en ont fait un élément incontournable : le talent de tribun de Jean-Marie Le Pen et la simplicité de son programme : défendre l'identité nationale et les valeurs morales qui l'expriment. Il en est résulté une triple condamnation de l'étatisme, de l'immigration et de l'insécurité et une triple promesse : la réduction de la pression fiscale ; la priorité d'emploi donnée aux Français ; le rétablissement de la peine de mort.

    • Le point sur...

      Les bouleversements en Europe de l'Est, la crise du Golfe et la situation dramatique de l'Afrique ont permis à la France de jouer un rôle non négligeable dans la définition progressive d'un nouvel ordre européen et mondial ; toutefois, les multiples décisions de l'Élysée, du Quai d'Orsay et des autres ministères n'ont été pleinement efficaces que lorsqu'elles ont été prises en commun avec les autres pays de la CEE, et notamment avec l'Allemagne.

    • La politique régionale

      Deux événements sont venus ponctuer le renouveau qu'a connu l'aménagement du territoire cette année. Il s'agit d'abord du débat, organisé à l'Assemblée nationale le 29 mai, qui a fait ressortir une volonté quasi unanime des députés (45 orateurs se sont exprimés à la tribune) de redonner du souffle à cette politique entamée il y a plus de 25 ans ; l'autre point fort a été le comité interministériel du 5 novembre, présidé par Michel Rocard, au cours duquel des mesures concrètes ont été prises et tracées des orientations d'avenir.

    • Europe − 2

      En tombant, le mur de Berlin a fait une victime : Jacques Delors. Pour déplacée qu'elle fût, la boutade lancée au lendemain de la chute du Mur par le ministre français de la Défense, Jean-Pierre Chevènement, résume assez bien les quelques mois de malaise vécus par la Communauté européenne à la suite de l'effondrement des régimes communistes d'Europe de l'Est.

    • Le point sur...

      Cette année, les premiers coups de théâtre sont venus du Nord.

    • Les contradictions de l'empire soviétique

      Jamais le système politique n'a été autant transformé qu'en cette année cruciale : création d'un véritable pouvoir présidentiel, évolution du rôle du Parti, ensemble de lois confortant la société civile... L'URSS semble près de rompre avec la philosophie et l'organisation du pouvoir existant depuis 1917.

    • Allemagne : l'unification et après

      Si la révolution de la liberté en Pologne, puis en Hongrie, a engendré l'unité de l'Allemagne, c'est l'ouverture du Mur qui aura marqué le commencement de la fin de la RDA.

    • Le point sur...

      Si presque tous les anciens dirigeants communistes ont dû abandonner le pouvoir en Europe orientale, seulement quatre pays de l'Est sur huit connaissent une libéralisation bien fragile, et la situation économique de tous demeure très souvent dramatique. En effet, depuis le 12 septembre 1989, date à laquelle Tadeusz Mazowiecki a constitué en Pologne le premier gouvernement non communiste de l'Est, les régimes fidèles au marxisme se sont effondrés les uns après les autres.

    • Algérie : l'année du FIS

      Depuis la victoire de ce parti aux élections municipales et régionales du 12 juin 1990, la quasi-totalité de la vie politique algérienne est rythmée par l'existence du Front islamique du salut.

    • La crise du Golfe

      La longue et sanglante guerre irano-irakienne qui a pris fin en août 1988 a fait de l'Irak la première puissance militaire du monde arabe. Les pétro-monarchies, qui avaient tout mis en œuvre pour que l'Iran khomeyniste ne remporte pas la bataille, s'étaient soudain trouvées confrontées à une nouvelle menace, celle du Baas irakien qui aspirait à devenir le nouveau gendarme du Golfe.

    • Fiévreuse Afrique

      Discutée au sommet franco-africain de La Baule (20-21 juin), la nécessaire relation entre le fonctionnement démocratique des États et la lutte contre la pauvreté a été au cœur des débats et des affrontements qui ont marqué l'année 1990. Au XVIe sommet de l'Organisation de l'unité africaine, présidé par l'Ougandais Yoweri Museveni, les chefs d'État africains ont réitéré, le 11 juillet, leur engagement à démocratiser les sociétés en toute souveraineté, hors des pressions extérieures tendant à lier l'aide économique à la réforme politique. Mais ils n'avaient guère le choix, tant ont été violentes les crises qui ont ébranlé la plupart des régimes en place, quelles que soient leurs orientations politiques affichées.

