La reconstitution du drame organisée le 5 janvier 1982 ne permet pas de dégager d'éléments nouveaux. On prête au juge d'instruction Françoise Llaurens-Guérin l'intention de demander la jonction du dossier d'Auriol avec plusieurs autres procédures concernant des attentats perpétrés dans la région marseillaise où se trouveraient impliqués des membres du SAC. La clôture du dossier n'est pas pour demain.

Drogue : la montée des périls

« Malgré les efforts déployés à ce jour par la communauté internationale, la toxicomanie n'a marqué aucun recul dans la plus grande partie du monde. »

Ce constat pessimiste, signé en janvier 1982 par l'Organe international de contrôle des stupéfiants, affilié à l'ONU, est celui de la spirale sans fin dans laquelle est enfermé aujourd'hui le phénomène drogue : jamais on n'a autant arrêté de trafiquants, jamais les saisies n'ont été aussi importantes, et pourtant on produit et on consomme de plus en plus de drogues dans le monde.

Spectaculaires

L'été 1981 a été en France celui des saisies spectaculaires. Un yacht battant pavillon britannique, le Conquest III, est arraisonné en août dans les eaux territoriales françaises par la douane. Son équipage — deux Allemands de 45 ans — a visiblement fait une erreur de navigation. Les douaniers, en inspectant le bateau, découvrent, sommairement cachés sous les planchers, des sacs étanches bourrés de résine de cannabis. Il y en a 1 750 kg, pour une valeur de 35 millions de F. Cette saisie est la plus grosse jamais réalisée en France.

En Floride, à la même époque, le 25 août 1981, ce sont 25 t de haschisch que confisquent les garde-côtes américains, à bord de deux yachts. Et, le 10 mars 1982, à la suite d'un contrôle de routine, les douaniers découvrent 22 caisses de cocaïne à Miami, qu'ils estiment à 6 milliards de F.

Les policiers marseillais, le 8 juillet, ont découvert un laboratoire de transformation de morphine à Saint-Maximin : 17 kg de morphine base sont saisies, de quoi fabriquer 300 kg de poison. C'est la première fois depuis de longs mois que la French Connection refait parler d'elle.

En septembre, c'est la Chinese Connection qui est en partie démantelée : 10 kilos d'héroïne sont découverts par les douaniers de Roissy-en-France dans les bagages de touristes chinois ; 9 personnes sont arrêtées. Venue d'Extrême-Orient, cette drogue était sans doute destinée au marché français et au marché néerlandais.

Perfectionnements

Une surenchère permanente oppose policiers et trafiquants. Chaque perfectionnement des méthodes de répression est accompagné d'un perfectionnement parallèle des méthodes de fraudes. Yachts truqués, comme le Conquest III ou le voilier saisi à Fort-Leucate avec à bord 450 kg de haschisch importés du Maroc, ou même passeurs aux mains vides.

Cette technique, utilisée par le trafiquant au péril de sa vie, a déjà été déjouée plusieurs fois par les policiers. Elle consiste à avaler de petits sachets hermétiques contenant de la drogue, qui seront restitués par le porteur une fois rendus à destination.

Le 16 juillet, les douaniers de l'aéroport d'Orly interpellent un jeune homme en provenance de Turquie, dont l'aspect livide et la forte transpiration indiquent une overdose. Conduit à l'hôpital de Créteil, le jeune homme est opéré : les chirurgiens découvrent, dans son estomac et son intestin, 62 sachets de deux centimètres de long, contenant au total 665 g de morphine pure. Deux des sacs avaient éclaté, leur contenu menaçant d'empoisonner à mort le passeur.

La même mésaventure arrivera en janvier 1982 à un étudiant parisien, qui ramenait d'Afrique du Nord de la résine de cannabis, avalée dans des préservatifs.

Consommation

La vigilance des policiers et des douaniers est payante : en 5 ans, les arrestations ont augmente de 900 %. De 1980 à 1981, les saisies ont été multipliées par deux ou trois pour certains produits. En 1 an, 10,5 kg d'opium, 18 kg de morphine, 73 kg d'héroïne, 111 kg ce cocaïne, 17 000 doses de LSD et 10 t de haschisch sous diverses formes ont fini dans les coffres-forts ou les incinérateurs de l'OCRTIS à Paris.