La vérité ? On la connaîtra bientôt. Le 4 janvier 1982, deux hommes commettent un hold-up en gare de Toulouse. Au moment où ils prennent la fuite, l'un, Vincent Coronna, est reconnu par des témoins. Arrêté peu après, il donne le nom de son complice, Francis Emourgeon, au domicile duquel on retrouve des photos des armes volées à Foix. Les petits truands avouent : aussi incroyable que cela paraisse, le coup de Clauzel, c'était bien eux. Ils ont agi avec deux amis. Emourgeon, qui a effectué son service militaire au fameux camp, a eu l'idée d'y dérober des armes pour renflouer ses affaires grâce au produit de la revente. Mais celle-ci se révèle difficile, sinon impossible, à cause du retentissement du vol. Les deux hommes, aux abois, organisent alors le hold-up de Toulouse.

Sanctions

Les armes volées sont retrouvées intactes. Tout est bien qui finit bien. Pas pour le commandant du camp, cependant, contre lequel on prend des sanctions. L'enquête et les déclarations des coupables ont fait apparaître trop de négligences, en effet : les portes étaient ouvertes, aucun système de sécurité ne fonctionnait, une seule sentinelle était de garde (et encore dormait-elle !), les armes stockées, enfin, n'avaient pas vraiment été neutralisées. À la suite de cette affaire, le ministre de la Défense annonce des mesures pour renforcer la protection des dépôts d'armes. Elles s'imposaient !

La scandaleuse pension Rocchesani

Un fait divers attirait l'attention, en juillet 1981, sur les conditions de vie parfois dramatiques des personnes âgées sans fortune, obligées de vivre en maisons de retraite.

À Marseille, dans la nuit du 12 au 13, deux jeunes gens passent devant une villa transformée en maison de retraite, la pension Rocchesani. Ils entendent des appels au secours et alertent la police et les pompiers. Ceux-ci découvrent trente et une personnes âgées de 70 à 95 ans, en mauvais état physique, enfermées dans des chambres démunies de sonnettes d'appel et pourvues, pour tout équipement sanitaire, de seaux hygiéniques. Les policiers découvrent également un jeune homme d'une trentaine d'années, handicapé mental, enfermé dans un réduit de deux mètres carrés.

Les vieillards, qui se plaignent d'avoir été abandonnés sans soins par les responsables de la maison, sont transférés à l'hôpital où l'un d'eux, Joséphine Denamiel, 83 ans, décédera le lendemain.

La directrice de la pension, Monique Rocchesani, 34 ans, inculpée de blessures et homicide par imprudence ainsi que de non-assistance à personne en danger, est écrouée.

Sans garantie

Se trouve donc posé, une fois de plus — on se souvient de cas analogues concernant des centres de jeunes handicapés —, le problème des établissements privés à but lucratif fonctionnant sans la garantie de la Direction départementale de l'action sanitaire et sociale (DDASS). La loi autorise en effet n'importe qui — pourvu qu'il fournisse une simple attestation de bonnes mœurs — à ouvrir une maison de retraite, assimilée en somme à une pension de famille. Moyennant environ 100 F par jour, les pensionnaires y vivent sans confort, sans surveillance médicale, à la seule merci de propriétaires généralement non qualifiés et plus intéressés par le rendement de la maison que par la sécurité de leurs locataires.

Expérience positive

Alerté par l'affaire de Marseille, le ministre chargé des personnes âgées, Joseph Franceschi, a immédiatement demandé aux préfets de procéder à une inspection systématique des établissements hébergeant des vieillards. Il est intéressant de noter que J. Franceschi a réalisé à Alfortville, commune de 40 000 habitants dont il est maire, une expérience qui a valeur d'exemple. Des HLM ont été aménagés en foyers-logements ; 500 retraités y vivent dans une quasi-autonomie, entourés de leurs objets personnels. Pour un loyer minime, ils disposent d'un studio avec kitchenette et salle de bains, relié par téléphone à un central d'écoute. Les repas, confectionnés aux cuisines municipales, sont servis au restaurant installé au rez-de-chaussée ou emportés à domicile. Enfin, une animation permanente et le fait que les foyers sont insérés au cœur même de la cité évitent à leurs pensionnaires la pénible impression de vivre dans un ghetto. L'expérience positive d'Alfortville et d'autres, similaires, font apparaître l'urgence d'une transformation profonde d'établissements style mouroirs privés, comme la pension marseillaise, ou mouroirs publics, comme le sinistre hospice de Nanterre.

La tragédie de Pierrelatte

Chaque jour, plus de deux millions de jeunes empruntent un car pour se rendre de leur domicile à l'établissement scolaire qu'ils fréquentent. En 1981, plusieurs accidents graves ont déclenché des polémiques touchant la sécurité de ces jeunes passagers.