    • Amérique latine : l'espoir ?

      En Amérique latine, faute de grands événements médiatiques et face à la concurrence de l'actualité en provenance du Golfe et des pays de l'Est, les apparences semblent bien privilégier la banalisation. Même s'il est permis de le regretter, on ne saurait reconnaître une empreinte décisive à l'attribution du prix Nobel de littérature au poète mexicain Octavio Paz ou à la signature de l'accord conclu entre l'Argentine et la Grande-Bretagne à propos du conflit des Malouines, dont la page a pu être enfin tournée.

    • Le point sur...

      Le 2 août 1990, un État du Moyen-Orient, le Koweït, disparaît en quelques heures, occupé puis annexé par son voisin irakien. Une épreuve de force s'engage entre Saddam Hussein et la communauté internationale. Pour le monde arabe, c'est la rupture.

  • Société
    • Panorama

      Après la douce euphorie de la fin d'année 1989, les Français se sont réveillés en 1990 dans le monde réel. Un monde de plus en plus mobile, imprévisible et dangereux. Cette constatation ajoutait encore à leur inquiétude face à la société française et à ses difficultés propres. Elle se traduit par un besoin croissant de confort et de sécurité et par un repli majoritaire sur un modèle de type bourgeois. En attendant...

    • La justice sur le pavé

      Le mot « malaise » est devenu courant dans le vocabulaire des Français pour désigner un climat diffus de désenchantement et de frustration. Il y a eu, pour autant qu'ils aient disparu, les malaises de l'enseignement, de la police ou des partis politiques ; il y a maintenant celui de la justice. Un malaise si profond qu'il s'est traduit, le 21 juin et le 21 octobre 1990, par des journées de protestation auxquelles ont participé l'ensemble des magistrats. Des hommes chargés de dire solennellement le droit, empruntés dans leurs robes, ont brandi des pancartes revendicatrices rédigées dans le plus pur style syndical. Certains même, à Paris, ont fait le coup de poing avec la police, et un magistrat a reçu un horion d'un représentant de cette loi qu'il était chargé d'appliquer. On a vu apparaître un terme peu usité dans le langage feutré des prétoires : sur des banderoles flottant sur les marches des palais de justice était inscrit le mot « grève ». Il était l'aboutissement d'un véritable et vigoureux réquisitoire contre le pouvoir politique.

    • Le point sur...

      Une fois de plus, le crime en justice n'échappe pas à la thématique. Il est le reflet de la société du moment. 1990 se caractérise ainsi par des problèmes d'ordre.

    • Très chère santé

      À dire vrai, celui-ci était en gestation depuis plusieurs mois. Les différents négociateurs de la convention − ce système qui régit les rapports entre médecins libéraux et Sécurité sociale −, Caisse nationale d'assurance-maladie des travailleurs salariés (CNAM) et syndicats médicaux représentatifs, n'avaient su ou n'avaient pu trouver les termes d'un accord au cours de l'année 1989. Les échéances légales ayant été largement dépassées, l'année 1990 s'ouvrit donc sur une impasse.

    • Le point sur...

      On a parfois surnommé Jean-Paul II « l'Africain » ; il semble, en tout cas, que le pape soit davantage « chez lui » en Afrique, où les Églises locales vivent une espèce de Pentecôte, que dans l'Europe sécularisée ou dans l'Amérique déchirée par la théologie de la libération.

  • Économie
    • Panorama

      Après huit années d'expansion continue, l'inflexion de l'activité internationale amorcée courant 1989 s'est confirmée et amplifiée avec la crise du Golfe, déclenchée le 2 août.

    • Agriculture : primes et déprime

      La colère des « paysans » − et non des agriculteurs, qui veulent par ce terme ancien montrer leur attachement à leur « métier » et à leurs « racines » terriennes − a donc éclaté. Elle l'a fait avec une violence d'autant plus grande qu'elle avait été longtemps contenue. La presse a rapporté les nombreux incidents − interception et incendie de camions transportant du bétail étranger avec leur cargaison vivante, affrontements avec les forces de l'ordre, etc. − provoqués pour attirer l'attention de l'opinion publique sur la chute des cours des produits animaux (14,1 % en un an pour les bovins et les ovins), sur l'alourdissement des charges financières lié à l'endettement croissant des exploitants agricoles, sur la dégradation de leurs revenus. Dans le même temps, ils dénonçaient, au-delà de la sécheresse, les multiples importations de produits animaux en provenance de l'Europe de l'Est, la limitation des débouchés pour leurs propres productions et enfin la concurrence des grands pays exportateurs, comme les Pays-Bas ou les États-Unis.

