Faits divers

Les mille visages du terrorisme

Avec une belle unanimité, leaders politiques de toutes tendances, homme de la rue, bourgeois, intellectuel condamnent le terrorisme et manifestent la même indignation devant des attentats qui tuent aveuglément.

À ce jour, il semble bien qu'aucune parade réellement efficace n'ait été trouvée qui tiendrait en respect les semeurs d'explosifs et autres tueurs à gages. Le terrorisme international, qui rassemble des individus appartenant à des familles politiques très diverses, parfois même opposées, puisqu'il se réclame tantôt du nationalisme, tantôt du fascisme ou de l'anarchisme, tend finalement à déstabiliser les États démocratiques où il exerce ses ravages. Fondé sur la menace et la peur qu'il engendre, le terrorisme aux mille visages s'est installé presque partout dans le monde, et notamment en Europe où ses tristes exploits inquiètent les gouvernements et plongent les populations dans une psychose d'insécurité et d'indignation.

La France, terre d'asile par excellence, ne pouvait échapper à l'invasion des terroristes. Ils sont venus d'Allemagne, d'Italie, du Moyen-Orient, d'Espagne, et leurs crimes ont trop souvent fait la une des journaux.

Les règlements de compte sont fréquents entre mouvements terroristes. C'est ainsi que le Palestinien Abou Daoud, considéré comme le fondateur du mouvement Septembre noir responsable du massacre des athlètes israéliens aux jeux Olympiques de Munich en 1972, a été grièvement blessé de cinq balles, à Varsovie, en août 1981. Arrêté en France en 1977, il avait été expulsé et mis dans un avion à destination de l'Algérie, bien que son extradition ait été réclamée par Israël et l'Allemagne fédérale.

Un adjoint de Yasser Arafat, Abu Sharar, directeur de l'Information de l'OLP, est assassiné le 9 octobre 1981 à Rome. Une bombe avait été déposée dans sa chambre d'hôtel.

À Cachan (Val-de-Marne), le 20 octobre 1981, un militant nationaliste croate, Mate Kolic, est tué dans l'explosion de sa voiture.

Sang-froid

Christian Chapman, chargé d'affaire à l'ambassade des États-Unis, échappe à un attentat à Paris, le 11 novembre 1981. Il est 9 heures du matin, et le diplomate va monter dans sa voiture lorsqu'un homme s'avance vers lui et ouvre le feu. Christian Chapman a le réflexe de se jeter à plat ventre derrière la voiture, tandis que son agresseur vide son chargeur sans l'atteindre. On retrouvera les douilles de sept balles. Christian Chapman, qui servit dans les Forces aériennes françaises pendant la dernière guerre mondiale, est officier de la Légion d'honneur, médaillé de la Résistance et Croix de guerre. Cette fois encore, son sang-froid lui a sauvé la vie.

Une minute avant l'heure prévue de son explosion, le 19 décembre 1981, un engin est désamorcé devant les locaux parisiens du journal libanais Al Watan al-Arabi.

À Rome, l'enlèvement et la longue séquestration, par les Brigades rouges, du général américain James Dozier, officier supérieur de l'OTAN, avait soulevé une grande émotion. À Paris, le 17 janvier 1982, Charles Ray, attaché militaire américain, est abattu devant son domicile : 9 heures du matin, le diplomate sort de chez lui, bd Émile-Augier, et s'approche de sa voiture ; un homme court vers lui, lève le bras, tire. Atteint d'une balle de 7,65 en pleine tête, Charles Ray est tué sur le coup.

Dans la soirée du 11 février 1982, à Paris, trois attentats à l'explosif sont perpétrés contre la compagnie aérienne chilienne Lan Chile, une société française d'importation de viande de boucherie et un magasin d'appareils électroménagers. Les trois attentats, qui n'ont fait que des dégâts matériels, sont revendiqués par le groupe Bakounine.

À Neauphle-le-Château, le 12 février 1982, la villa où séjourna Khomeiny, avant son retour en Iran, est détruite par une explosion : c'était le 3e anniversaire de la révolution iranienne.

Un attentat est déjoué in extremis le 18 février au soir, à Paris : une voiture piégée est découverte dans un parking proche de l'Hôtel de Ville et neutralisée. L'engin était programmé pour exploser quelques heures plus tard.