    • L'argent de la drogue

      Fléau universel, la drogue rapporte autant qu'elle transporte. Combien ? Plusieurs chiffres circulent, plus alarmants les uns que les autres, tant l'ampleur du phénomène est accrue par la difficulté à le mesurer comme à l'endiguer.

    • Transports : crise de croissance

      Une analyse systématique de la situation dans laquelle se trouvaient les transports en 1990 a mis en lumière la nécessité et l'urgence de changements portant sur le développement des infrastructures, l'extension du réseau à grande vitesse, la généralisation de l'usage de l'outil informatique en vue de développer la logistique et enfin l'organisation des opérateurs en réseaux dans le but d'obtenir des réductions de coûts et des services de meilleure qualité.

    • Japon : une économie vigoureuse

      Cette année, l'économie japonaise a fait une nouvelle démonstration de sa vigueur. En dépit des trois facteurs négatifs qui l'ont frappée (effondrement de la Bourse, relèvement des taux d'intérêt et crise au Proche-Orient), elle est entrée en décembre dans son quarante-neuvième mois d'expansion continue. Celle-ci étant appelée à se poursuivre au moins jusqu'à la fin de l'année fiscale (mars 1991), avec un rythme de croissance de 5 % sur l'ensemble de l'année, le Japon aura connu ce qu'il est déjà convenu d'appeler le « Heisei boom » (du nom de l'ère impériale actuelle), c'est-à-dire la plus longue période d'expansion ininterrompue depuis la période de haute croissance de la seconde moitié des années 1960 (le « Izanagi boom » : soit 57 mois d'expansion).

    • Le point sur...

      Le rôle des marchés financiers s'est considérablement affaibli au commencement de l'année 1990, au moment même où l'on entrait dans une ère d'instabilité prononcée. Pour beaucoup d'observateurs, ces événements traduisaient la fin de la prédominance de la sphère financière sur la sphère réelle.

  • Sciences et techniques
    • Panorama

      Prodige de la technique : la Grande-Bretagne n'est plus une île. Le 1er décembre, deux ouvriers, l'un britannique, l'autre français, se donnent une poignée de main sous la Manche, célébrant une jonction historique et le premier aboutissement d'un défi technologique unique au monde, jamais l'homme n'ayant en effet tenté jusqu'alors de forer sous la mer une telle distance (38 km). Au terme de plus de deux siècles de projets, le tunnel sous la Manche devient enfin une réalité. Engagée en 1986, sa réalisation ne s'achèvera qu'en 1993 ; mais la poignée de main échangée à 50 m sous le fond de la mer illustre le formidable travail déjà accompli par les tunneliers : guidés à la fois horizontalement et verticalement par des faisceaux laser, et leur progression coordonnée par satellites, ces monstres d'aciers (dont les plus gros atteignent 300 m de long pour une masse de 1 200 t) ont percé la galerie de service du tunnel sans s'écarter de plus de 50 cm de la trajectoire idéale prévue.

    • Climat : vers un nouvel ordre planétaire ?

      À une décennie de l'an 2000, nos contemporains s'inquiètent du temps et de ses caprices et se posent des questions sur le climat et les changements climatiques. L'intérêt de l'homme pour le climat et sa prévision, les saisons, les cyclones et nombre d'événements météorologiques extraordinaires n'est pourtant pas l'apanage de cette seule fin de siècle. Dans la mythologie grecque, Zeus, le dieu du Tonnerre et de la Lumière, personnifie un phénomène naturel ; les habitants des îles Marshall dans l'océan Pacifique savent reconnaître les nuages de glace annonciateurs d'un typhon ; au Togo, au Bénin ou au Nigeria, les sorciers savent repérer les nuages actifs pourvoyeurs de pluie ; en Afrique, les chutes de grêle sont toujours considérées comme des phénomènes de mauvais augure...

    • L'intelligence artificielle

      À partir de 12 000 blocs de pierre et fragments de sculptures provenant de fouilles archéologiques effectuées autour de Karnak, une équipe d'égyptologues et d'informaticiens de la Fondation Électricité de France a pu reconstituer en images électroniques de synthèse l'architecture de l'un des temples du célèbre site de la haute vallée du Nil. Pour mener à bien ce « puzzle » géant, identifier et ordonnancer ces éléments, ses membres ont utilisé un outil informatique issu des techniques de l'intelligence artificielle : un système-expert, logiciel capable de modéliser les connaissances actuelles des spécialistes en archéologie égyptienne.

    • Hubble : les déboires d'un télescope spatial

      Le 24 avril, lorsque décolle de cap Canaveral la navette Discovery emportant dans sa soute le télescope spatial Hubble (HST), les astronomes ne cachent pas leur satisfaction. Voilà sept ans qu'ils attendaient cet événement, différé à plusieurs reprises, d'abord pour des retards dans la fabrication de l'instrument, puis à cause de l'interruption des vols de navettes consécutive à l'explosion de Challenger.

    • Le point sur...

      S'ils consternent les astronomes, les déboires du télescope spatial Hubble ne les mettent pas pour autant au chômage. Bien d'autres instruments, au sol ou dans l'espace, leur ont fourni, en 1990, un lot appréciable d'énigmes et de découvertes.

  • Culture
    • Panorama

      L'amour de l'autocommémoration serait-il devenu l'une des constantes de la France de la fin du xxe siècle ? Si 1989 fut l'année du Bicentenaire, célébration œcuménique et spectaculaire de la Révolution, 1990 est l'année de toutes les nostalgies nationales. Bien plus qu'à l'innovation, bien plus qu'au culte du moderne, la mode est au passé, aux valeurs reconnues, à la tradition – ou aux traditions. Les gloires nationales les plus éprouvées sont sur le devant de la scène. Qui songerait encore à célébrer les vertus de la rupture et des avant-gardes à l'ère paisible du postmodernisme et des philosophies qui pronostiquent la fin de l'histoire ? Qui ne sait que le temps des révolutions est révolu ?

    • Pays de l'Est : le risque de la liberté

      Le 31 décembre 1989, il fallait fêter le réveillon à l'Est. Ce dernier chic des intellectuels français était difficile à satisfaire : il était nécessaire de connaître personnellement un ministre, au moins un secrétaire d'État, pour obtenir une place dans un avion officiel. Pour ces rares privilégiés, le bonheur fut complet : déjeunant à Prague, dînant à Moscou et soupant à Bucarest, ils virent en peu de temps d'authentiques révolutionnaires et de vrais pauvres. Que le spectacle du soulèvement roumain fût pipé, ils ne l'apprirent que plus tard et cela ne diminua en rien leur enthousiasme de néophytes. D'autant que parmi eux figuraient bon nombre de repentis de toutes les églises du marxisme. Ils venaient admirer la puissance des mots qui avait permis à un dramaturge tchèque, à un historien polonais, à un homme de théâtre hongrois de faire l'Histoire alors qu'eux-mêmes se contentaient de l'accompagner et de la commenter.

    • Le marché mondial des programmes audiovisuels

      Les programmes audiovisuels comprennent l'ensemble des créations télévisuelles, films et vidéogrammes susceptibles d'être diffusés sur le petit écran. Ce sont des produits fortement marqués par l'environnement socioculturel et politique du pays producteur ; leur commercialisation dépend donc de leur capacité à intéresser un public autre que celui de leur pays d'origine. Cela explique que l'essentiel des programmes audiovisuels commercialisés soient des œuvres de fiction (films cinématographiques, feuilletons, séries, téléfilms, « soap opera » et « telenovellas », ainsi que les dessins animés pour enfants). En 1989, l'ensemble de ces produits a représenté 1,5 milliard de dollars (8,5 milliards de francs). Jusque dans les années 1970, seul le film de cinéma faisait l'objet d'importantes transactions au plan mondial. Les programmes de télévision ont pris ensuite le relais : ils représentent maintenant le même volume de transactions.

    • Édition : l'affaire Gallimard

      En juillet 1990, après six mois d'âpres conflits internes, la répartition du capital de l'une des plus prestigieuses maisons d'édition françaises se trouve considérablement modifiée. La Librairie Gallimard perd l'essentiel de son caractère familial, même si son directeur, Antoine Gallimard, en conserve les commandes.

    • Les grandes « expos » de 1990

      Aux Pays-Bas, le centenaire de la mort de Van Gogh a été célébré par un ensemble de manifestations culturelles organisées autour d'une rétrospective prévue de longue date et annoncée à grand renfort de slogans publicitaires et touristiques. On avait alors prédit : « les tournesols vont faire de l'ombre aux tulipes » ; c'est ce qui s'est effectivement produit.

    • L'Année de l'archéologie

      Le 26 septembre 1989, à la veille de l'inauguration au Grand Palais, à Paris, de l'exposition « Archéologie de la France, trente ans de découvertes », Jack Lang, ministre de la Culture, lançait l'Année de l'archéologie, qui s'est étendue de l'automne 1989 à l'automne 1990.

    • Le point sur...

      En commémorant le dixième anniversaire de la mort de Jean-Paul Sartre, on a moins rendu hommage à sa philosophie, actuellement un peu oubliée, qu'à l'intellectuel engagé dans la cité et témoin de son temps. Car il nous manque aujourd'hui un semblable jongleur d'idées, quelque fou de l'intelligence qui revivifierait un débat intellectuel languissant, une pensée politique en jachère.

  • Sport
    • Une année de haut vol !

      Avec l'année 1990, c'est bien une troisième ère qui s'est ouverte pour le sport contemporain. Après celle de la splendeur anglo-saxonne, puis celle de l'affrontement Est-Ouest, qui tourna le plus souvent à l'avantage des pays du bloc communiste, aujourd'hui en pleine décomposition, nous voici donc à l'ère de l'argent-roi, du chacun-pour-soi. Il n'y a pas que des raisons de s'en réjouir, loin de là. Et le choix par le CIO, réputé conservateur, de la ville d'Atlanta pour l'organisation des jeux Olympiques de 1996, au détriment d'Athènes, en est l'illustration parfaite. Retenir la capitale du vieux Sud américain, n'est-ce pas préférer le dollar à la drachme, la finance au spectacle, le progrès à la tradition ou le rock au sirtaki ? Nombreux sont ceux, en tout cas, qui ont interprété l'échec grec comme le résultat d'une pression intense de la part des prestigieuses firmes installées à Atlanta, comme Coca-Cola ou CNN, le réseau d'informations télévisées par câble du milliardaire Ted Turner. Désormais, l'organisation des jeux Olympiques d'été est devenue un privilège réservé aux grandes puissances industrielles. Rentabilité économique oblige. Un signe des temps.

    • Disciplines

      Championnats d'Europe. Le mouvement de démocratisation qui a bouleversé le Vieux Continent en 1990 a également modifié en profondeur l'échiquier de l'athlétisme. Ainsi l'évolution du sport suit-elle toujours de près celle de la géopolitique. L'Est se retrouve en effet sensiblement affaibli, alors que les nations occidentales, à l'exception de l'Allemagne de l'Ouest, progressent nettement. Sous l'impulsion de ses athlètes féminines, la RDA a réussi néanmoins à conserver le leadership européen, obtenant 34 médailles contre 29 il y a quatre ans à Stuttgart. La grande perdante a été l'URSS, qui n'a remporté que six victoires, soit cinq de moins qu'aux précédents championnats d'Europe. Cette chute prouve que le phénomène dissuasif des contrôles antidopages hors compétition, en période d'entraînement (trois cas ont été découverts en un mois : Markin, Bykova et Nikitina), lui a été néfaste, plus peut-être que la course aux dollars qui a poussé la plupart des champions soviétiques à participer aux meetings internationaux, incompatibles avec la préparation des grands rendez-vous. D'où souvent des méformes criantes. La Grande-Bretagne n'a pas eu les mêmes soucis. Elle dispose de gros atouts individuels (sprint et demi-fond), tout comme l'Italie, qui possède l'art d'exploiter une élite relativement restreinte, dont le chef de file a été l'homme de ces championnats : Salvatore Antibo, vainqueur du 10 000 m avec 200 m d'avance et du 5 000 m, après une chute au départ qui lui a fait perdre près de 50 m.

  • Nécrologie

    Nicola Abbagnano (89 ans), philosophe italien ; existentialiste, il soutient que le monde vrai est celui de nos actions et de nos passions ; Milan, le 9.IX.90.